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1987 : Le MRAP lance l’opération Foulées multicolores pour promouvoir la diversité française.

lundi 30 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

1987 : Le MRAP lance l’opération Foulées multicolores pour promouvoir la diversité française.

Dans un article de Mouloud Aounit intitulé « Elle court, elle court, la France plurielle », publié en février 1987 « Droits et liberté », on apprend que plus de 30 comités locaux du MRAP (liste en encart) ont organisé des « foulées multicolores » - des courses pédestres à allure libre - contre les discriminations racistes et pour promouvoir la diversité.

Le sens de ces foulées multicolores était de mobiliser la population tout à la fois en « contre » (le racisme et les discriminations racistes) et surtout en « pour » (vivre ensemble dans la diversité et l’égalité). Et ce dans un contexte ou les années précédentes, SOS Racisme organisait des concerts qui mobilisaient les jeunes portant la petite main « touche pas à mon pote ».

Nul ne parle ici de couleur de peau, de races, de minorités ou même de peuple ethnique. Cependant le contexte, à lire un autre article de George Pau-Langevin dans le même numéro 459 de « Droits et liberté », la question aurait pu se poser . Car l’époque est à la régression dans les DOM-TOM de façon générale avec une nouvelle loi-programme par le ministre des DOM (qui revient sur la décentralisation antérieure) et de façon spécifique pour les Kanaks (elle écrit : Canaques) qui aspirent toujours à la reconnaissance de leur identité et à la gestion autonome de leur terre. George Pau-Langevin rappelait que sous Messmer « on y faisait du Blanc » (1) . Pour marginaliser le peuple Kanak le gouvernement ne reculait pas à user de politiques racistes et coloniales de type « peuplement de métropolitains ».

Quelques années plus tard, en 1991, le Conseil Constitutionnel a refusé de reconnaître l’existence d’un peuple corse. La France est diverse dans ses apports humains mais il n’ y ni pluralité de peuples ethniques ou nationaux, ni pluralité de communautés reconnues par la République une et indivisible. Reste alors le thème de la diversité qui sera promu officiellement, en la combinant avec l’égalité et la fraternité (2).

Christian DELARUE

1) En fait, c’est Roger LAROQUE, maire de Nouméa, qui a dit de façon condensée « il faut faire du Blanc » ...pour exprimer un propos plus long de Pierre MESSMER (1916-2007) : « La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants (...). La présence française ne peut être menacée que par une revendication nationaliste de populations autochtones (...), l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des DOM devrait permettre d’éviter ce danger (...). A long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants (...). Sans qu’il soit besoin de textes, l’administration peut y veiller (...). Le succès de cette entreprise indispensable au maintien de positions françaises à l’est de Suez dépend de notre aptitude à réussir, enfin, après tant d’échecs dans notre histoire, une opération de peuplement outre-mer. »

Pierre MESSMER - qui a combiné colonialisme et gaullisme - a écrit notamment « Le Régime administratif des emprunts coloniaux » (thèse pour le doctorat en droit), Librairie sociale et économique, 1939« (à l’attention de mes amis du CADTM) et »Les Blancs s’en vont : récits de décolonisation", Albin Michel, 1998..

Pierre Messmer avait demandé la grâce de Maurice Papon (déportation de Juifs et répression le 17 octobre 1961) qui fut incarcéré le 2 avril 1998, jusqu’à sa mort en 2007 .

2) Aujourd’hui la question se pose notamment sur le Caillou de promouvoir, sans discrimination raciste, au nom de l’égalité, une meilleure justice tant au plan économique et social (politique de l’emploi et des revenus), qu’au plan territorial (meilleure répartition des accès et des services)