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Le fascisme français - Pierre MILZA

dimanche 18 mai 2008, par Amitié entre les peuples

par Pierre Milza (1932-)
Historien républicain, fils d’un émigré italien. Instituteur, professeur de collège, professeur agrégé de lycée, assistant, maître-assistant, professeur à Sciences-po Paris.
Spécialiste des fascismes et des relations internationales. Auteur prolifique, notamment d’ouvrages tels que Les fascismes, Imprimerie nationale, Paris, 1985 ; Fascisme français, passé et présent, Flammarion, Paris, 1987 ; Voyage en Ritalie, Plon, Paris, 1993 ; Mussolini, Fayard, Paris, 1998 ; L’Europe en chemise noire, les extrêmes droites européennes de 1945 à aujourd’hui, Fayard, Paris, 2002 ; Napoléon III, Perrin, Paris, 2004.

Sans partager les points de vue des intellectuels juifs Zeev Sternhell (L’idéologie fasciste en France, Le Seuil, Paris 1983) et Bernard-Henri Lévy (L’idéologie française, Grasset, Paris, 1981), selon lesquels tous les français auraient, historiquement, été, ou sont encore, des « fascistes », Pierre Milza a une vison plutôt large du Fascisme français, Passé et Présent ...

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Peut-on définir le fascisme ?

Sans aucun doute, le débat d’idées suscité par les travaux de Zee Sternhell a fait avancer la connaissance et la compréhension du phénomène fasciste dans sa version hexagonale. Il a convaincu les historiens français qu’il y avait bien eu, chez nous, un fascisme autre que marginal et de pure facture étrangère.
Il les a obligés soit à étayer plus solidement les bases de leur argumentation, soit à intégrer dans leur perception du fascisme les éléments jusqu’alors négligé par notre historiographie (la « droite révolutionnaire » avant 1914, la matrice de gauche du fascisme dans la France des années vingt et trente, etc.), sans leur attribuer toutefois un rôle aussi considérable que l’auteur de Ni droite ni gauche, soit encore à s’engager dans la polémique en élaborant, chemin faisant, leur propre problématique La plupart ont ainsi été amenés à proposer sinon une définition du fascisme, du moins un certain nombre de critères visant à cerner le phénomène de façon aussi précise que possible et à limiter les effet d’un confusionnisme lexical aussi dommageable à la compréhension du passé qu’à la juste appréciation de ce qui se passe en France depuis trois ou quatre ans.
Fascisme français, p. 41

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Tel est le contexte dans lequel naît le 11 novembre 1925 le premier parti fasciste français : le Faisceau, dont le nom, emprunté au lexique politique d’outre-monts, dit bien la volonté de rattachement au modèle mussolinien. Plus tard, Valois cherchera à minimiser l’influence qu’ont exercée sur lui les promoteurs de l’expérience italienne (L’homme contre l’argent, Nouvelle librairie nationale, Paris, 1928).
Ibidem, p. 100

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Il y a eu sans aucun doute un fascisme français, qui n’a pas toujours pris la forme de ses homologues italien et allemand mais qui a occupé, dans l’espace politique et culturel de l’hexagone, une place plus grande que ne voulaient bien lui concéder jusqu’à une date récente les plus éminents spécialistes du xxe siècle français.
De là à voir, comme Sternhell, du « fascisme » partout où il y a critique virulente de la république parlementaire, version IIIe finissante, il y a un pas que l’examen attentif des faits interdit de franchir.

Le fascisme français, répétons-le, a bel et bien existé. Il a imprégné, à des degrés divers, de larges secteurs de l’intelligentsia, à gauche comme à droite, et il a mordu sur une partie de l’opinion : mais, ceci étant admis, il n’est pas moins vrai qu’il ne représente que l’un des visages adoptés par l’antilibéralisme et par le nationalisme antiparlementaire. Pas nécessairement le plus caractéristique, ni celui qui a connu le plus de succès.
Ibidem, p. 116

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Rien de tout cela ne constitue un programme fasciste. En fait, La Rocque et ses amis chassent sur les terres du parti radical et s’efforcent, en affichant un anticommunisme de choc et un anticapitalisme moins timide qu’il ne l’avait été jusqu’alors dans le milieu Croix-de-Feu, d’attirer à lui les déçus du Front populaire.

