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Société communautariste avec un schéma « Eux » et « Nous » séparés et société interculturaliste avec un schéma « Eux-Nous » relié.

jeudi 20 avril 2017, par Amitié entre les peuples

Société communautariste avec un schéma « Eux » et « Nous » séparés et société interculturaliste avec un schéma « Eux-Nous » relié.

Périodiquement, il importe de reprendre les questions dites culturelles en lien avec les dynamiques économiques et politiques. En France, l’idée d’un « modèle républicain d’intégration » pourrait laisser entendre refus de la diversité culturelle. C’est faux.

 Diversité culturelle et interculturel.

Peut-on dire qu’il y a deux sortes de configurations culturelles l’une communautariste avec un schéma « Eux » et « Nous » séparés, l’autre interculturaliste avec un schéma « Eux-Nous » relié ? Il semble qu’il existe ces deux modèles mais gardons-nous de trop figer le réel. Figer le réel relève de la dérive culturaliste et les auteurs ne manquent pour critiquer cette dérive plus idéologique que scientifique. L’interculturalisme ce n’est pas le monoculturalisme (1) qui n’existe pas.

L’expression interculturaliste est différente d’interculturel. L’interculturel se comprend que comme concept opératoire (2) pour évoquer des processus et non pour caractériser des sociétés. Le principe d’une société au plan culturel c’est la diversité, l’hétérogénéîté. Contre le sens commun et les préjugés il convient de le répéter en faisant références à divers chercheurs (M Augé, G Balandier).

En France, il y a respect des différences non réifiées sous forme d’identité-repoussoir car nous sommes dans une société de « diversité culturelle » mais non pas multiculturaliste à l’instar du Canada. La diversité culturelle s’exprime en France par l’interculturel mais aussi par l’universalisme des droits et la laïcité. Il faut y ajouter le « modèle républicain d’intégration ».

 Le « modèle républicain d’intégration » et les communautés spécifiques.

Le « modèle républicain d’intégration » disait jadis « tout refuser aux Juifs comme Nation, et tout leur accorder comme individus » (3) et il dit encore « tout refuser aux musulmans comme Oumma, et tout leur accorder comme individus ». Il s’agit de l’individu citoyen, de l’individu du Démos soit du peuple démocratique, celui qui se libère dans l’espace public de toutes ses appartenances. Tous les individus y sont traités de manière égale (4).

 Les discriminations, racisme et sexisme.

Ce qui hypothèque aujourd’hui ce « modèle républicain d’intégration » c’est le fait lourd discriminatoire. Mais ce n’est pas que la dynamique d’intégration soit en panne. Elle est toujours active en France.

Ce qui produit massivement de la discrimination, et ce sous plusieurs formes, vient de la crise de l’insertion économique et sociale - soit le chômage et la précarité et la casse de l’Etat social - en lien avec un modèle d’explication politique de la crise qui met plus l’accent sur le trop d’étrangers en France que sur les mécanismes d’exclusion générés par le capitalisme en période de récession.

Notons qu’en période de crise économique les femmes durablement établies sur le territoire national depuis longtemps peuvent aussi faire l’objet de politiques d’exclusion sous la forme de « retour au foyer » et de perte de certains droits. Le racisme et le sexisme ne s’expliquent pas pour autant par la crise économique mais cette dernière renforce nettement la montée de ces mécanismes d’exclusion et d’infériorisation. Racisme et sexisme doivent donc être combattus par les forces progressistes qui mettent l’accent sur l’égalité.

 L’interculturel face aux sous-cultures

Il n’empêche que l’interculturel continue malgré la crise de faire le lien entre le singulier et l’ouverture à l’universel. L’interculturel est de l’ordre de l’interaction, de la rencontre et ce sur fond de société largement sécularisée pour la France. Le multiculturel est lui de l’ordre du constat et ce constat tend fortement à réifier un ensemble donné avec des « traits culturels » permanents ce qui est plus idéologique que scientifique. L’anthropologie valide la « diversité culturelle » ce qui ne signifie pas absence de « sous-cultures » ni de forces de pression contre les individus pour l’homogénéisation de groupes culturels. C’est ainsi que se formes des sous-cultures stéréotypées fonctionnant à l’entre-soi communautaire, et donc assez peu reliées aux autres. Le dogmatisme culturel qui y est diffusé donne lieu à de « l’intégrisme culturel » (Pretceille) et à des rapports de forces entre groupes humains.

Martine Pretceille fait peu intervenir la religion et les intégrismes religieux dans son livre (2) mais elle évoque néanmoins un intégrisme culturel avec des guillemets. On sait que certains parlent d’« intégrisme de la laïcité » ou de laïcisme (5) quand d’autres parlent d’intégrismes religieux ou de stratégie d’emprise culturelle par en-bas de groupes religieux sexoséparatistes .

Christian DELARUE.

1) L’interculturel entre multiculturalisme et monoculturalisme. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/L-interculturel-entre

2) L’ éducation interculturelle - Martine Pretceille - Que sais-je ? - PUF
https://www.puf.com/content/L_éducation_interculturelle

Il est téléchargeable sur Cairn.info par chapitre à cette adresse :
https://www.cairn.info/l-education-interculturelle--9782130544029.htm

3 ) repris de Salvator Erba dans Une France pluriculturelle Libris 2007 (p 29)

4) « La communauté des citoyens . Sur l’idée moderne de nation » Dominique Schnapper Gallimard 1994 et « Qu’est-ce que la citoyenneté ? » Dominique Schnapper Gallimard 2000

5) Nous avons souligné jadis que le livre « Pour les musulmans » d’Edwy Plenel évoquait « l’intégrisme laïciste » mais ignorait l’intégrisme religieux musulman. Depuis l’auteur a souligné la diversité des musulmans mais sans distinction que je sache d’une composante très réactionnaire militant pour un hyper-patriarcat d’une autre composante progressiste voulant l’égalité hommes - femmes.