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Blasphème & Islam de France : Islamophobie étendue à la « diffamation des religions » ?

vendredi 7 janvier 2011, par Amitié entre les peuples

Blasphème & Islam de France : Islamophobie étendue à la « diffamation des religions » ?

La diffamation concerne-t-elle seulement les humains ou peut-elle se rapporter à autre chose, à une chose. En France, le drapeau tricolore national est désormais protégé par le délit d’outrage. Le droit a été modifié à la suite d’une photo montrant un homme s’essuyant le postérieur avec le drapeau français. Les pratiques administratives réelles qui aboutissent à la mort d’un individu fut-il sans papier semble à l’inverse se banaliser. Inversion des valeurs : on retrouvera ce raisonnement critique. Car le délit d’outrage au drapeau est très contestable. Si les représentants de la Nation savent mettre en œuvre une politique favorable au peuple le (ou les) symbole national ne risque guère les outrages. Mais si le délit d’outrage au drapeau est légal alors il faut l’appliquer non seulement à ceux qui le détruisent physiquement (cas du 22 décembre) mais aussi à ceux qui pratiquent l’outrage par nationalisme et racisme (1).

Qu’en est-il des religions. Il n’y a pas de délit de blasphème en France. Mais il y a des pressions en ce sens.

Plan national :Retour sur le MRAP de janvier 2005 avec les déclarations de Mouloud Aounit.

En fait les médias ont retenu que le premier propos de Mouloud Aounit du 15 janvier 2005 « Aujourd’hui si la liberté d’expression est un bien fondamental et fait partie des droits de l’homme, la liberté de blasphémer et la liberté d’ouvrir le champ au racisme doivent être réprimées avec la plus grande fermeté. » Cette phrase a fait scandale alors que dès le lendemain il s’est rétracté. Il va alors dire : « Il ne fallait pas entendre dans blasphème un sens religieux : ce que je critique, c’est tout ce qui porte atteinte à l’intégrité de la personne […] le Mrap réaffirme que la critique des religions, de toutes les religions, y compris l’islam, est légitime » (AFP).

On peut donc blasphémer sur le Coran comme sur tous les livres sacrés simplement pour rabaisser le sacré et élever les humains. Si tout processus de fétichisation consiste à élever une chose à un statut supérieur aux humains alors la défétichisation est le processus inverse qui vise à rabaisser ce statut trop élevé qui surplombe les humains afin de rétablir la valeur et la dignité de ces derniers. La défétichisation qui ne concerne pas que les livres sacrés est une démarche critique d’émancipation.

Le blasphème ce n’est pas pratiquer le bombage des lieux de culte. Ce n’est pas non plus faire la promotion des autodafés (1) pour détruire les livres. Un blasphème ne détruit rien d’autre qu’un symbole ou mieux un statut.

On peut aussi dire que certains passage du Coran comme d’autres livres religieux contiennent des propos contestables ainsi que je l’ai fait dans un texte adressé à M Choukry ( ). Dire que certains passages sont parfaitement contestables signifie que tous les autres sont positifs et constituent un apport à la civilisation. Des philosophes culturalistes comme Erich Fromm se sont employés à prendre le meilleur des religions pour proposer une alternative d’épanouissement humain, notemment dans « Le coeur de l’homme ».

Cette position a cependant des implications qui suscite débat au sein du MRAP. Je remarque souvent que les musulmans ordinaires tendent à vouloir appliquer le meilleur mais qu’une minorité d’intégristes entendent appliquer les dogmes les plus réactionnaires. Et j’ai dit un jour que j’étais « islamistophobe » mais pas islamophobe.

Plan mondial : Anh Thu Duong ou Doudou Diène

La montée de l’intolérance (terminologie de l’ONU) contre les musulmans dans le monde est tout à la fois un fait reconnu et une condamnation. C’est la portée de cette condamnation qui fait débat. Au plan international les pressions sont constantes en faveur d’un élargissement de la notion de racisme, en particulier de l’islamophobie, à la diffamation de la religion.

Contre l’expert des Nations Unies sur le racisme, le sénégalais Doudou
Diène qui estimait « grave la diffamation des religions » et se faisait ainsi le porte-voix des Etats musulmans c’est Anh Thu Duong, de la mission suisse auprès des Nations Unies, qui a rappelé que l’islamophobie figurait déjà dans le document adopté par la conférence de l’ONU sur le racisme - réunie à Durban en 2001. Il rappelle que « le but est de protéger les individus, pas les religions ».

Lutter contre l’islamophobie stricto sensu est déjà un combat difficile il est inutile, à mon sens, de vouloir imposer une autre définition qui engloberait la protection de la religion elle-même. Ce serait un texte qui ne serait pas respecté. Déja la définition stricte est l’objet de polémique en France et en Europe du fait du choix du terme certains préférant le terme racisme anti-musulman. Il semble raisonnable d’autoriser le blasphème au titre de la diffamation de la religion mais de border cette expression en empêchant toute dérive vers le racisme anti-musulman.

Autre objection : certains disent que les musulmans ne sont pas une race. Mais les races n’existent pas. Ce qui existent c’est le processus de racisation de groupes humains dans une perspective hiérarchisante et inégalitaire.

Christian Delarue

1) Une manifestation raciste avec drapeau national est-elle un outrage à la nation ?

2) Le blasphème désacralisant est loin de l’autodafé ainsi que l’explique Liber sur Bellaciao.