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Le néolibéralisme et la question policière. Christian Delarue

dimanche 7 juin 2020, par Amitié entre les peuples

Le néolibéralisme et la question policière.

Brève introduction sur les rejets d’une large fraction des peuples dans de nombreux pays.

Ce que l’on peut appeler désormais la question policière n’est pas spécifique aux USA et à la France pour des problèmes de racisme, de sexisme, d’homophobie. Ces problèmes existent et peuvent prendre des formes très graves. Ils doivent assurément être résolus. Et pour cela il faut ne pas ignorer l’iceberg du racisme (image pédagogique en formation)) et du sexisme dans toute sa dimension en ne voyant simplement que la face visible (au-dessus de la surface de l’eau), comprenez les injures et insultes. Les contrôles au faciès peuvent - par exemple - se répéter de façon systémique contre les jeunes et les non-blancs avec un haut niveau de politesse, une sorte d’ « élitisme de l’expression » (1) si l’on pense à celles et ceux qui jamais en privé ou en public ne lâchent d’injures ou d’insultes.

Mais le problème semble bien plus vaste. La question policière - autre nom d’un surcroit de répression et de violence - se pose dans tous les pays soumis aux diktats du néolibéralisme et même désormais aux diktats d’un turbo-capitalisme post-confinement (2) voulant mettre les « bouchées doubles » (de l’exploitation de la force de travail humain et de la nature) sur de nombreux aspects. Il faut quand même voir que celles et ceux qui subissent les méfaits d’une certaine police robocopée sont celles et ceux qui le plus souvent vont dans la rue revendiquer assez banalement un monde plus juste ou même un autre monde avec d’autres bases. Celles et ceux d’en-haut qui bénéficient de l’ordre néolibéral des 30 dernières années n’ont guère de raison de se plaindre des violences policières. Parfois, elle s’exerce sous leur balcon et ils ou elles en sont plus ou moins contents car malgré des critiques humanistes toujours possibles ils ou elles savent que c’est leur patrimoine de riches possédants qui est protégé. On sait pertinemment que l’ordre néolibéral donne beaucoup de richesse au 1% et même au 5 % d’en-haut. Ces niveaux sont discutables mais il est avéré que ceux d’en-haut on vu leur richesse s’accroître quand celles et ceux d’en-bas ne connaissaient que précarité et allocations modestes.

Cette question policière dépasse donc en la contenant celle du racisme, du sexisme et de l’homophobie - qui est sérieuse (ne pas botter en touche ici ) - car elle porte fondamentalement sur quel ordre social est défendu à une époque de « thatchérisation du monde » (3) et d’emprise de l’extrême-droite économique soit celle néolibérale en col blanc soutenant le 1% d’en-haut sans racisme ni sexisme - donc relativement « propre » de ce point de vue - mais avec un degré variable de darwinisme social (Spencer). Les liens entre darwinisme social (spencérisme) et néolibéralisme ont été développés par plusieurs auteurs dont le « Dardot et Laval » il y a plus de dix ans maintenant (4).

Abordons sans entrer dans les détails deux problèmes connexes bien perceptibles en ce moment (juin 2020)

 On ne s’étonnera pas du DENI d’ élus du bloc dominant. Je renvoie à Patrick Cahez (5) sur Mediapart pour un article sur un élu bien privilégié sur plusieurs plans montrer toute son ignorance du problème. Ce n’est hélas pas le seul ! Il n’a probablement jamais vu de cars de policiers montrer de nombreuses cartes du FN (à l’époque) à des manifestant.e.s , ni vu un collègue de travail non blanc (y compris policier en civil) se faire systématiquement arrêter pour contrôle. Ces gens-là, ignorant les problèmes de celles et ceux d’en-bas ou de celles et ceux régulièrement discriminés devraient mieux chercher ce qui fonctionne mal dans la police pour y apporter des solutions. C’est leur job pas le mien . Si il y a - par exemple - surcharge de virilisme dans l’institution - hypothèse - alors quels effets pervers, quels moyens pour changer la donne ?

 Il y a aussi le problème du SYNDICALISME POLICIER qui - pour certains (pas tous) - hurle contre l’idéologie anti-flic à la moindre critique comme si on ignorait que l’institution était complexe quoique massivement ordonnée vers la répression et les statistiques depuis N Sarkozy. Ces syndicats sauf la CGT Police défendent trop la main droite de l’Etat et pas assez sa main gauche .
Reprise : Si la « main gauche » de l’Etat (Bourdieu) évoque les thématiques de la démocratisation des institutions, le développement des droits sociaux pour tous et toutes, surtout pour les classes populaires modestes, la promotion des services publics pour leur mise en oeuvre, une réelle protection sociale, une justice fiscale et sociale, une lutte contre les inégalités, etc. la « main droite » de l’Etat évoque elle son inverse. Côté main droite, il y a rabougrissent de la démocratie et des services publics, réduction des droits sociaux, et pour empêcher la contestation populaire il y a la répression policière. Ces processus droitiers peuvent mener à des dictatures.

http://amitie-entre-les-peuples.org/La-main-droite-de-l-Etat-Christian-DELARUE

Christian Delarue.

1) Racisme et police : L’iceberg et l’élitisme de l’expression - Christian DELARUE - Amitié entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/Racisme-et-police-L-iceberg-et-l-elitisme-de-l-expression-Christian-DELARUE

2) Turbo-capitalisme post-confinement - Christian DELARUE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Turbo-capitalisme-post-confinement-Christian-DELARUE

3 ) La thatchérisation du monde et l’extrême-droite économique : un trajet vers la ploutocratisation du monde.

http://amitie-entre-les-peuples.org/La-thatcherisation-du-monde-et-l-extreme-droite-economique

4) LA NOUVELLE RAISON DU MONDE. ESSAI SUR LA SOCIÉTÉ NÉOLIBÉRALE de Pierre Dardot et Christian Laval.

5) Christian Jacob nie l’existence des violences policières en France | Le Club de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/patrick-cahez/blog/070620/christian-jacob-nie-lexistence-des-violences-policieres-en-france

Autre contexte que l’enregistrement cité :
De Londres à Sydney comme dans plusieurs villes de France, des milliers de personnes ont bravé la pandémie samedi pour en finir avec le racisme et les brutalités policières, une indignation mondiale sans précédent déclenchée par la mort du Noir américain George Floyd, asphyxié par un policier blanc fin mai à Minneapolis (États-Unis).
in Meurtre de George Floyd : partout dans le monde, la colère ne retombe pas - Page 1 | Mediapart
https://www.mediapart.fr/journal/international/060620/meurtre-de-george-floyd-partout-dans-le-monde-la-colere-ne-retombe-pas