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Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Christian Delarue Mönchengladbach aout 2022

lundi 22 août 2022, par Amitié entre les peuples

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes - Mönchengladbach 2022

Sur la distinction entre « autodétermination nationale » et « autodétermination du peuple » (jusqu’à l’émancipation sociale)

Christian Delarue

A Edmond Jouve qui fut jadis le promoteur de ce droit. De nombreux étudiant-es ont jadis étudié son « Que sais-je ? » sur le sujet.

Photo Université d’été à Mönchengladbach (ESU 2022) : Christophe Aguiton, Gilbert Achcar, Catherine Samary, Une intervenante ukrainienne.
Résumé : L’émancipation du peuple ukrainien, y compris sa composante ukrainienne russophone, passe par le reflux complet des armées de Poutine hors du territoire national mais cela ne constitue que le premier pas - nécessaire - de l’émancipation totale. Se débarrasser de Volodymyr Zelinski et de la classe dominante est aussi une tâche de libération sociale pour le peuple-classe.

1 - D’abord quelques précisions terminologiques.

S’autodéterminer revient à disposer de soi-même mais pour quelle communauté, pour quel groupe social ? Nation a plusieurs significations : celle ancienne de communauté ethno-culturelle et celle plus récente de communauté politique.

Dans une acception minimale, la NATION se comprend « comme une communauté humaine qui se reconnaît des traits communs, culturels ou ethniques, au nom desquels elle veut constituer une entité politique souveraine. » Cette entité nationale (ou parfois plurinationale) est souvent un Etat souverain avec un territoire national (ou pluri-national ). La Nation renvoie aussi, s’agissant d’une communauté politique démocratique, à ses citoyens et citoyennes. Ce qui ne signifie pas absence de clivages internes.

La notion de PEUPLE est beaucoup plus variable car si le terme renvoie lui aussi à une communauté humaine sous des noms divers : peuple ethnique, « peuple-race », peuple démocratico-citoyen, etc... il pose aussi une division historique bien connue entre « peuple et élite », le terme élite pouvant lui même être remplacé par un autre signifiant plus précis, qu’il s’agisse selon le contexte de caste, de classe (sociale dominante), ou d’oligarchie. Ce peuple-là est alors un peuple social ou même un peuple-classe (1).

2 - Ensuite quelle auto-détermination ?

« L’autodétermination nationale » n’a de sens que lorsque le peuple d’un pays entier, dans toute sa diversité, lutte pour se libérer de l’oppression multiforme d’un État impérialiste, et à fortiori lorsqu’il s’agit d’un envahissement militaire C’est le cas en Ukraine, puisque les russophones - pour leur immense majorité - n’entendent nullement devenir russes et se placer sous la coupe d’un Poutine, autocrate et ploutocrate avéré, qui n’entend nullement promouvoir un quelconque socialisme démocratique en Russie.

Pour autant, les russophones comme les autres Ukrainiens s’ils sont favorables à la libération de l’Ukraine, leur pays, des forces d’occupation russe ne sont pas pour autant des soutiens de la classe dirigeante actuelle de l’Ukraine.

Il faut savoir qu’en Ukraine comme en Russie et dans de nombreux pays, des élites dirigeantes sont très corrompues, très serviles aussi à l’ordre oligarchique mondial qui sont eux les véritables « corrupteurs du monde » : lire sur ce point le dernier « La banque mondiale, une histoire critique » d’Eric Toussaint (Ed Syllepse) Préface Gilbert Achcar.

3 - Emancipation sociale

« L’autodétermination du peuple » peut certes, en temps de guerre, recouper l’autodétermination nationale mais le peuple dans son immense majorité ne perd pas de vue que son gouvernement est incapable de servir les intérêts populaire car trop au service de la classe dominante ?

Il s’agit là d’engager alors ce qu’on nomme ordinairement une « émancipation sociale », celle du peuple-classe, d’une très large fraction de peuple dominé par une très riche minorité (classe sociale dominante). On se souvient du « we are the 99% » !

Au sein des classes dominantes de chaque nation il faut faire une attention particulière au secteur financier et bancaire car ce dernier frappe très largement, tant les populations les plus pauvres qui usent du micro-crédit pour survivre (Exposé CADTM à Mönchengladbach) que les ménages plus aisés sous le 1% qui subissent néanmoins des coûts exorbitants du crédit pour l’achat de leur modeste maison principale. La domination de classe (classisme) pèse diversement mais elle pèse contre toutes les classes sociales du peuple-classe.

4 - Solidarité entre les peuples dominés

La solidarité internationale entre les peuples est nécessaire pour établir un nouveau socialisme non confiné dans un seul pays même si il peut et doit y démarrer .

Contre l’ordre oligarchique mondial hyper-financiarisé et ultra-productiviste et ses classes sociales dominantes prédatrices qui accaparent les richesses (chaque 1%) ; contre le grand capital et ses gros actionnaires ultra-riches, il s’agit de défendre le camp du peuple-classe et des travailleurs et travailleuses des 99% et de proposer un nouveau socialisme démocratique et laïque, ouvert à l’international, soucieux de la nature et de ses habitant-es, humains et non humains, féministe et antiraciste.

Christian Delarue
ESU Mönchengladbach aout 2022

1) http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-peuple-social-ou-peuple-classe-Christian-Delarue

2) Zelinsky serait passé de « serviteur du peuple » luttant contre la corruption à serviteur de la classe dominante du pays.
« En octobre 2020, le centre d’analyse américain Atlantic Council titre à propos de Zelinsky : « Serviteur du peuple ou serviteur des oligarques ? » Cette situation préoccupe son électorat alors que Zelensky avait défini comme priorité la lutte contre la corruption et dénonçait la collusion entre le monde des affaires et la classe politique, un problème majeur depuis l’indépendance de l’URSS. » (wikipedia)