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EMPRISE : Thèses contre l’oppression multiforme des religions - C Delarue

lundi 30 décembre 2013, par Amitié entre les peuples

EMPRISE : Thèses contre l’oppression multiforme des religions

Ce texte forme la suite de « La religiophobie contre toutes les religions, pas contre les croyant(e)s. »
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article3872

Ce texte a été abondamment critiqué par Antoine du NPA de Montpellier en commentaire. Son axe critique porte sur le fait de l’acceptation et légitimation du terme « phobie » du mot religiophobie, fait qui permettrait le passage insidieux au racisme malgré mes mes défenses contraires EXPLICITES. Il a donc mis ses talents critiques dans ce dévoilement purement sémantique. Voilà en quelques mots sa critique que l’on peut lire sous le texte cité. Du coup, on en vient peut-être à ne plus lire mon texte.

Mon propos, comme militant antiraciste et de gauche disons rouge et vert (je viens de quitter la GU et je suis altermondialiste sans parti) a toujours été en la matière - c’est une constante longue maintenant - d’éviter et même combattre le racisme sous toutes ses formes mais aussi de permettre la critique de la religion, des religions.

Si j’ai repris le terme religiophobie car des auteurs en défense de la religion (des religions) ont porté cette accusation (je pense à Vincent Geisser mais il n’est pas le seul) et ces auteurs voudraient grosso modo (avec des variantes) les protéger comme de vénérables fétiches qui méritent respect voire inclination. Je parle des religions et de ses interprètes pas des croyants de base. C’est une distinction majeure de ma critique ; La pièce maîtresse même. Elle est d’ailleurs validée juridiquement au plan européen. Or les religions sont déjà haissable de ce fait de surplomb même. D’un simple point de vue humaniste authentique. Il y bien sûr de nombreux points. A la suite de plusieurs interventions d’intellectuels de gauche voulant combiner islam et marxisme ou islam et féminisme (car Pierre Tévanian et Mona Chollet écrivent en rapport à cette religion surtout) on a oublié que le marxisme comme d’autres théories critiques montraient les religions comme des dispositifs d’oppression, de domination. L’exception est la théologie de la libération (cf Mickael Lowy). Je me souviens d’une époque ou la vieille LCR critiquait la politique de « la main tendue du PCF aux catholiques » à des fins tactiques. L’auteur du Grand Hornu (feu Georges Labica) s’y opposait, d’autres communistes aussi. Il y avait débat sur ces allégeances. Tout cela tend à être oublié à gauche (écologistes inclus) soit pour des raisons tactiques électorales (clientélisme) soit pour des raisons de protection de couches sociales dominées socialement et économiquement mais aussi culturellement.

EMPRISE : 11 thèses contre l’oppression multiforme des religions.

Lire : Pour une analyse de l’oppression religieuse ! IRESMO

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article3869

Les religions procèdent par emprise au sein de la famille, puis de la société civile puis de l’Etat si c’est possible ; Elle sont largement un dispositif de colonisation des esprits, d’assujettissement des consciences. Elles s’appuient sur la « liberté de religion » qui se distingue de la liberté de conscience.

Pour autant, la critique antireligieuse telle que proposée ne porte que contre l’oppression et l’emprise des religions contre les humains et non contre l’aliénation (interne) dont serait victime les croyants ou la pluspart des croyants. La précision est d’importance car je ne me préoccupe nullement de la « désaliénation » des croyants. Ils font ce qu’ils veulent sauf opprimer autrui. Ils sont libres de croire et de prier en privé, seul ou en groupe. En ce sens la critique anti-oppression n’est pas une hyper-critique sans respect des individu(e)s. Elle n’est pas cynique.

