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Intérieur- extérieur ou le sexoséparatisme occidental - JC Pottier (Médiapart)

mercredi 21 août 2013, par Amitié entre les peuples

Intérieur- extérieur ou le sexoséparatisme occidental

par JC Pottier (Médiapart)

Sous « Le voile comme rideau de fumée de pratiques obscurantistes ou intégristes. »

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/110813/le-voile-comme-rideau-de-fumee-de-pratiques-obscurantistes-ou-integristes

Le patriarcat que dénonce Delarue s’aggrave de ce qu’il est « sexoséparatiste ». Et dont la preuve concrète et manifeste se réalise dans le tissu que portent certaines musulmanes pour dissimuler leur visage.
Aussi distingue-t-il plusieurs Islams, dont l’un s’avère autoritaire et sexoséparatiste.
Il est dommage que Delarue n’éprouve jamais le besoin d’expliquer ces différents Islams. En revanche, on le voit s’acharner sur l’Islam intégriste, qu’il n’explique jamais.

Si on transpose sa grille de lecture sur le christianisme, on constate qu’il existe bel et bien un christianisme intégriste mais que l’on range ailleurs : à l’extrême-droite. On en parle surtout comme composante politique, particulièrement réactionnaire. L’Eglise catholique a longtemps défini la sexualité comme un péché. C’était un péché, le péché de la chair. A telle enseigne que ladite Eglise affirme toujours que Marie est vierge. Même après avoir conçu son propre fils. C’est-à-dire que Marie n’est pas en état de péché. Le fils de Dieu ne saurait être le fruit d’une pècheresse, d’une femme commune, du vulgaire.
C’est intéressant si on précise que Dieu, c’est le Père, Jésus le fils. Il y a là toute une hiérarchisation qui se formule à l’aide de mots qui sont lourds de sens. On pourrait jouer sur l’axe paradigmatique du père dans la civilisation chrétienne : pâtre, père, pater familias, patron, patronage, patriarcat, d’autant que patriarche n’est jamais que la contraction de pater (père) et archos (vieux). Et c’est assez amusant de constater que la 2e chambre parlementaire s’appelle : sénat, de senes (vieux).

Tout un système de représentations anciennement mis en place survalorise le père. Tout ça parce que notre société est éminemment patriarcale.
Notre civilisation est dite judéochrétienne. Or la Bible fait le récit de la Création humaine. Dieu crée Adam puis s’avise qu’il lui faut une compagne, il crée Eve. Il crée Eve comme lui étant accessoire, secondaire, c’est sa compagne. Tout le Moyen Age décrira le couple comme l’union d’un être fort et protecteur avec un être faible et protégé.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Rien n’a changé. Promenons-nous en période de Noël dans les allées qui longent les étals de super-marché au rayon des jouets : là, des poupons, des poupées, des dînettes, des déguisements d’infirmière. Ici, des armes, des soldats, des voitures, des jouets qui valorisent la virilité, la masculinité. Et s’il y a bien une chose ultra déterminante durant le très jeune âge, c’est bien le jouet.
A la petite fille, la maternité, la domesticité, la soumission, le ménage, la féminité et la beauté : la femme est un accessoire pratique en même temps qu’un objet sexuel.
Au petit garçon, la rue, la route, la guerre, la violence, la domination.
Réfléchissons : qu’avons-nous essayé de changer par rapport à ça ?
Car s’il y a bien du sexoséparatisme, c’est bien dans cette éducation par le jeu, le jouet, le plaisir.
Pendant qu’il ou elle joue, il est le pompier, le policier, le soldat, le possesseur conducteur d’une auto, d’un camion, d’un tracteur, et celle qui met la table, donne le biberon, change le bébé, se fait belle, etc....

La séparation des sexes commencent à la naissance de façon complète.
Ajoutons-y la lecture, les livres, les jeux vidéo, etc....
Le salaire des femmes est inférieur à celui des hommes ; dans la ville, c’est le plus souvent l’homme qui conduit, ce sont surtout les femmes qui font les courses, qui vont chercher les enfants à l’école. On l’appelle la maternelle et l’heure de la sortie est appelée l’heure des mamans.

Du coup, la question du voile se relativise. Celui-ci vient affirmer une réalité commune à toutes les sociétés : le pouvoir est masculin et la soumission est féminine.
Dans nos contrées, les hommes sont fiers d’avoir une jolie femme qui se montre et met en valeur sa plastique.
Mais le fond du problème est absolument le même. Qui a lu les rapports de SOS femmes battues, sait que la violence est fort répandue dans les couples et qu’elle concerne tous les milieux sociaux, cultivés ou non.

Jean-Claude POTTIER