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Quand Tariq Ramadan défend le sexo-séparatisme en piscine

vendredi 29 janvier 2010, par Amitié entre les peuples

Question textile.

Quand Tariq Ramadan défend le sexo-séparatisme en piscine.

Ce propos n’est pas nouveau. Le problème est qu’il s’étend : les musulmans vont prier dans la rue à Paris (1) pas les femmes. Et le sexo-séparatisme factuel ici ou là n’est pas une excuse pour taire la critique contre celui des prédicateurs.

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« Aujourd’hui, les piscines, ici à l’ile de la réunion, ou en Europe, ne sont pas islamiques... alors, il y a certains hommes qui disent mais moi je protège ce que je dois protéger ! ...mais qu’est ce que tu regardes à la piscine... tu peux pas y aller parce que ton regard est posé sur des choses que tu ne dois pas voir ... c’est pas simplement comme toi tu es habillé ... c’est ...qu’est ce que tu peux regarder ? parce que tu vas là-bas et forcement ça t’attire ...donc il faut développer pour tous, des lieux où c’est sain... on aura des piscines aussi en respectant nos principes éthiques »

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Ce prédicateur n’est pas le seul à répéter le message. Il vaut aussi bien pour le voile que pour les piscine. Il faut donc en débattre, sereinement, sans insulte.

Le message de Tariq Ramadan a le mérite, si je puis dire, de ne pas faire porter la question du désir, de l’attirance, de la concupiscence sur les seules femmes mmais aussi sur les hommes. Ce n’est pas toujours le cas. Il reste que le fond commun est le même. On en revient toujours et encore à la question de l’invincibilité de l’attirance sexuelle chez les musulmans orthodoxes. Non pas que les autres religions ou les autres visions du monde sexué ignore cette attirance mais ils n’en font pas une telle obsession. Car il y a bien une spécificité de la vision islamique de l’attirance due à la différence physique des genres. Ce n’est pas la séduction de l’esprit qui fait problème. Voilà une première série d’affirmations qui mérite discussion donc clarification.

Allons plus loin . Notez bien que n’importe quel humain homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel se pose tôt ou tard cette question de « ce qu’il doit faire de cette attirance » . Admettons - non pas comme effet de la nature mais comme effet social et notamment de l’éducation - que les hommes soient plus sensibles au charme féminin, la question reste posé du choix de l’agir librement. Il y va de la conception de l’humain. Il y va aussi d’une conception de la société et donc du modèle de société que les appareils religieux impriment dans la société civile (voire dans toute la société là ou la laicité est absente) .

Reste alors à savoir si les hommes peuvent fuir constatmment les femmes jugées dangereuse pour la droiture morale des hommes. Pas toujours, c’est pourquoi la suite logique de cette tendance pousse à l’enfermement des femmes. Cette logique ne prépare aucunement à la rencontre des femmes c’est pourquoi les viols surgissent quand le désir trop contenu s’échappe comme un diable de sa marmite !

Personnellement influencé par Eric Fromm (2) je ne vois l’humain ni comme foncièrement bon façon Rousseau, ni comme foncièrement mauvais façon Hobbes mais comme un être sous tension, qui doit admettre cette tension, l’assumer, s’éduquer à la ressentir afin de l’assouvir quand c’est socialement possible. Eric Fromm, un brin rigoriste, conseille même dans l’Art d’aimer d’observer une discipline pour éviter de tomber du mauvais côté.

Il y a bien sur une certaine conception variable de la droiture morale qui peut être plus ou moins rigide. Dificile d’en discuter. Il faudrait distinguer ethos et hexis (3) . Les romanciers font cela très bien, moi pas. Donc on présuppose une droiture morale. Mais cette droiture est conçue sous l’angle de la menace du monde féminin. Elle a un aspect rigide . Mais en même temps elle s’autorise des actes manqués qui ne sont pas rares. Combien de fois ai-je vu à l’étranger surtout des regards insistants sur des femmes alors que la philosophie relationnelle attendue aurait pu être un bref regard « de définition » avant le détournement . Après tout, c’est ce que je fais. Je sens qu’une femme est atirante à côté de moi. Je l’ai vu sans la voir. Une tension s’installe. Je la regarde brièvemment. J’apprécie tel ou tel élément fort séduisant. Je me fais éventuellement la réfllexion. La tension tombe. Si elle ne tombe pas j’aurais de nouveaux envie de regarder. Mais au cours de ce processus s’est affirmé l’idée que cette femme séduisante selon mon regard est aussi un être humain. Ce qui signifie qu’à mon sens il faille apprendre à voir la femme et l’être humain dans le même processus sinon dans le même geste. Ce qui aide, c’est le regard de l’autre. Mais c’est surtout une éducation féministe.

Christian DELARUE

http://www.dailymotion.com/prochoix/video/x5uyjo_frere-tariq-et-la-fornication_news

La suite porte sur les conditions de la polygamie. Elle n’est pas pour les femmes (avec un nom adapté) mais pour les hommes musulmans qui pratiquent aussi l’aventure extra-conjugale mais l’interdisent pour les femmes. Ce que font aussi les non musulmans. Sexisme universel !

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"Il parait qu’il se passe des choses dans notre communauté... elles sont graves ! où vous avez des maris... ils font des choses qui sont totalement illicites... ils sont mariés... ils vont avec d’autres femmes et quand on leur dit qu’est ce que tu fais ? ils disent mais c’est la polygamie !
On est tellement mensongers avec les principes qu’on change tous les mots, et là ça va pas ! la polygamie a des conditions, des principes et des règles et c’est sanctionné par un mariage devant allah, c’est pas comme tu veux !"

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1) cf Sexo-séparatisme de la prière dans la rue : Christian Delarue militant antiraciste en accord avec Pascal Hilout contre Samy Debah.

2 ) La conception de l’humain selon Eric FROMM

3) Ethos, habitus, hexis - Pierre Bourdieu