Accueil > Altermondialisme > De l’antimondialisation à l’altermondialisation > De anti à alter / Démondialisation ? > L’écosocialisme dont nous avons besoin. C Delarue

L’écosocialisme dont nous avons besoin. C Delarue

mercredi 22 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

L’écosocialisme dont nous avons besoin.

La barbarie est systémique, l’alternative doit être systémique.

Au plan pratique, il est pour l’heure celui visible et ou porté, quoique diversement, ici ou là, par les forces politiques de gauches, à gauche du PS qui lui a fait le deuil du socialisme . C’est essentiellement un éco-socialisme du XXI ème siècle. Il s’oppose à la tentative misérable d’un capitalisme vert. Il s’est aussi formalisé contre la longue « marchandisation du monde ». ATTAC, qui n’est pas un parti politique, ne saurait abandonner la perspective de sortie du marché généralisé aux partis politiques qui ne vont guère l’utiliser que lors des congrès.

I - UN SOCIALISME CONTRE LE MARCHE.

Il développera donc l’économie non marchande (cf JM Harribey ou Stéphanie Treillet). Y-a-t-il besoin de socialisme pour cela ?

A) Besoin de socialisme ? Lequel ?

* Certains pensent qu’une forme nouvelle de capitalisme plus keynésienne, non « financiarisé » (renversement du rapport entre la sphère financière et la sphère productive), peut stopper la marchandisation envahissante du monde et la réguler. Il s’agit en somme de construire une régulation qui bride le capital mais le laisse dominant. Ce modèle d’un alter-capitalisme vert suppose une mobilisation constante du peuple-classe pour brider la logique du capital toujours active même si des règles juridiques étatiques et mondiales viennent poser des freins. L’option est séduisant mais utopique.

* D’autres (1) ont théorisé, ce qui apparaissait comme contradictoire, à savoir le « socialisme de marché ». Les faits de la « décennie OMC » rendent obsolète ces tentatives paradoxales. Le monde a besoin d’un socialisme qui ne détruise pas totalement le marché mais qui le confine à une part réduite . Un part qui permette un triple développement : celui de l’alterdémocratie, celui de la valeur d’usage (services publics et biens communs), celui de la planification dans un cadre écologique.

* A défaut de formaliser divers modèles affinés de socialisme plus ou moins complexe (Andréany, Feray, Elson, Roemer, Nove, Samary,etc), il importe de présenter à échelle de masse une perspective de proto-socialisme de transition pensable à partir du combat actuel de ceux et ceux qui en sont les acteurs et actrices.

B) Quelle planification ?

* Objectifs : contrecarrer les tendances au développement inégal et combiné du capitalisme résiduel, du capitalisme dominé. Il s’agit donc de combler les vides de la distribution de « valeur d’usage » dans les villes (quartiers délaissés) et les campagnes (réseau plus dense contre la désertification) .

* Choix ou mixité du type de planification d’abord. Il semble possible de disposer de planifications impératives dans certains secteurs et de planifications incitatives dans d’autres là ou la complexité laisse la place aux experts.

* Choix du cadre pertinent ensuite. Entre la planification centralisée à l’échelle de grand pays comme l’ex URSS et la planification très décentralisée (Albert et Hahnel - 1991) qui risque fort de détruire les avantages attendus de la planification il y a place pour un champ intermédiaire suffisamment vaste. En France, la planification n’a pas besoin semble-t-il d’être subdivisée, le territoire français (métropolitain ?) n’étant pas si vaste. C’est un point à débattre. Un débat citoyen avec exposé des problématiques. Si cette subdivision est à penser alors il à prévoir de grands zones territoriales d’application (4 ?).

II - UN SOCIALISME QUI NE REPRODUISE PAS LES ATTEINTES AUX LIBERTES DU SYSTEME STALINIEN.

Ce qui implique deux ordres de praxis politique.

A) Déploiement de la démocratie sous toutes ses formes.

1) L’alterdémocratie : la rupture qualitative du champ démocratique.

* Démocratisation classique.
 Transformation de la démocratie représentative qui coupe fortement les élus des citoyens.
 Transformation de la démocratie participative pour lui éviter une dégénérescence en mode « gouvernance » qui fait intervenir les cadres ou experts de la société civile (patrons, religieux, syndicaliste, experts, etc...).
* Démocratie socialiste.
 Démocratie dans l’entreprise sur le modèle de la coopérative, ce qui ne signifie sans doute pas abolition de toute division du travail et donc une reproduction de gestionnaires, de coordinateurs qui empêche l’accès à l’autogestion généralisée.
 Démocratie dans la planification : se prononcer sur des dispositifs et non pour des élus.

2) Le socialisme « par en-bas » et l’Etat de transition socialiste.

* L’Etat ne disparait pas il est transformé doublement .
 par ses missions qui changent de nature : elles deviennent sociales au lieu d’être répressives. Il s’agit de satisfaire les besoins sociaux du peuple-classe et non de conforter les entreprises capitalistes.
 par la démocratisation de l’appareil d’Etat via une double appropriation sociale :
1) la démocratie délégataire (instances tripartites avec représentation des personnels et des usagers),
2) la démocratie citoyenne directe dans les secteurs ou cela est envisageable.

* L’Etat socialiste dispose toujours d’une bureaucratie. « Débureaucratiser » n’est pas éliminer la haute fonction publique comme le disent les libéraux qui de fait font le contraire des socialistes authentiques puisqu’ils renforcent l’appareil d’Etat répressif (Etat sécuritaire et policier, Etat militarisé) en réduisant l’Etat social. Débureaucratiser, si l’on conserve ce terme, serait alors introduire à la fois plus de missions sociales et environnementales et plus de dispositifs de démocratie sociale.

B) Promouvoir une culture citoyenne confortée quotidiennement : Liberté, égalité, adelphité, laïcité.

Ces points non développés sont en fait très importants.
 Défense de l’égalité hommes-femmes, reconnaissance de l’homosexualité au niveau mondial.
 Combat permanent contre le racisme sous toutes ses formes.
 Combat auto-limité contre l’emprise du religieux « par en-haut » (avant et maintenant) et par « en-bas »(maintenant) via la laïcité.

Christian DELARUE

1) Lange (1938), Lerner (1946) et d’autres contemporains.

ATTAC : Que faire du capitalisme ? Refondation ou Alternative.
sur http://amitie-entre-les-peuples.org/

Avoir en tête les grandes lignes de Productivisme et socialisme. de Jacques Cossart me parait utile.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article648