Ce combat sur deux fronts a valu à La Rocque d’être considéré par la gauche comme le fasciste numéro un - ce que certes il ne méritait pas mais a été le point de départ d’une légende tenace -, de dresser contre lui la droite conservatrice et modérée, qu’il avait bien servie mais qu’inquiétaient désormais ses ambitions électorales, enfin de faire figure aux yeux des véritables ennemis du régime, fascistes et monarchistes, de renégat et de sauveur du parlementarisme honni.

Cela n’empêchera pas le PSF Parti social français), assagi et rallié au principe démocratique des élections, de devenir au cours des deux années qui précèdent le déclenchement de la guerre - avec un effectif qui doit tourner autour du million d’adhérents et son réseau serré de sections et de fédérations - la première grande formation moderne de la droite française.
Si les élections prévues pour 1940 avaient eu lieu, il aurait selon toute vraisemblance emporté une centaine de sièges. L ’histoire en décidera autrement.

Quant à François de La Rocque, sur lequel pèsera longtemps, répétons-le, le soupçon d’avoir été potentiellement un « Mussolini français », après avoir dans un premier temps soutenu (avec des réserves) la politique du « premier Vichy », et même approuvé, après Montoire, le « principe d’une collaboration », il entrera dans la résistance en 1942, sera arrêté par la Gestapo et déporté l’année suivante.
Libéré du camp d’otages d’Itter (dans le Tyrol) à l’extrême fin des hostilités, puis assigné à résidence après son retour en France, il mourra en avril 1946 des suites de sa captivité.
Ibidem, p. 141-142

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Un fascisme de masse : le Parti populaire français
Tous les mouvements fascistes et fascisants dont il a été question jusqu’à présent ont en commun la maigreur de leurs effectifs et l’étroitesse de leur base sociologique. Il en va différemment du seul grand parti fasciste de masse qui se soit jamais développé dans notre pays : le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot.
Pourtant, comme l’a récemment encore démontré le spécialiste de cette organisation, il est de toutes les formations « fascistes. de l’entre- deux-guerres celle qui doit vraisemblablement le plus aux circonstances et à la personnalité de son chef.
Ibidem, p. 159

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Dérives fascisantes de la gauche rénovatrice
A côté de l’authentique formation fasciste de masse qu’a constitué le Parti populaire français de Jacques Doriot et des divers groupuscules d’extrême droite se réclamant ouvertement de la même famille politique que les totalitarismes mussolinien ou hitlérien, la France a connu dans le courant des années trente un « phénomène d’imprégnation fasciste » qui dépasse singulièrement les limites que lui assigne Raoul Girardet dans son article pionnier de 1955.
Cette sensibilité fasciste ou fascisante, qui est l’une des caractéristiques majeures - mais pas la seule - de ce que Jean Touchard a appelé l’ « esprit des années trente » , a affecté la société française dans toutes ses dimensions et si le fascisme proprement dit, en tant que phénomène de masse pouvant sérieusement aspirer à la conquête du pouvoir, n’est en rien comparable à ses homologues italien et allemand, si la France au contraire a été globalement imperméable à la tentation totalitaire - pour des raisons sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir -, cela ne veut pas dire que les emprunts faits à l’idéologie, à la mystique ou à la pratique du fascisme soient circonscrits aux formations politiques que nous avons fait entrer dans la catégorie des fascismes.
Ibidem, p. 179

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De la révolte contre le « désordre établi » au fascisme des intellectuels
L’« imprégnation fasciste » qui caractérise à bien des égards l’esprit des années trente n’a pas le même sens à droite et au « centre » - si l’on peut qualifier ainsi le spiritualisme d’Esprit et le carrefour intellectuel que constitue le mouvement de l’ « Ordre nouveau » - que chez les dissidents des grandes formations de la gauche non communiste.

