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LES MECS LOURDS ou le paternalisme lubrique de N Henry (note C Delarue)

mercredi 14 septembre 2016, par Amitié entre les peuples

LES MECS LOURDS ou le paternalisme lubrique de Natacha Henry

Note de Christian DELARUE sur le livre de Natacha HENRY
(note un peu différente de celle publiée en 2007 sur chrismondial ou bellaciao)

Ed Robert Laffont 2003 (153 pages)

Natacha Henry évoque entre drague vulgaire et insultes ou même harcèlements cet entre-deux pénible fait de propos lourds ou d’allusions « limite-limite » dont les « mecs lourds » abusent. Pour se défendre de l’accusation de « paternalisme lubrique » le recours masculin à l’humour ou à la plaisanterie est courant. Mais il s’agit que trop souvent de plaisanteries qui s’en prennent à l’intégrité physique ou morale des femmes. De plus, bien souvent, un « mec lourd » ne sait pas s’arrêter : il faut qu’il répète le même genre de propos salaces.

Il ne s’agit pas de s’interdire de dire un mot sympa et même de vouloir inviter une inconnue à prendre un verre. La liberté d’expression existe et ne fait alors de mal à quiconque. Bien au contraire ce peut être le rayon de soleil des relations interpersonnelles. Par contre, ce qui est pénible pour elles c’est quand il y a insistance alors qu’elles disent qu’elles ont autre chose à faire ou que cela ne les intéresse pas.

Le sexisme franc se compose d’insultes, d’injures, de gestes dévalorisants et dominateurs qui manifestent nettement que l’autre, la femme, n’est pas égale et respectée comme un être humain digne. Mais il y a aussi le sexisme insidieux qui distribue à petites doses de petites remarques désagréables sur le physique ou les vêtements portés. Le sexisme insidieux porte l’empreinte du mépris. Avec le temps ,si elles sont répétées, cela devient du harcèlement.

Il en va du regard comme du propos. Un regard bref, comme instinctif, sur une femme n’est pas une oppression. Un regard insistant peut l’être. C’est la femme qui juge de la qualité du regard porté, pas l’homme. Un regard tendre n’est pas un regard lubrique ou concupiscent. Il ne s’agit pas de se culpabiliser au moindre regard mal placé, il faut savoir ne pas insister, ne pas être lourd. C’est une question d’éducation et d’empathie.

Est-ce à dire qu’il ne faille plus plaisanter ? Est à dire que parler de sexualité est interdit. Non mais encore faut-il éviter la vulgarité, surtout la vulgarité unilatérale qui systématiquement diminue les femmes. De plus faut-il parler de sexualité à la première venue, celle que l’on croise sur le trottoir ? Il ne s’agit pas d’être « coincé » mais simplement de ne pas accroître la domination masculine sur les femmes.

Il est possible d’apprendre à voir les femmes tout à la fois comme personne et comme être sexué (ce que j’ai nommé ailleurs « double regard ») . Il ne s’agit pas de refouler un aspect pour un autre mais de faire l’un et l’autre. Autrement dit de voir la femme (sexuée) ne doit pas empêcher de voir la personne et sa dignité humaine fondamentale, et de « monter » alors en respect et admiration. A partir de cette philosophie-là - car cela suppose une philosophie - on se protège largement de toute atteinte soit à une femme sexy (jugée ainsi) soit à son opposée.

Christian DELARUE