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Dans le champ sociétal, une double guerre culturelle.

dimanche 10 mai 2015, par Amitié entre les peuples

Dans le champ sociétal, une double guerre culturelle.

I - Le cadre intellectuel général : quelques distinctions.

Dans le champ SOCIAL (et historique) lato sensu on distingue différents secteurs 1 - le social stricto sensu (l’emploi, le travail salarié, l’exploitation de la force de travail, la sécurité sociale, les services publics, etc…) 2 - le sociétal soit un ensemble qui contient la sécularisation (dont la laïcité), la religion, le racisme, le sexisme, l’homophobie. Il y a aussi d’autres champs à « autonomie relative » comme 3 - le démocratique, 4 - l’écologique, 5 - la géopolitique du fait de l’internationalisation ou mondialisation des problématiques. Ces champs peuvent être rapportés incidemment ou lourdement soit au capitalisme (l’économie du profit d’abord) soit au patriarcat (pouvoir masculin), soit à l’un et l’autre et y inclure l’écologique et la géopolitique. C’est du complexe.

Le SOCIETAL ce sont les grands thèmes de la laicité, de la religion, du racisme, du sexisme (sexoséparatisme et homophobie incluses). On évoque ici les moeurs ou la culture au sens large. On évoque parfois le thème des « différences » (en complémentarité ou en égalité) dans une perspective de respect mais aussi en référence aux dominations et oppressions ainsi que de l’exploitation accrue donc en lien avec le « social » (travail salarié) ou le patriarcat (travail domestique) et ce dans une perspective d’émancipation . On peut donc articuler les logiques de respect et d’émancipation mais cela donne des élaborations intellectuelles originales.

Sur ces questions il faut faire place - c’est mon point de vue - à l’étude des intégrismes religieux et à la question textile. Ces deux problématiques permettent de penser un nouveau RELATIVISME CULTUREL circonscrit qui concerne les vêtements allant de l’hypotextile à l’hypertextile ou au contraire un relativisme plus large, faisant appel au multiculturel de type multi-confessionnel, qui laisse large place à l’oppression et à la domination sexiste. Le relativisme culturel circonscrit permet un mélange des logiques de respect et d’émancipation qui ne sont plus contradictoires.

II - La guerre sociétale et culturelle en France.

Cette double guerre sociétale ne divise pas que le peuple-classe de France car on la retrouve ailleurs en Europe.

 LE CONFLIT DE LA SECULARISATION  :

La séparation de l’Etat et des religions avec la loi de 1905 semble actée en France par tous au moins publiquement (il y a de l’hypocrisie) mais les pro-religions veulent casser la loi de mars 2004. Ils veulent permettre non seulement le port de signes discrets de religion mais aussi les signes très ostensibles de religion à l’école alors que d’autres veulent au contraire étendre 2004 à l’Université. Entre les deux positions on trouve celle intermédiaire qui veut le maintien de mars 2004 mais pas nécessairement une loi identique ou presque pour les Universités. Il y a donc bien un conflit de sécularisation entre les exhibitionnistes de religion - celles et ceux qui ne se contentent pas d’exhiber des signes discrets de religion - et les personnes sécularisées (qui ne sont pas forcément athées) et pro-sécularisation.

La sécularisation ne signifie pas abolition du droit de culte pour les fidèles des religions, et encore moins suppression des religions. Elle ne signifie pas non plus absence d’expression de la religion dans la société civile mais il faut s’attendre que certaines exhibitions récurrentes - comme les prières de rue - ne plaisent pas à tous et toutes.

En fait il faut certes refuser une société totalitaire ou les religions sont interdites - c’est évident - mais il faut aussi refuser une société ou elles sont partout et ou elles pullulent comme de la mauvaise herbe partout. C’est cette emprise excessive des religions dans la société civile (pas que dans l’Etat) - qui vient souvent des intégristes religieux - qui est combattu par beaucoup de personnes pas nécessairement des athées car « trop c’est trop » ! Cela pourrait donner lieu à une laïcité d’équilibration (formule que j’ai employé jadis) ou à une laïcité étendue (formule de Monsieur Mélanchon). La laïcité n’est pas un dispositif immuable hors de l’histoire sociétale. Elle doit toujours s’adapter à la menace religieuse qu’elle repousse afin de protéger les droits de chacun. Il s’agit d’un subtile équilibre. Tout un art.

 LA QUESTION TEXTILE

Ce conflit de sécularisation se redouble d’un autre conflit sociétal fort celui de la « question textile » liée à la montée de l’hypertextile directement issu de la montée en puissance partout dans le monde de l’intégrisme religieux sexoséparatiste soit des juifs haredim, soit des musulmans autoritaires. Car les pro-religions sont aussi ceux - la fraction intégriste - qui poussent et obligent au sexoséparatisme soit au vêtement hypertextile (voile et jupe ras du sol) soit, version hard, au cantonnement des femmes à la maison.

En opposition on trouve les féministes qui disent : « je m’habille comme je veux, quand je veux, selon le contexte » . Mais cette revendication a été reprise et détournée par les sexoséparatistes hypertextiles qui disent : « ma jupe longue ras-du-sol si je veux comme je veux » avec le slogan imparable : « respectez ma pudeur ».

Face à ces nouvelles positions il ne reste plus qu’à promouvoir une réelle diversité « textile » allant de l’hypo-textile, type string seins nus, à l’hyper-textile type voile et jupe très longue. Le port du string seins nus n’est toléré que sur la plage mais pas dans son jardin. Il y a une conquête à gagner ici contre les intégristes religieux et autres sexoséparatistes.

Christian Delarue