La voici un programme de 11 positions qui sont reliées entre elles, le tout en évitant explicitement le racisme sous forme d’insultes, d’agressions physiques. Le plus difficile étant de ne pas les réduire à ce qu’ils (les croyants ostensibles) affichent à longueur de journée. C’est pourtant ce que je préconise (1) mais c’est parfois une véritable aporie, tant certains se muent en étendart d’une certaine interprétation de la religion. Je parle même parfois d’hyperprovocation religieuse comme enjeux des questions de simple respect humain. La solution ne saurait résider, à mon avis, dans la seule tolérance des non croyants à l’égard des « croyants étendarts ». Il s’agit de mener un combat contre l’oppression et l’emprise des religions.

1 - Maintenir une possibilité de critique théorique et pratique de toutes les religions et de certains croyants (chefs religieux et intégristes)

2 - Critique donc ne pas prendre les religions pour ce qu’elles se donnent à voir, à savoir des dispositifs de « paix et d’amour » (ce qu’elles peuvent être aussi pour éviter le biais hypercritique du cynisme) ; 2 Bbis Critique de toutes les religions : elles sont très nombreuses (plus de 500 je crois) mais l’oppression de masse vient des appareils religieux dominants soit les trois grands monothéismes plus quelques autres.

3 - Critique spécifique des composantes intégristes qui mettent fortement l’accent sur des thèmes souvent présents « à bas bruit » dans le corpus commun des religions. Citons rapidement : imposition autoritaire des normes, sexoséparatisme renforcé et lourd, proximité avec le fascisme, hypersexisme, combat féroce contre la laicité, combat contre le darwinisme et l’athéisme, le marxisme aussi.

4 - Critique défétichisante donc critique spécifique qui vise à la dévalorisation et à la désacralisation d’une position surplombante et de ce qui se prend à tort pour supérieur aux humains dans le but de remonter la place des humains soumis, « à genoux ».

5 - Critique pratique « blasphématoire » des principaux textes sacrés, des positions des papes, des imams, des personnalités Tariq Ramadan, Chalgoumi, de personnalités juives aussi. Les juifs n’ont ici aucune prétention particulière à être protégés de la critique (sauf évidemment du racisme) ; pas plus que les chrétiens et les musulmans car la diffamation de la religion n’est pas la diffamation des croyants (comme la diffamation du marxisme n’est pas la diffamation des marxistes eux-mêmes : on peux pisser sur la statut de Marx cela m’indiffère. C’est juste stupide mais ce qui est stupide peut être toléré dans les sociétés qui ne prétendent pas imposer une conception précise du bien. D’autant que les humains sont ambivalent et qu’ils peuvent vouloir le bien dans tel champ mais en être incapable dans tel autre précisément pour des raisons contextuelles).

6 - Critique via la laicité. Il s’agit de faire reculer l’emprise des religions, pas que dans l’Etat, dans la société civile aussi. Il faut défendre la loi de mars 2004 contre les signes religieux ostensibles et l’étendre à d’autres situations ou cette emprise peut nuire.

7 - critique via le sexisme adapté à la spécificité des religions . cf par exemple au sexoséparatisme, au côté honte du corps imposé comme oppression la plus lourde de la plupart des religions. L’autre oppression est celle du refus de la sexualité (son cantonnement à la famille hétérosexuelle)

Ces 7 axes en supposent d’autres pour s’inscrire dans un dispositif théorique et pratique d’émancipation contre toutes les oppressions, dominations, exploitations dont le capitalisme dominant mais aussi :

8 - Combattre le sexisme en général et transversallement (au nord comme au sud) ;

9 - Combattre le racisme sous toutes ses formes (comme le fait le MRAP mais aussi d’autres associations).

10 - Combattre le néocolonialisme et l’impérialisme (comme le tente un groupe ATTAC autour de Martine Boudet, un groupe du NPA et du FDG aussi).

11 - Ne pas oublier de combattre le sionisme de soutien à l’apartheid israélien contre les palestiniens.

Christian DELARUE

Notes :

1) Le réductionnisme comme mécanisme d’oppression sexiste et/ ou raciste.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/240213/le-reductionnisme-comme-mecanisme-d-oppression-sexiste-et-ou-raciste