Accueil > Altermondialisme > Anti-impérialisme > Autodétermination des peuples > Ukraine : Territoire, paix et respect des langues - Christian Delarue

Ukraine : Territoire, paix et respect des langues - Christian Delarue

vendredi 16 septembre 2022, par Amitié entre les peuples

Ukraine : Territoire, paix et respect des langues

On évoque l’existence à l’est de l’Ukraine d’ukrainiens russophones pro-russe mais aussi l’existence d’ukrainiens russophone pro-ukraine et on se bat sur le poids des deux composantes depuis 2014 voire depuis 1991 mais on dit assez peu que la formation d’un territoire à autonomie relative pour russophones sous constitution ukrainienne constituait un lieu d’accord et de paix . C’est en tout cas une perspective à promouvoir.

Car - et c’est mon propos - il faut mieux prendre en compte l’importance des langues et des effets néfastes des dominations linguistiques. Ce n’est pas toujours simples certes. Mais avançons !

Trois altermondialistes - Philippe Blanchet, Martine Boudet, Claude Calame - et d’autres divers spécialistes ont produit il y a peu un volume de connaissances érudites - Les langues cultures, moteur de démocratie et de développement (editions du croquant) - sur l’importance du respect des langues mais la plupart des nations continuent d’ignorer avec divers motifs les différences linguistiques et culturelles pour mieux imposer une langue dominante.

N’est-il pas possible pour une grande nation de faire place sur son territoire national à une ou des régions ou une autonomie de fonctionnement est dédiée à la différence linguistique et culturelle ? Cette autonomie est dite relative car la région continue de dépendre au plan constitutionnel étatique et au plan international à la grande nation. J’émet l’hypothèse que cette solution un peu compliquée mais néanmoins possible favorise tout à la fois la paix et le respect des cultures.

Il y a certes un souci. Je n’ignore évidemment pas que les dites « grandes nations » puissent craindre, à un moment donné de l’histoire, la mise en oeuvre du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. La France - son Conseil Constitutionnel - a refusé de reconnaitre un peuple corse en 1991 sans doute par cette crainte d’indépendance d’une fraction de son peuple . Nos élites ont préférez dire : pas de reconnaissance de facteur ethno-culturel chez nous ! Comme si la référence aux Lumières ou à l’Universalisme des droits humains empêchait de reconnaitre un fait historique avec ses spécificités.

La République, comme espace public commun à ses membres, n’est pas assimilable à une régression obscurantiste. La République française et sa « communauté politique » et citoyenne peut parfaitement dire et écrire, par exemple, dans sa constitution que la Corse lui appartient avec un régime commun entre elle et la métropole mais qu’elle dispose en matière culturelle et linguistique d’une autonomie propre, dont la double langue celle historico-locale et celle du commun national-républicain (car les franco-français doivent pouvoir aller en Corse et y parler français).

Chine- Taiwan

Allons plus loin sur un terrain plus délicat : Une très grande République (Chine) peut se dire constitutionnellement socialiste (écart entre le droit et le réel, ici comme ailleurs) et reconnaitre dans sa constitution une spécificité de fonctionnement (capitaliste) autonome à une région - l’ ile de Taiwan - qui reste néanmoins dans sa sphère étatique et internationale (peu d’Etats ont reconnu Taiwan comme Etat-nation indépendant).

Les Etats-Unis n’ont pas, de droit du moins, à vouloir imposer une radicalisation d’autonomie pro-capitaliste source d’inégalités sociales pro-riches pour le 1% à Taiwan, et ce sous couvert de « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Cela doit venir du peuple de Taiwan. Etre endogène .

Par contre les altermondialistes peuvent militer pour un rapprochement entre socialisme authentique (pas du « paternalisme bureaucratico-socialiste ») et respect des droits humains... sauf celui de la propriété des moyens de production qui n’est qu’un droit-moyen matériel de la classe capitaliste et pas un véritable droit humain universalisable.

L’enjeu d’une démocratisation serait (selon moi) :
1) de conserver les éléments socialistes (à débattre évidemment)
2) de repousser les éléments capitalistes
3) de promouvoir les droits humains et ceux du vivant avec les éléments de démocratie et d’autogestion
Mais méfiance : pas de « glasnost et pérestroïka » débouchant sur un retour du capitalisme comme dans l’est de l’Europe . Ceux et celles qui y ont cru-es n’y croient plus, sauf les plus riches. Certains regrettent même Staline !

Christian Delarue