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La nature du régime de Vichy vue par les manuels 1998

dimanche 18 mai 2008, par Amitié entre les peuples

Magnard
p 62 :
« Pétain devient à la fois chef du gouvernement et chef de l’Etat. Les principes politiques de la République qui devient l’Etat français sont abandonnés. Le pouvoir ne vient plus de la Nation mais du chef »
« La révolution nationale » : un fascisme à la française ?
« Vichy veut rétablir l’ordre moral. Il s’agit de restaurer une société hiérarchisée puisant ses modèles dans le passé... »Le rôle de l’Etat de renforce. Les élections et les organes représentatifs sont suspendus...Sur le plan économique, Vichy veut aussi réformer les structures...corporatisme...plan de dix ans « pour le développement de la productivité »
Mais cette dictature n’apparaît pas totalitaire. Il n’y aura jamais à Vichy de parti unique ni de « jeunesse unique »

p 64 :
"La collaboration d’Etat...n’est pas un alignement sur le nazisme...
(depuis nov 1942) Vichy est devenu un rouage du système allemand de domination de l’Europe. Le régime a ainsi pratiquement perdu toute souveraineté.«  »Vichy rend responsable de la défaite les dirigeants de la 3e République, les enseignants, les francs-maçons...«  »Vichy se caractérise aussi par sa xénophobie...«  »La politique antisémite de Vichy, nullement imposée par les Allemands, s’appuie sur le statut d’octobre 1940, puis sur les lois de juin 1941...« p 68 : »le rétablissement de la légalité républicaine :
Les haines accumulées pendant les années d’occupation entraînent...une « épuration » spontanée souvent violente contre les collaborateurs«  »les condamnations sont sévères pour les hommes de main, seuls quelques grands responsables politiques sont atteints"

Hachette
p 64 :
« Le maréchal Pétain et le régime de Vichy prétendent incarner la continuité française, grâce à deux éléments :...le vote du 10 juillet...le très fort soutien de l’opinion publique »
« ...Vichy pratique une politique de réaction et d’exclusion...mise en place d’un régime autoritaire.. » A cette réaction s’ajoute une politique d’exclusion des Juifs...L’initiative a été prise par Vichy sans pression allemande directe...De l’exclusion à la persécution, le pas est franchi en 1942...Vichy, en participant aux rafles...se rend complice
p 66 :
« les défenseurs du régime de Vichy soutiendront ; après la guerre, que le choix de la collaboration avec l’Allemagne fut imposé par les circonstances et qu’il s’agissait...de sauver »l’essentiel« . »dès 1942, l’apparence de souveraineté dont Vichy disposait en zone « libre » disparaît. L’entrée au gouvernement d’extrémistes de la collaboration, - « les collaborationnistes »- conduit à une radicalisation progressive du régime« . »Le régime de Vichy ne survit pas à la libération du territoire«  »Commence aussi, dès l’été 1944, la phase dite de « l’épuration »...
p 77 Au traumatisme de la défaite, (Vichy) a ajouté une fêlure, encore perceptible aujourd’hui R Rémond, Notre siècle

Belin
p 46
Le régime de Vichy :
En rupture avec la tradition démocratique et républicaine, Pétain met en place un régime autoritaire, l’Etat français...Pétain incarne seul l’autorité...Le principe électif est remis en cause par la pratique des nominations. Toutes les libertés sont muselées« . »La défaite est présentée comme une punition méritée qui doit être l’occasion d’une remise en ordre du pays par la « Révolution nationale » dont l’idéologie est réactionnaire, antilibérale et antidémocratique« . »Régime de « rassemblement national », Vichy est en fait un régime d’exclusion...
« En répondant favorablement (aux exigences allemandes), voire en les devançant, sans contrepartie, le régime de Vichy accepte que la puissance occupante dicte sa loi... »
« De plus en plus vassalisé et durcissant son idéologie, le régime de Vichy devient en 1943-1944 un Etat policier au service de l’Allemagne. »

