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De « La passion de détruire » à la construction d’un autre monde possible. Christian DELARUE

lundi 14 octobre 2019, par Amitié entre les peuples

De « La passion de détruire » à la construction d’un autre monde possible.

De E. FROMM et du néolibéralisme à l’altermondialisme.

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Second propos sur ce thème après « THANATOS NEOLIBERAL : UNE LOGIQUE DE DESTRUCTION SOCIALE ET DEMOCRATIQUE ! » -
http://amitie-entre-les-peuples.org/THANATOS-NEOLIBERAL-UNE-LOGIQUE-DE-DESTRUCTION-SOCIALE-ET-DEMOCRATIQUE

Reprendre, après et avec Fromm ou Marcuse - malgré des positions différentes sur certains points (mais peu importe ici ) - la différence entre « Thanatos » et « Eros », qui évoque aussi, au plan collectif et politique, celle entre « Barbarie » et « Civilisation » apparait nécessaire tant ces forces sociales s’entrechoquent. Thanatos représente la mort et la destructivité (E Fromm) et Eros représente l’amour et la construction de la civilisation.

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Idée principale en exergue : Erich Fromm (1900-1980) a développé en 1973 son gros livre « La passion de détruire » (Ed Robert Laffont 1975) autour de la cruauté et du sadisme chez des figures hitlériennes mais il convient de dépasser cette « anatomie de la destructivité humaine » quasi-uniquement focalisée sur l’individu. Erich Fromm est psychanalyste (1). Et de voir aussi, en plus, les logiques collectives de destruction. D’y résister et de proposer autre chose.

I - RESPECT et BIENVEILLANCE : une tension, pas un état.

Son contraire, au plan relationnel (inter-individuel) serait d’entretenir - notion typiquement frommienne (idée d’auto-discipline) - « respect et bienveillance » et donc d’éviter violence, et malveillance, ironie et mépris ou condescendance tant que faire se peut (car nul n’est exempt d’une régression) et plus positivement d’avancer en bienveillance.

Il convient ici de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un acquis ou d’une qualité possédée, d’un statut d’une « sorte d’élite de la sagesse » - comme si un être parfait existait - mais un idéal devant soi . C’est donc d’abord pour soi qu’on évoque respect et bienveillance pour en faire un mouvement, une tension, un esprit à entretenir.

KIDS UNITED - On Ecrit Sur Les Murs (Clip Officiel) - YouTube
https://www.youtube.com/watch?v=VV5oVYVGfNc

II - DEPASSEMENT : Conserver et étendre le domaine de la lutte.

Mais - c’est à souligner - la « passion de détruire » doit s’observer aussi comme logique sociale et collective destructrice dépassant les tendances individuelles morbides observées jadis par Erich Fromm. La « passion de détruire » est tout à la fois une dynamique individuelle et une dynamique collective, historique et sociale, avec une dimension de politique nationale et internationale. Elle rencontre face à elle des forces sociales de résistance et de construction.

III - NEOLIBERALISME comme force historique destructrice

La « passion de détruire » s’applique parfaitement à ce que l’on nomme depuis 35 ou 40 ans le néolibéralisme. Cette logique destructrice vise principalement le système capitaliste financiarisé (mondialisation du capital financier) et une logique productiviste et travailliste de ses acteurs sociaux moteurs, ceux du 1%. Elle concerne aussi d’autres aspects : on évoque un système capitalo-patriarcal, l’impérialisme des multinationales du Nord, la montée des intégrismes religieux chez les dominés au Sud comme au Nord. Les dominés ne sont pas exempts de pulsions destructrices. Il y a donc un combat interne au sein du peuple-classe à mener.

Faisant le jeu, des oligarques, des classes sociales dominantes et du capitalisme financiarisé transnational ayant pour acteurs les multinationales, le néolibéralisme a cassé méthodiquement pendant plusieurs décennies les appuis sociaux matérialisés sous forme de droits au sein d’institutions de solidarités sociales protectrices des différentes classes sociales sous le 1% . La passion de détruire du néolibéralisme s’est attaqué à l’Etat social construit par les conquêtes du mouvement ouvrier et du mouvement citoyen et démocratique du siècle passé.

IV - PERSPECTIVES : Aller vers un monde pour tous et toutes.

Les forces de destruction sociales et civilisationnelles, qui travaillent pour un bloc social d’en-haut autour du 1%, rencontrent face à elles des forces sociales de résistance et de construction d’un monde commun, d’un monde pour tous et toutes, sans classisme, sexisme, racisme. Résistance d’abord et trajet vers autre chose ensuite. Collectivement, par le « débattre en marchant » (P Franchet).

Ces forces sociales ne sont pas exemptes de « défauts » - on l’a dit et il importe d’y revenir - mais leur principe même reste de construire contre les dominants un monde meilleur et même un autre monde que celui-ci, fait d’inégalités sociales et de mépris des faibles et des personnes fragilisées par la casse de l’Etat social et démocratique là ou il avait pu être construit. Les principes de justice sociale, territoriale, fiscale se combinent alors avec l’approfondissement démocratique et la justice climatique.

V - QUELLE GAUCHE ?

Si politiquement la droite défend les grands possédants et se place du point de vue du bloc social d’en-haut construit autour du 1%, alors la gauche ne doit-elle pas défendre un bloc social d’en-bas, avec l’ensemble des classes sociales dominées. Le tout en intégrant une dimension écologique, notamment de type « décroissantiste » voire comme d’aucuns l’avancent désormais de type « effondriste » . La gauche politique est alors résolument du côté du peuple-classe de France et solidairement de tous les peuples et de tous les travailleurs et travailleuses des 99%.

Cette position semble anti-élites et pro-peuple. Elle n’est pas nationaliste. Elle peut travailler à cliver au sein du « eux » (sur le clivage eux-nous) afin de dégager des élites de gauche.

Au sein de ces classes sociales qui subissent les politiques « classistes » d’austérité et de déclassement social on va trouver des individus sexistes, homophobes et racistes. Ces positions réactionnaires sont à combattre résolument mais sans oublier que ce sont néanmoins des « dominés de classe ». Les prédateurs économiques sont essentiellement en-haut, au sein du 1%. A aucun instant, on ne saurait l’oublier. Jamais ! Absolument jamais. Il en va de le sauvegarde de l’émancipation collective des dominés.

La République sociale, démocratique et écologique est à construire partout !

Christian DELARUE

Erich FROMM est aussi philosophe membre de l’Ecole de Francfort. Son approche du marxisme s’est faite essentiellement autour des oeuvres de jeunesse de Marx. Un Marx humaniste en lutte contre l’aliénation et la dépossession de soi par les dispositifs abstraits surplombants.