Dans ce secteur au demeurant très minoritaire de l’opinion, nous venons de le voir, on s’est intéressé au fascisme et au national-socialisme dans le but, hautement affirmé, de le battre à son propre jeu et de donner un nouveau souffle à la démocratie moribonde.
Si en se nourrissant ainsi de la substance de l’autre - ou du moins des ingrédients qui avaient fait son succès - certains se sont insensiblement laissé capter par l’adversaire, devenant en quelque sorte (et de manière tardive) fascistes par mimétisme, la plupart sont restés jusqu’à la guerre fidèles à leurs options originelles, cherchant non pas à détruire le régime démocratique mais au contraire à lui rendre son efficacité et son pouvoir d’attraction, dans une perspective néo-jacobine déjà expérimentée à d’autres moments de crise et de « fièvre hexagonale ».
Ibidem, p. 197

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Plus ou moins unanimement approuvé par une population que la défaite a traumatisée, le Vichy de l’an 1 n’est donc pas un régime fasciste, au sens où nous employons ce mot pour désigner les dictatures totalitaires de masse mussolinienne et hitlérienne.
Et cela, il faut le dire et le redire, bien qu’il ait affiché d’entrée de jeu un racisme d’exclusion préparatoire aux pires excès, et pris en quelque sorte les Allemands de vitesse dans la course aux mesures antisémites et xénophobes appliquées à la population de l’hexagone.
On sait en effet que, dès cette première période, qui est encore celle du quasi-consensus, les juifs ont été soumis en France en deux étapes, d’abord en octobre 1940 puis en juin 1941, à un « statut » particulier.
Après avoir révisé la nationalité de ses propres ressortissants - plus de 15 000 personnes verront ainsi leur naturalisation annulée -, Vichy a, de son plein gré, interdit aux israélites d’occuper des postes de responsabilité dans l’administration, la magistrature et l’armée, d’exercer une activité ayant une influence culturelle ou médiatique (enseignement, presse, radio, cinéma), et il leur a imposé un numerus clausus dans les professions libérales.
On a en outre procédé au recensement des juifs (ce qui rendra plus aisées leur déportation et leur extermination ultérieures), puis à leur organisation en une minorité ethnique gérée par l’Union générale des israélites français et à la confiscation de leurs entreprises sans indemnité.
Enfin, si le commissaire aux Questions juives, l’ancien député d’extrême droite Xavier Vallat, a refusé jusqu’à son remplacement en 1942 par Darquier de Pellepoix d’étendre à toute la France des mesures que les Allemands avaient déjà appliquées en zone occupée (notamment le couvre-feu spécial et le port de l’étoile jaune), il a été décidé de rapporter la loi du 21 avril 1939 qui punissait les outrances antisémites dans la presse, d’abroger la loi Crémieux de 1871 qui faisait des juifs d’Algérie des citoyens français et d’autoriser les préfets à interner « dans des camps spéciaux les étrangers de race juive ».
Ibidem, p. 244

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Le projet d’un parti unique maréchaliste, dans lequel il aurait joué le premier rôle, ayant échoué, Déat décide au début de 1941 de fonder son propre instrument de conquête du pouvoir.
Ce sera le Rassemblement national populaire, constitué en janvier 1941 autour d’un petit noyau d’ancien « néos » et de dirigeants de l’Union nationale des combattants (avec le député conservateur Jean Goy, industriel et président de l’UNC), auxquels se sont joints des syndicalistes, des hommes venus de la SFIO comme Francis Desphelippon, ancien responsable des Amicales socialistes, Roland Silly, secrétaire de la section CGT des techniciens et surtout Georges Albertini, ancien secrétaire des jeunesses socialistes et bientôt secrétaire général du RNP, enfin une poignée de communistes dissidents avec Henri Barbé et, plus inattendu dans cette pépinière gauchisante, l’ancien fondateur de la Cagoule, Eugène Deloncle, lui-même à la recherche d’une clientèle et d’un vecteur pour ses propres ambitions.

