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Et le système fut rebaptisé. Note sur John Kenneth Galbraith par Christian Delarue

samedi 16 juillet 2022, par Amitié entre les peuples

« Et le système fut rebaptisé. »

C’est là le titre du chapitre 2 du livre « Les mensonges de l’économie » de John Kenneth Galbraith (1908-2006) écrit en 2004 (Ed Grasset), deux ans avant sa mort (1).

On trouve aujourd’hui des forces politiques diverses et opposées qui se déclarent anti-système(s) mais assez peu contre le système capitaliste, rebaptisé selon les lieux « économie de marché » ou « libre entreprise » ou « système de la société anonyme ».

John Kenneth Galbraith considère que « L’expression économie de marché est creuse, fausse, insipide et mièvre »

JK Galbraith écrit (p23 et suiv) : « Capitalisme, en son temps, était le terme consacré pour désigner non seulement le système économique, mais aussi les détenteurs du pouvoir économique. Il y eu le capitalisme marchand, le capitalisme industrielle capitalisme financier. Ces termes sont encore utilisés » dit-il mais...

« Parce que le terme capitalisme évoque une histoire parfois déplaisante, ce mot est de moins en moins usité. Pour les économistes, les porte-parole des entreprises, les orateurs politiques prudents et certains journalistes l’expression polie est aujourd’hui économie de marché. Il arrive qu’on entende encore capitalisme mais rarement chez les défenseurs de du système rompus aux finesses de la langue." (p17 et suiv) :

JK Galbraith donne quelques explications : " En 1907, face au danger manifeste d’une banqueroute générale à Wall Street, on se persuada que le capitalisme n’était pas seulement exploiteur, mais, par nature, autodestructeur…/…
Le Sherman Antitrust Act se proposait d’interdire et de punir les situations d’abus de monopole. La Federal Réserve fut crée en 1913 pour poser des limites au monde de la finance. La Federal Trade Commission fut instaurée sous la présidence de Woodrow Wilson et dotée d’un pouvoir de réglementation impressionnant. Le capitalisme était alors si mal vu que les Républicains oeuvraient avec autant d’énergie que les Démocrates, et parfois plus, à corriger ses abus…/… Puis vint le krach de 1929. » Etc.

S’agissait-il d’excès, d’abus ? Réponse de JKG : « De toute évidence, le capitalisme ne marchait pas. »

Néanmoins les classes sociales dominantes bénéficiaires du dit système ont préféré changer le nom plutôt que le réel : « On se mit ardemment en quête d’une dénomination plus douce. Aux Etats-Unis, on essaya libre entreprise. Le terme n’a pas pris : quand il s’agit des décisions des entreprises, la liberté ne rassure pas. En Europe, il y eu social-démocratie - le capitalisme et le socialisme cohabitant en bonne intelligence. »

Là je réfute le propos : il importe de savoir quelle est la logique dominante à l’oeuvre dans le pays (ou le continent voire le monde) car c’est soit le capitalisme et la recherche du profit d’abord par les bureaucraties privées des grandes entreprises qui dominent largement l’activité économique du pays, ou soit le socialisme et la logique de satisfaction des besoins sociaux d’abord qui prend le pas au sein de l’économie nationale.
L’économie-mixte « de cohabitation en bonne intelligence » est largement fausse. Celle de feu Mitterrand n’a pas durée longtemps après son élection en 1981. Dès 1983 il basculait dans les politiques classistes d’austérité qui annonçaient le tournant français du néolibéralisme et la longue vague de thatchérisation du pays, que le peuple classe subit toujours.

Christian DELARUE

1) John Kenneth Galbraith a écrit beaucoup de livres d’économie - voir wikipedia - mais, comme non économiste, je cite seulement ici « La République des satisfaits » (1992) ou « Pour une société meilleure » (1996).