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ISLAM, MUSULMAN, VOILE : Pas d’essentialisme, mais critique maintenue - Christian Delarue

mercredi 25 novembre 2020, par Amitié entre les peuples

ISLAM, MUSULMAN, VOILE : Pas d’essentialisme, mais triple critique maintenue - Christian Delarue

SLAM, MUSULMAN, VOILE : un peu islamophobe contre cet intégrisme-là comme pour d’autres .

Car il y a un usage du terme islamophobie qui sert d’insulte à l’encan d’ou ce titre

Trois brèves positions sans essentialisme

1 - Peur de l’islam NON sauf de certaines règles archaïques précises !

On peut critiquer toute religion en philosophe critique usant de la raison (comme Yvon Quiniou ou Vincent Présumey), ou en historien distinguant les périodisations et les contextes culturels (thème de la sécularisation).

On peut contester certaines pratiques de la religion comme issues d’un autre âge et de type régressives en personne soucieuse d’émancipation (mais non philosophe de profession), notamment comme antiraciste, antisexiste, anti-classiste, etc soit sur plusieurs champs : thème de l’imbrication des rapports sociaux (étudié encore en octobre dernier au CADTM ).

Mais pas de haine en soi de l’islam surtout si en plus on le sait pluriel dans ses interprétations historiques et qu’en outre on n’a pas forcément la prétention de tout connaître (même si on est allé lire le Coran ce que ne font pas tous les musulmans)

L’intégrisme religieux dans l’islam ne se réduit pas à la distinction entre Coran et Charia ni même entre islam politique et islam non politique car l’intégrisme est transversal. Un intégrisme pour la société civile peut être très nuisible même sans perspective politique pour donner un aspect totalitaire à son emprise (concept).

2 - Peur des musulmans et musulmanes NON sauf des intégristes qui cherchent à aller en arrière !

Aucun essentialisme contre les musulman.es, pas plus d’ailleurs qu’avec les catholiques, les protestants, les juifs et autres religions abrahamiques ou pas, monothéistes ou pas. Il y a des progressistes et des réactionnaires et entre les deux une diversité de positions et on peut se tromper sans être raciste !

Il y a eu un mouvement historique de sécularisation du monde et un contre-mouvement de (ré)investissement religieux réactionnel et à perspective totalitaire de ce monde (cf concept d’emprise) : un certain islam mondialisé participe de ce mouvement. Il n’est pas le seul. Il inquiète car il porte des contre-valeurs.

Il y a un mouvement d’attribution de respect et de dignité aux humains et aux animaux (contre la souffrance animale) sans considération de leur vêtement et un contre-mouvement qui vise à distinguer les humains des animaux ces derniers étant nus naturellement, pas les humains qui cachent leur sexe (le sexe organique primaire (sous la ceinture), pas le reste du corps) . Les catholiques espagnols ont lynché des nudistes dans les années 80 (cf par exemple « la vie au soleil » n 101). Le célèbre imam de Brest ferait la même chose mais rien que pour des cheveux féminins à l’air libre (sexyphobie maximale plus sexoséparatisme) . Les intégristes veulent que les femmes soient totalement cachées. Ils sont pathologiquement pudibond et sexyphobes (contre tout signe distinctif féminin : bijoux, chaussures, etc) . Il n’y a pas qu’eux : cf le mois d’octobre 2020 ou des « républicains » ont rivalisé sur une politique vestimentaire correcte pour les femmes ! Digne des intégristes religieux et culturels que ce soient les musulmans ou les juifs haredim ou autres.

3 - Peur du voile NON le plus souvent mais parfois oui !

Comme pour le string seulement ! Il existe une sexyphobie d’Etat contre le sein nu en piscine ! Si burkini accepté alors string seulement aussi ! Ce « si l’un alors l’autre aussi » est d’une logique dite de « réciprocité textile » bien différente du « ni l’un ni l’autre » . Mais l’essentiel n’est pas abordé ici .

Plus qu’une « voilophobie » en toute occasion (essentialiste en quelque sorte), ce qui est contesté en la matière c’est le jusqu’au-boutisme dans le port continu au-delà de toute autre considération sociale de contexte pouvant prévaloir occasionnellement (pas tout le temps). Autrement dit c’est « l’intransigeantisme » pour reprendre le terme exact qui caractérise l’intégrisme religieux (avec d’autres : aliénation hiérocratique, refus de la sécularisation sous divers aspects) qui crée la critique. Cette critique spécifique est fort différente de la haine du voile ou du foulard tout le temps et toute occasion !

Derrière l’intransigeantisme, il y a aussi un rapport social d’imposition symbolique à autrui - si on laisse de côté ici l’imposition réelle à des gamines de deux ans ou même à des adultes (cf aux « campagnes d’hidjabisation forcée » des femmes) - qui peut être repoussé par une sorte de rabaissement symbolique de type caricature ou blasphème. Il s’agit d’un procédé - assez peu efficace il est vrai - de défétichisation ou de désacralisation qui permet de rétablir une sorte égalité cassée par le surplomb imposé du dispositif religieux.

Intransigeantisme : L’exemple de la responsable syndicale est ici pertinent puisque quasiment personne n’est contre le voile ou autre signe ostensible politique ou religieux chez n’importe quel.le syndiqué.e sauf quand un.e représentant.e syndical.e - homme ou femme - monte en tribune ou prend un micro pour représenter son syndicat il enlève son badge PS ou PCF ou LFI ou NPA ou POI, ou son drapeau breton (exemple réel) ou son signe ostensible de religion (surtout si ce signe reflète en plus une conception bien visible et connue d’une entreprise de conquête par une fraction réactionnaire mondialisé de la dite religion. Pas de privilège pour la religion n’est tolérable !

C’est même dangereux que de céder ici car cela renforce le camp intégriste anti-sécularisation du monde avec tout ce qu’il charrie de réactionnaire par ailleurs.

Conclusion :

Trois positions non absolues, non essentialistes mais qui restent triplement critique néanmoins ! Il y a besoin de cette triple critique pour stopper une avancée et faire reculer une entreprise réactionnaire Et cette triple critique ne saurait être islamophobe, judéophobe ou catholicophobe etc Ou alors cela veut dire qu’être « un peu islamophobe » (propos déjà entendu jadis ) se conçoit au sens ou il s’agit de contester un excès, une emprise (au sens de réinvestissement public de type intégriste).

Il faut donc revenir à ce que signifie l’intégrisme religieux qui a d’ABORD été étudié à partir du durcissement des conceptions conservatrices de l’Eglise catholique par ces intégristes au moment ou la majorité de l’Eglise se sécularisait, acceptait (un peu) la raison (pas Darwin), la démocratie, la laïcité. Ce durcissement intégriste s’est renforcé plus encore au moment de l’émergence de la théologie de la libération (catho-maxistes certes pas pour l’IVG mais tolérant sur le nudisme montant à l’époque et par ailleurs de gauche pour le peuple-classe contre le 1%)

Ce concept d’intégrisme (crispation identitaire, réinvestissement de la société, intransigeantisme) a été appliqué ensuite à d’autres religions (avec examen des spécificités mais soulignement des points communs) - les juifs haredim par exemple mais aussi une branche protestante réactionnaire en Amérique latine.

La religion n’a rien à imposer à autrui ou alors elle use d’un privilège et ce même si le droit l’autorise (ce n’est pas nouveau que le droit peut autoriser des pratiques et comportements de domination)