Comme chez Doriot, les deux composantes classiques de l’alliage fasciste - d’un côté le marxisme révisionniste et le syndicalisme révolutionnaire, de l’autre l’ultracisme nationaliste - sont ici présentes, avec toutefois une représentation beaucoup plus forte de la première. Certes, Deloncle n’arrive pas seul au RNP où entrent à ses côtés quelques dizaines d’anciens cagoulards ayant transité par le groupusculaire Mouvement social révolutionnaire que le principal dirigeant du CSAR avait constitué dès l’automne 1940. Ils sont néanmoins très minoritaires et vont d’ailleurs quitter le parti en octobre 1941, à la suite de l’attentat de Collette contre Laval et Déat dont ce dernier estime qu’il a été machiné par Deloncle.
Ibidem, p. 257-258

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Pour les partisans de Doriot, de Déat, de Bucard, et davantage encore pour les intellectuels fascistes qui gravitent autour de Je suis partout, les Laubreaux, Combelle, Jeantet, Rebatet - dont Les Décombres, publiés en 1942 ont remporté un vif succès de librairie (65 000 à 100 000 exemplaires vendus) -, ainsi que pour Brasillach lui-même et pour Drieu, ce qui compte avant tout c’est la mise en place d’un ordre nouveau qui, dans l’état où se trouve l’Europe, ne peut être que national-socialiste.

C’est le rejet du vieux monde bourgeois, conformiste, étriqué, dont nombre d’entre eux ont inlassablement dénoncé la petitesse avant la guerre, et dont ils croient entrevoir la disparition prochaine.

C’est enfin l’avènement de l’homme fasciste, héritier de l’esprit nihiliste et « nietzschéen » du squadrisme et des corps francs. Alors que les mouvements dans lesquels certains d’entre eux militent appartiennent à la seconde génération du fascisme, et que les totalitarismes dont ils se réclament relèvent déjà d’un stade ultérieur, ils en sont restés au premier fascisme.
Ils se sont laissé prendre au mirage socialisant du nazisme, sans voir quelle était la véritable nature de l’hitlérisme, ou sans vouloir regarder celle-ci en face.
Ibidem, p. 262

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Encore que sa conversion soit tardive, seul survit de la génération des grands intellectuels fascistes - qu’il convient de distinguer ici de la masse des hommes de plume de Vichy et des seconds couteaux de la collaboration cérébrale - Maurice Bardèche, l’ancien condisciple à Normale Sup, devenu le beau-frère de Brasillach et, après la mort de ce dernier, le défenseur inlassable des « épurés » et le principal théoricien du néo-fascisme à la française.

« J’aimais beaucoup Brasillach, écrira-t-il en 1959, je l’admirais beaucoup ; et, je ne vous le cache pas, c’est la mort de Brasillach et l’épuration qui ont fait de moi un animal politique. La politique ne m’intéressait absolument pas avant cette date ; à partir de ce moment-là, j’ai foncé dans la politique. »
Ibidem, p. 278

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Le fascisme français a donc trouvé un nouveau souffle avec la guerre d’Algérie. Il a même pu croire pendant quelque temps qu’avec le concours de ses partenaires-concurrents des autres courants activistes, le soutien de l’armée et le quasi-consensus des « pieds- noirs », il allait pouvoir, à son profit cette fois, rééditer le coup du 13 mai.
Pour tous ceux qui avaient une revanche à prendre sur 1945, l’occasion était belle de démontrer de quel côté était la légitimité nationale et dans quel camp combattaient les défenseurs de l’intégrité de la France.
C’était vouloir prendre de Gaulle au piège de son propre passé, en oubliant que les Français avaient, en d’autres temps, pu mesurer jusqu’à quel degré d’aberration pouvait les conduire le patriotisme dévoyé de quelques soldats perdus.