Bordas
p 40
"Un régime antirépublicain
Le régime de Vichy se fonde sur une contre-révolution idéologique, violemment hostile à la République et aux principes issus de la Révolution française...«  »Pétain, chef suprême du nouvel Etat, cumule tous les pouvoirs en vertu d’actes constitutionnels promulgués en juillet 1940...
« L’exclusion et la répression sont au coeur du régime... »
p 42
« bien qu’antidémocratique et antisémite, Vichy n’est pas fasciste car il ne manifeste pas d’expansionnisme et n’a pas de parti unique ».
p 44
« Le gouvernement de Vichy, qui perd, en novembre 1942, l’empire, la flotte et la zone libre, n’a plus la moindre apparence de souveraineté.. »
p 48
« Vichy a contribué à la mise en oeuvre de la »solution finale«  »Pétain a exacerbé la guerre civile larvée des années 30, permettant aux héritiers des ligues de l’entre-deux-guerres d’abattre la démocratie libérale....il a imposé un régime antirépublicain...«  »Certains historiens notent les séquelles laissées par cette fracture. Plus sûrement, d’autres font remarquer que les excès et les échecs de l’Etat français ont permis la réhabilitation d’un modèle démocratique très dévalorisé en 1939".
p 51
« Ainsi, la référence à l’Occupation, quel que soit le camp d’où elle émane, recoupe la plupart du temps les grands débats du siècle : la société ou la nation, l’égalité ou la hiérarchie, l’Etat ou l’individu, la morale ou l’efficacité, l’exclusion ou l’intégration de la différence... » H Rousso, le syndrome de Vichy

Bertrand-Lacoste
p48
« dès le 11 juillet, l’Etat français remplace la République, le parlement est renvoyé et la nation ne sera jamais consultée ».
p 50
« le maréchal Pétain met en place un régime plein d’ambiguïtés et de contradictions ».« Exploitant les sentiments de crainte et de désarroi de l’époque, sa popularité a quelque chose d’irrationnel ».
p 52
« Vichy, une réalité moins glorieuse : La Révolution nationale se voulait anti-étatique, anti-capitaliste, rassurante et unitaire ; or le poids de l’Etat se renforce, le capitalisme patronal est tout-puissant, les divisions entre Français sont accrues ».
« Le caractère antidémocratique du régime est visible dès 1940-1941 : suspension des grandes libertés, dissolution des partis et des syndicats, établissement de la censure »...
« En dehors de toute pression ou exigence allemande, Vichy adopte de lui-même une politique d’exclusion dont sont principalement victimes les francs-maçons, les étrangers et surtout les Juifs »
« Avec l’intensification des »désordres« (attentats et sabotages de la Résistance), le régime renforce son appareil répressif et se transforme en Etat policier »
p 56
Le maréchal Pétain ...dénonce les luttes fratricides, mais son régime de plus en plus répressif, contribue à les entretenir, d’autant que le rôle des éléments extrémistes et collaborationnistes augmente« p 58 »La majorité des Français hésite entre l’espoir et la crainte...d’autres connaissent la peur et vivent dans la crainte de la délation, du défoulement de passions exacerbées par le souvenir des souffrances et de la dureté de la répression antérieure, d’une épuration incontrôlée qui a donné lieu à des excès durant l’été 1944".

Bréal
p 42
« Vichy, un chef charismatique, un régime autoritaire »
« Chef de » l’Etat français« qui se substitue à la République, Philippe Pétain...met en place un régime autoritaire, dominé par la droite extrême, mais dont la gauche n’est pas absente...Il n’y a plus de contre-pouvoirs...Malgré ces emprunts aux dictatures totalitaires, le régime de Vichy, dans la mesure où il renonce à imposer un parti unique, ne peut cependant pas être considéré comme un régime fasciste à part entière »
« une nouvelle devise : Travail, Famille, Patrie »
« Des polices spécialisées sont créées pour rendre la répression plus efficace »
« Un régime policier d’exclusion, xénophobe et antisémite »
« Au début de 1944, on assiste à une fascisation du régime avec l’entrée au gouvernement de pétainistes musclés et d’ultras de la collaboration »

p 43
"Aux yeux des historiens pour lesquels le fascisme se définit essentiellement par ses rapports à la société, la parenté de Vichy avec les régimes fascistes n’est pas douteuse. A partir d’une définition plus strictement politique et institutionnelle, d’autres concluent au contraire au caractère non-fasciste du régime...
La forme et le contenu du régime n’en présentent pas moins avec ceux de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie nombre de traits communs : rejet de la démocratie, personnalisation du pouvoir et appel au fondement charismatique de celui-ci ; « unanimisme » bien proche du « totalitarisme » et zèle épurateur avec appel à la dénonciation contre les « mauvais Français » ; aspect répressif et policier...
Il faut enfin considérer l’évolution : Vichy s’est fascisé au cours du temps ; pas seulement par infiltration en son sein de fascistes de Paris, mais aussi de l’intérieur...L’évolution amène à se rejoindre, dans un Vichy fascisé comme celui du printemps 1944, d’authentiques pétainistes comme Henriot ou Darnand et le fasciste parisien Déat"
Yves Durand, La France de la 2 Guerre mondiale

