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Nous sommes riches de nos différences ! Toutes ?

vendredi 25 juin 2010, par Amitié entre les peuples

Nous sommes riches de nos différences ! Toutes ?

Voilà une formule antiraciste qui a fait l’accord jadis au sein du MRAP entre les chrétiens et les marxistes (1) , ces derniers ayant ajouté l’exigence d’égalité avec la formule : « Vivre ensemble égaux avec nos différences ». L’idée que toutes les différences ne sont pas nécessairement enrichissantes est venue ensuite. Il est en effet des relations aliénantes, toxiques. Il est des relations d’oppression et de dominations. Psychologiquement, on le sent parfois à la gêne respiratoire, au regard fuyant ou absent. Le phénomène peut être provisoire et il importe de ne pas voir comme définitif ce qui ne l’est pas. Si la liberté n’est pas dans la relation, pas plus que
l’égalité c’est qu’elle porte l’empreinte de la domination ou du moins de la peur de la domination ou de la violence.

1 - Sortir de « l’enfer c’est les autres » !

Il y a certes des peurs réelles et d’autres fantasmées, source de projections sur l’autre. La peur trop forte de l’inconnu empêche d’aller vers la rencontre « au risque de l’autre » . Une telle peur non jugulée pousse au repli sur soi et à une vie limitée, réduite, pauvre.

Il y a la peur des cultures différentes. Les cultures différentes peuvent se mélanger peu à peu si le commun est respecté. L’ouverture culturelle ne doit pas être synonyme de relativisme culturel signifiant acceptation de l’oppression, de la violence notamment du sexisme.

La peur du sexe différent est courante. Le système patriarcal reconduit la peur des femmes pour les hommes, la peur des hommes pour les femmes. Ces peurs prennent appui sur des dominations lourdes, historiques et transnationales. Néanmoins, pour vivre et non survivre il importe de sortir de « l’enfer c’est les autres » (formule sartrienne), entendez tous les autres ! Voir autrui comme « élément » nécessaire de sa propre richesse est une première révolution à accomplir . Il faut ajouter immédiatement que cette vision est fondée sur le consentement, la réciprocité et l’égalité. Autrui est autonome et respecté dans sa différence dans la rencontre. Une telle rencontre est le premier pas vers l’enrichissement de soi et de l’autre.

2 - Hommes et femmes : sans autrui je ne suis rien.

C’est grâce à une femme que l’on devient homme et vice et versa. Tout ce qui est fondamental, dans notre existence, s’est construit dans une rencontre personnelle, amicale ou amoureuse ou fortuite et sans lendemain. L’humain se crée dans la relation. Nous sommes le fruit de nos multiples rencontres. Certaines nous marquent plus que d’autres certes.

S’agissant des rencontres essentielles, on peut sans doute dire que nous sommes alors co-construit par et dans une relation durable par la différence de l’autre. Mais ce qui est commun est aussi reconnu. C’est ce qu’on ne saurait oublier. Si la différence ne doit pas être méprisée l’humanité commune avec le souci de dignité, d’égalité doit être aussi valorisé comme élément de richesse. La différence y vient en plus.

3 - L’humanité commune et les corps différents.

Si comme homme je vois telle femme comme belle et séduisante et que je la respecte dans sa différence qui me fait homme c’est que je la vois aussi et principalement comme être humain et que cette dignité fondamentale me permet de l’approcher et de la rencontrer quelque soit le type de relation à vivre. La formule vaut pour un regard empreint de répulsion. C’est bien l’humanité de l’autre qui me fait écarter provisoirement ou durablement parfois des différences repoussantes.

La séduction n’est pas seulement celle de l’esprit mais aussi celle du corps et de ses attributs. La séduction n’est pas qu’une dérive du capitalisme c’est aussi une constante de l’humanité. Ce qui est de l’ordre de l’histoire et de la géographie ce sont les modalités de ce phénomène. La séduction est un phénomène social variable. Il y a là une lutte à engager contre les « coincés » des deux bords les fondamentalistes religieux qui prône le sexo-séparatisme et les marchands de corps féminins qui négligent soit la féminité de la femme soit l’humanité de la femme.

4 - Encore faut-il qu’il y ait relation ! Encore faut-il des humains !

Que dire d’une femme sous burqa pour entrer en relation. Quelle reconnaissance de cette différence ? Quel enrichissement ? Toute différence n’est pas richesse. Certaines relations portent l’empreinte de l’oppression. Rien d’éternel . La libération est possible. Au fondamentalistes religieux comme aux érotomanes il faut dire de cesser de mépriser le sexe féminin , le réduire soit à un objet (pour les femmes) soit à un prédateur (pour les hommes).

Pour finir retenons que l’autre peut être un ami, une aide, une richesse si l’on s’ouvre à lui. Rester cadenassé dans sa muraille intérieure ne facilite aucune relation enrichissante. Ce texte a donc déployé une vision non naïve – puisque l’humanité est partiellement aliénée, soumise, exploitée, dominée et que cela a nécessairement des effets que Marx et Freud et bien d’autres ont souligné au plan social et individuel - mais néanmoins optimiste et surtout active des relations humaines

Christian Delarue

1) Je parle d’une époque ancienne. On ne pense plus à se définir ou définir autrui ainsi au MRAP depuis longtemps.

Admettre les différences sans différentialisme dogmatique. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article686

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