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UFAL : Redonner son sens à la lutte contre tous les racismes

lundi 19 mai 2008, par Amitié entre les peuples

UFAL 14-10-2005

Force est de constater que certaines associations antiracistes sont aujourd’hui devenues le cheval de Troie de l’islamisme politique. Des militants sincères font ainsi le lit des zélateurs d’une idéologie sexiste, homophobe, et antisémite. On voit à quel point l’enfer est pavé de bonnes intentions : animés par les meilleurs sentiments du monde, ceux qui défendent l’égalité des sexes se retrouvent du côté des partisans de la réclusion des femmes ; ceux qui luttent contre les discriminations font alliance avec ceux qui prêchent la haine d’Israël ; les tenants de l’idéal progressiste militent auprès des promoteurs d’une idéologie moyenâgeuse. Toutes ses contradictions s’expliquent par la constitution d’une alliance aberrante, alliance qui a produit une nouvelle figure, celle de l’islamo-gauchisme. Cette alliance inédite gangrène la lutte antiraciste. Il est donc temps de s’interroger : qu’est-ce qui l’a rendue possible ?

Les partisans d’un islamisme politique opèrent à partir d’une stratégie qui est de plus en plus lisible. Cette stratégie consiste à saper les principes républicains. La République constitue le lien politique à partir de la mise entre parenthèse des particularismes communautaires : défendre le modèle républicain, c’est vouloir fonder le corps politique sur la reconnaissance de principes universels, et non sur celle de l’appartenance ethnique ou religieuse. Or, l’islamisme politique a besoin du communautarisme pour s’installer. L’islamisme politique travaille par conséquent à abattre le modèle républicain. Pour ce faire, il faut que s’impose aux esprits le préjugé selon lequel la République est par essence raciste et xénophobe. Pour étayer ce contresens grotesque, on aura recours à un raisonnement réductionniste : on réduira l’idéal républicain à une figure historique de la République. Le raisonnement est simpliste et efficace : la 3e République ayant été colonialiste, on en déduira que l’Etat républicain est par essence un Etat colonialiste. On conclura que le républicain est par nature un chauvin raciste et xénophobe. Telle est, en substance, la rhétorique de « l’appel des indigènes de la République ».

Cette stratégie serait dépourvue de toute efficacité si elle n’avait trouvé, du côté de la gauche et de l’extrême gauche, un puissant relais. Des militants se laissent en effet instrumentaliser, à partir d’un point d’aveuglement. Ce point d’aveuglement a rendu possible l’alliance islamo-gauchiste, et nourrit une nouvelle forme d’obscurantisme, qui s’enracine dans un préjugé, d’une part et dans un raisonnement sophistique, d’autre part. Le préjugé prend la forme d’un racisme inversé : il consiste à croire que l’islamiste intégriste, parce qu’il serait par essence une victime, ne saurait être fasciste, raciste, sexiste ou antisémite. Le raisonnement sophistique qui le sous-tend peut s’énoncer ainsi : « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’ennemi étant le néo-libéralisme, les Etats-Unis incarnant l’impérialisme néo-libéral, il convient de s’allier avec l’islamisme radical, qui a déclaré la guerre au Grand Satan. A partir de ce préjugé tiers-mondiste et de ce raisonnement sophistique, on est alors prêt à pactiser avec ceux qui militent de façon insidieuse contre la laïcité et contre la République. On est alors prêt à apposer sa signature sur n’importe quel brûlot anti-républicain, pourvu qu’il ne soit pas l’émanation de l’extrême droite traditionnelle. Cette dérive affecte le mouvement anti-raciste. Aussi nous parait-il nécessaire de rappeler avec vigueur et fermeté que les citoyens qui militent contre toutes les formes de discrimination, au nom de la concorde et de la fraternité citoyennes, ne peuvent s’allier avec ceux qui instrumentalisent les mouvements antiracistes pour promouvoir une idéologie haineuse et réactionnaire. Il est temps de rappeler qu’on ne peut mener une lutte authentiquement antiraciste qu’en se réglant sur le modèle républicain. Cet appel a donc deux finalités : convoquer, d’une part, les associations antiracistes à clarifier leurs positions en luttant contre la dérive islamo-gauchiste ; refonder d’autre part le mouvement de lutte contre les discriminations sur des principes républicains et laïques. La République ne saurait en effet se réduire à la contingence d’une figure historique. Elle désigne avant tout un modèle politique qui vise un idéal sur lequel on ne saurait céder, celui de la fraternité. La République œuvre de façon incessante à l’instauration de la concorde entre les citoyens. Dans cette aspiration, elle dispose d’un levier puissant : le principe de laïcité. La laïcité ne saurait être confondue avec une tolérance aveugle et sans principes : en affirmant le principe de séparation entre la sphère privée et la sphère publique, la laïcité fait cran d’arrêt à toutes les forces qui travaillent à communautariser le lien politique. Mais en amont de ce principe politique, la laïcité trouve sa source dans un principe moral fondamental, le principe selon lequel nul ne peut dégrader la dignité de la Personne.

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