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République prise en tenaille entre crispation nationale et crispation religieuse ! Christian DELARUE

samedi 7 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

République prise en tenaille entre crispation nationale et crispation religieuse !

L’identitarisme est multiple. On le sait (cf ce titre sur mediapart). Il est lié aux archaïsmes et crispations identitaires. Il faut desserrer la tenaille identitaire ou se combine crispation identitaire nationale et crispation identitaire religieuse !

 Identitarisme : Ni Danièle Sallenave ni Laurent Bouvet

En outre la République ce serait : Ni Sallenave (qui amalgame République et catholicisme ou République et colonies), ni Bouvet (qui oublie la République sociale en plus de la République laïque).

Puisqu’un évènement annoncé évoque la « TENAILLE IDENTITAIRE » en proposant la culture comme moyen de desserrement je dirais pour ma part qu’il s’agirait de développer une conscience évitant les « communautarismes étroits » qui font l’apologie d’une « fraternité limitée », limitée à sa nation ou sa région ou limitée à sa religion et à ses dogmes. Contre la tenaille identitaire il conviendrait de se garder, aussi bien à droite qu’à gauche de toute crispation nationaliste et de toute crispation religieuse. Contre la tenaille identitaire il y à mener « combat social et combat laïque » ! Il importe aussi d’avancer contre les violences sexistes et sexuelles et anti-LGBTQI+. Quand à la fraternité internationale elle vient de faire ce 6 juillet 2018 un grand pas passant de simple valeur à principe constitutionnel reconnu à côté de Liberté, Egalité et Laïcité.

La pacification entre certaines fractions sécularisées de la société et les religions ou du moins les éléments offensifs de la religion passe par la laïcité, l’interculturel, et la fin relative de l’intransigeantisme identitaire (cf l’affaire du voile islamique de la syndicaliste de l’UNEF) qui fait assurément obstacle à l’interculturalité voire au simple respect d’autrui dans certains cas ou cet affichage s’impose à vous : cadre proximal et durable imposé (ex : bureau) (1). La pacification entre la société et les religions passe plus généralement par l’épuisement des crispations identitaires - dites aussi « identitarisme » - sources de haines diverses.

 Deux formes d’un archaïsme identitaire

En vérité l’identitarisme, contrairement à ce que dit Mme Sallenave, est multiple et s’appuie aussi bien sur les RELIGIONS et notamment tous les intégrismes religieux - catholiques certes, mais aussi juif haredim ou musulmans sexo-séparatistes et sexyphobiques (haine de trois signes féminins : 1 : tout bout de chair, 2 : toute forme féminine ou jugée telle, 3 : tout vêtement trop féminin ) que sur les NATIONS c’est à dire ici, aussi bien les régionalismes (au plan infra-national) que les nationalismes au sens strict (dont le national-républicanisme contre les droits humains) qu’au plan supra-national avec toutes les apologies de configurations continentales (gouvernance économique de l’Union européenne) déconnectées des processus démocratiques et même des droits humains fondamentaux car recentrées sur des logiques marchandes et comptables ou sur des logiques de répression des migrants (malgré les droits humains de l’ONU au-dessus en principe des pouvoirs d’Etat).

Ces deux formes d’un archaïsme identitaire perdurent et construisent des « boucs émissaires » qui éloignent de la convergence des forces de pluri-émancipation (pas que l’émancipation économico-sociale d’un certain marxisme) pour la République sociale et le socialisme du XXI ème siècle avec des combats alter-démocratiques, féministes, antiracistes et laïques à mener avec succès pour sortir du néolibéralisme, du capitalisme financiarisé mondial. On en est loin. On « encaisse » de plus en plus de contre-réformes classistes qui relèvent assez bien d’une pseudo République, d’une « République bourgeoise » ou d’une « République des riches », qui réduit de plus en plus et de façon grossière les politiques publiques d’intérêt général à ce qui est compatible avec les logiques marchandes et de profits notamment financiers ainsi qu’aux désirs du 1% d’en-haut... mais l’identitarisme multiforme perdure néanmoins.

 Pas de cécité contre les intégrismes religieux

Eu égard au peu d’expression à propos des « campagnes d’hidjabisation » des islamistes et autres intégristes musulmans au Maroc et ailleurs il y a lieu de s’exprimer pour s’y opposer sans amalgamer un intégriste musulman et un musulman refusant le voilement autoritaire des femmes. Il faut répéter ici, à cette occasion, que les intégrismes religieux ne se réduisent pas à la seule composante militariste et guerrière - production de l’ignorance ici - à moins d’oublier la longue contribution des divers intégrismes religieux en matière de moeurs austères et autoritaires - une spécialité historique -pour contenir l’émancipation des femmes, des homosexuels et des lesbiennes comme des bi et transsexuelles vers plus de liberté et d’égalité. A moins d’ignorer aussi la volonté de certains intégristes religieux de construire - « par en-haut » donc politiquement ou-et « par en-bas » soit dans la société civile - un hyperpatriarcat contre les conquêtes féministes détestées, celles ayant abouties à un « patriarcat réduit » (le système bicatégoriel existe toujours mais il est limité dans la mesure ou la différence sexuée n’est pas toujours signe d’infériorité et de hiérarchie - pédagogie du « double regard » de C Delarue) que l’on nomme aussi « seconde modernité » (cf De Singly).

S’agissant des intégrismes musulmans, on voit de plus en plus, une « police du genre » s’exercer contre de très jeunes filles de 6 ou 7 ans voir 2 ou 4 ans par des mises sous hypertextile. Cette construction de l’aliénation humaine est choquante et nuisible. Je ne suis pas certain qu’il faille une loi mais je suis certain qu’il faille s’exprimer sans attendre pour discréditer pareille pratiques archaïques. La « police du genre » qui met des gamines en tenue glamour sur des podiums n’est pas mieux mais elle est plus occasionnelle, moins structurelle.

Christian DELARUE

1) Là ou la « réciprocité textile » n’existe quasiment pas - car l’hypertextile est quasiment libre mais pas l’hypotextile - string seulement - limité aux plages - l’imposition de l’affichage hypertextile est pénible.

nb : Laurent Bouvet explique que Danièle Sallenave a bien commis une triple erreur sur sa définition de l’identitarisme.

Citation :
 "La première est de ranger dans le même sac identitaire républicains laïques et universalistes d’un côté, et tenants d’un catholicisme traditionnel de l’autre.
De nombreuses différences séparent le républicanisme que fustige notre écrivaine du catholicisme qu’elle dit « pur et dur » historiquement comme dans l’actualité récente
Pour ce faire, l’académicienne s’appuie en effet sur un raisonnement qui consiste, faute du moindre fait tangible, à tordre l’histoire, pourtant aussi riche que complexe, des relations entre républicanisme et catholicisme dans le sens d’une « alliance » dont le fait colonial au XIXe siècle serait la matrice. Alors qu’elle ne cite ni l’affaire Dreyfus ni le débat sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, par exemple.

Laurent Bouvet : « Non, le Printemps républicain n’est pas identitaire »
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/07/03/laurent-bouvet-non-le-printemps-republicain-n-est-pas-identitaire_5324888_3232.html