Une fois l’homme du 18 juin revenu au pouvoir, l’alternative n’était plus entre la droite et la gauche, entre ceux qui acceptaient le déclin de la France et ceux qui aspiraient à son renouveau, entre les « fourriers » conscients ou inconscients du communisme et les champions de l’unité de la nation, mais entre la France de Vichy et celle de la Libération.
Ibidem, p. 278

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La guerre des chefs
Pendant une dizaine d’années, de 1973 à 1982, l’extrême droite nationaliste et fascisante connaît une évolution extrêmement contrastée. D’une part, comme nous le verrons dans le prochain chapitre, elle réalise une percée inattendue dans le champ, jusqu’alors monopolisé par la gauche, de l’idéologie et de la culture. D’autre part, elle échoue complètement dans l’effort qui est fait par ses dirigeants pour tenter de regrouper les forces dispersées du nationalisme français en un courant unique, capable de rassembler sur des mots d’ordre musclés une clientèle hétéroclite de déçus de la droite et de la gauche.
Ibidem, p. 341

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Par Nouvelle Droite proprement dite, j’entendrai donc ici l’ensemble des individus, des petits cercles, des revues, des entreprises éditoriales qui se trouvent directement rattachés au GRECE et le corpus de textes et de thèmes qui ont été produits depuis vingt ans par cette « société de pensée à vocation intellectuelle », en particulier par son principal animateur Alain de Benoist, alias Fabrice Laroche, auteur prolixe et talentueux de plusieurs ouvrages théoriques - dont le plus important, Vu de droite , est une anthologie de textes critiques - et de très nombreux articles parus dans le Figaro Magazine, Éléments, Nouvelle École, etc.
De cette cellule initiale sont issues des ramifications qui ont pu, avec le temps, se détacher de l’organisation mère et s’agréger des individus et des groupes qui ne partageaient pas toutes les idées du GRECE mais qui, de par la position qu’ils occupaient à l’intérieur du champ politique, culturel et médiatique, ont contribué à la diffusion et au succès des thèmes les plus présentables. On parlera pour les désigner de mouvance de la Nouvelle Droite.
Ibidem, p. 368

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Les liens ambigus qui ont été tissés dans les années soixante-dix entre le GRECE et la droite de la droite parlementaire apparaissent nettement dans un organisme comme le club de l’Horloge. Fondée en 1974, cette association hautement élitiste n’a jamais eu de lien organique avec le GRECE et avec Nouvelle École. Mais l’on y retrouve souvent les mêmes hommes : un Yvan BIot par exemple, qui a été son président et qui, après avoir transité par le cabinet de Michel Poniatowski, est devenu par la suite membre du comité central du RPR et chef de cabinet d’Alain Devaquet, lorsqu’il était secrétaire général de ce parti. On y croise également des idées parfois assez voisines, débarrassées il est vrai de leur charge vaguement subversive et pudiquement placées sous le signe de la « révolution conservatrice ».

Peuplé d’anciens élèves de l’ENA, de l’X ou des Ecoles normales supérieures, le club de l’Horloge est ainsi devenu à la fin de la décennie 1970 la cellule pensante non pas de la Nouvelle Droite, au sens restreint que nous avons donné à ce terme pour désigner la mouvance directe du GRECE, mais des « nouvelles iroites » surgies au sein même de la coalition majoritaire, en même temps qu’un relais sur la route des cabinets ministériels de l’ère giscardienne, de la haute administration et des états-majors des grandes formations politiques de la droite.
Ibidem, p. 375

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Seconde raison de rejeter d’un bloc deux mille ans d’héritage « judéo-chrétien », c’est qu’il est fondé sur une illusion : celle d’un ordre naturel, voulu par un Dieu unique, tout-puissant, organisateur du monde à son image et par conséquent réductionniste.
Non seulement le passage du polythéisme antique au monothéisme judaïque, puis chrétien, engendre l’utopie égalitaire, en ce sens que les hommes sont considérés comme égaux devant Dieu, donc devant la loi et devant la nature, ce qui pour Alain de Benoist et ses amis est un non-sens, mais « l’idée d’un Dieu unique implique celle d’une vérité unique, absolue », autrement dit elle porte en germes l’universalisme et le totalitarisme. Alors que les lois naturelles ont toujours un caractère contingent », qu’il n’existe pas plus de logique extérieure à l’homme qu’il n’existe de « frontières naturelles », et que pour tout dire « il n’y a pas d’homme en soi ».
Ibidem, p. 381

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