p 44
« Le régime de Vichy...prend l’initiative de s’engager avec l’Allemagne nazie sur la voie d’une collaboration qui, en réalité, n’épargne rien à la France »
« Il met l’administration et la police françaises au service des nazis et se fait leur complice de la »solution finale«  »Au total, la collaboration d’Etat et les différentes formes d’accommodation...ont rendu infiniment plus de services aux nazis que l’agitation des ultras de la collaboration parisienne« p 47 »Au fur et à mesure que le gouvernement du Maréchal cédait aux exigences allemandes et que, dans l’ordre intérieur, il prenait des mesures d’inspiration nazie, le fossé, lentement mais régulièrement, s’est creusé entre lui et nous" Henri Frenay, La nuit finira, mémoires de résistance

p 48
« de Gaulle considère l’épisode de Vichy...comme une parenthèse »
« Perçue comme une obligation morale destinée à châtier les collaborateurs, l’épuration, en dépit de certains débordements...est vite contenue dans un cadre légal...condamnés à mort, Pétain est grâcié, Laval et Darnand sont fusillés ».

Bordas, 1980
p 350
« Le régime apparaît d’abord comme un régime personnel organisé autour du »Maréchal« ... »Autour de Pétain gravitent des éléments disparates dont le dénominateur commun est l’hostilité envers la 3e République : militants de l’Action française pour qui la chute de la « gueuse » a été selon l’expression de Charles Maurras, une « divine surprise » ; adeptes des thèses..de Salazar ; cléricaux traditionnalistes soucieux de rechristianiser la France ; industriels hantés par le souvenir de 1936 ; technocrates méprisants à l’égard du jeu politique des partis ; syndicalistes pacifistes tentés par le corporatisme. Bien qu’un certain nombre de notables de gauche se soient ralliés également, c’est dans l’ensemble une véritable union des droites qui se réalise autour de Pétain.
...La propagande développe autour de sa personne une véritable hagiographie...
...La rupture totale avec les traditions républicaines...n’est que le prélude à une réorganisation totale du pays, sous la forme d’une « révolution nationale » expression empruntée au vocabulaire de l’extrême droite des années 30...
Un régime autoritaire et répressif :
...Les libertés individuelles sont pratiquement supprimées...
...Tous les organismes représentatifs à base élective sont supprimés...En janvier 1941, est institué un Conseil national composé de notables désignés qui n’a aucun pouvoir réel.
De même, les administrations sont épurées...
Une législation antisémite à caractère racial est mise en place...
La devise officielle ...évoque un retour aux valeurs traditionnelles de la nation française telles que les conçoit un courant de pensée contre-révolutionnaire...
A la différence des Etats proprement fascistes, le régime de Vichy ne s’appuie pas sur un parti unique....
... La plupart des Français pensent, en juillet 1940, que le « Maréchal », -le vainqueur de Verdun- saura tenir tête aux Allemands. Beaucoup croient qu’il est d’accord avec le général de Gaulle et les Anglais, et mène un double jeu. C’est en grande partie sur cette équivoque -et sur cette illusion- que repose le sort du régime de Vichy.
(en novembre 42), alors que la plupart de Français pensent que Pétain va gagner Alger et prendre la tête de la lutte contre l’Allemagne, il se contente de désavouer Darlan et reste à Vichy : le mythe du « double jeu » s’effondre...
Au début de 1944, avec Déat au travail et Darnand au « maintien de l’ordre », Vichy s’enfonce alors dans la répression policière la plus totale.
...(à l’été 44), le gouvernement de Vichy s’est effondré. Pétain, lors du débarquement conseille un attentisme prudent. Laval...cherche vainement à réunir la Chambre des députés...Les débris des mouvements collaborationnistes se réfugient à Siegmarinen et maintiennent la fiction d’un comité national français...
...la Haute Cour a jugé les dirigeants de Vichy et un certain nombre de collaborateurs ; Pétain est condamné à mort, mais sa peine est commuée...Laval, Darnand sont exécutés..."

12 juillet 1999

http://dletouzey.free.fr/peda/vichyt.htm


Voir en ligne : http://dletouzey.free.fr/peda/vichyt.htm