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INTOX & HONTE : Distribution de drapeaux tricolores français aux maliens. C Delarue

lundi 11 février 2013, par Amitié entre les peuples

INTOX & HONTE :

Distribution de drapeaux tricolores aux maliens.

Il est loisible d’acquérir une sensibilité de résistance à la mentalité coloniale, donc au refus de ses pratiques, comme on peut acquérir au travers d’expériences de proches, une sensibilité à l’injure raciste ou à l’insulte sexiste. A un moment donné on ne supporte plus ces formes de domination ou d’oppression.

La sensibilité est dans les détails.

Il y a des détails qui sont trop lourds de sens. Ainsi le fait de distribuer des drapeaux tricolores français « bleu, blanc, rouge » aux maliens pour saluer les militaires français devant les caméras.

Quelle manipulation des éventuels remerciements ! Quelle inculcation d’un sentiment national et néocolonial ! J’attends que les diplomates étrangers africains viennent distribuer des petits drapeaux africains lors d’un prochain match en France.

Quelle contre-éducation - du niveau de la sous-culture « people » des marchands de foot - aux refus des dominations nationalistes et colonialistes. Etre sensible à cette « injure néocoloniale » c’est comme être sensible aux injures racistes et sexistes.

Deux logiques de domination.

Il se trouve qu’au Mali on a affaire à deux formes particulièrement puissantes et nuisibles de domination, l’une venant des puissances impériales, l’autre venant de l’islamisme djiadiste.

Le premier entend s’assurer sa place dans la course des puissances impériales dans la région, l’autre répand une peste intégriste et sexoséparatiste extrêmement violente contre les femmes maliennes et in fine contre toute la société qu’ils entendent soumettre.

Quel choix ?

Est-ce le peuple-classe malien qui a décidé quel était l’ennemi principal : l’armée française ou les islamistes ? Non, il est possible qu’il ne voulait ni l’un ni l’autre. On est, solidaire de ce double refus. Il n’y a pas de domination acceptable.

La conjoncture a voulu que tout le long de 2012 ce soit l’islamisme qui apparaisse comme le plus barbare et de loin et l’armée française comme le moindre mal à défaut d’une intervention malienne ou même africaine. Cela se comprends pour les uns, pas du tout pour d’autres.

L’heure de vérité approche.

Mais bientôt, les désaccords entre les anti-impérialistes radicaux et les anti-impérialistes modérés - ceux qui admettent une intervention sur demande et pour exécuter une mission précise mais pas plus - vont s’effacer.

On ne saurait en effet croire longtemps, que cette approbation de l’intervention française dure. Dès que les objectifs cachés deviendront visibles - ce qui ne saurait tarder pour certains mais qui peut prendre plus de temps à échelle de masse - les maliens exigeront non seulement le retour des armées dans les casernes françaises, mais aussi le retour de TOTAL et d’autres firmes multinationales françaises ou nord-américaines (USA). C’est à ce moment là qu’il faudra poursuivre l’action solidaire.

Christian DELARUE