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Note sur « Ni pardon ni talion » de Raoul VANEIGEM

samedi 9 février 2013, par Amitié entre les peuples

Note sur Ni pardon ni talion de Raoul VANEIGEM

Ce livre ne porte pas principalement sur les rapports interpersonnels. Son sous-titre est « La question de l’impunité dans les crimes contre l’humanité ». (La Découverte fév 2009).

 Pour une praxis d’humanisation des moeurs.

De façon générale et pour le dire d’emblée, l’auteur plaide « pour l’humanisation des mœurs et des comportements » dans un chapitre intitulé « ni punir ni pardonner mais affermir le sens humain » (p70) qui explicite assez bien sa thèse. Ce livre ne parle que très peu des institutions de justice internationale. Son propos est ailleurs : « On ne saurait se comporter aussi inhumainement que ses ennemis » en est un exemple.

 Une question se pose quand même, à mon sens, au fil de la lecture : pourquoi ne pas pardonner ?

R Vaneigem répond ceci : « Le pardon, comme le péché et son rachat, absout la faute en la payant ; il ne se soucie pas de tout entreprendre pour que l’erreur ne se reproduise pas. Loin de rendre les hommes meilleurs, le pardon les endurcit dans l’idée d’une fatalité à laquelle il n’est de remède que la compassion. Je souhaite que rien ne soit oublié afin que la culpabilité s’efface pour ne laisser subsister sous nos yeux que l’erreur dont il faut empêcher la récidive. »(p90)

 Le point de départ et la trame centrale :

L’auteur part de l’idée de JJ Rousseau qui suggère que l’homme naît bon et que la société le rend mauvais. L’intuition de JJ Rousseau exprime les bases d’un radicalisme qui va se heurter aux marchands de bonheur. Il va promouvoir un autre être humain, un humain libre, égal et fraternel. La logique marchande a pu être un progrès dit-il quand elle a préféré un homme corvéable à un cadavre. Au lieu de massacrer les prisonniers on s’est mis, avec cette logique, à les vendre comme esclaves. L’humanisme a donc commencé sa route avec ce recul de la barbarie sous l’avènement du marché. Mais elle n’a guère dépasser ce stade à cause de la logique du profit qui la soutient et de l’invention du salariat qui lui est nécessaire. L’austérité des religions se maintenait au travail avec rigueur mais l’hédonisme devenait le principe de vie à l’extérieur, hors du travail, dans la société civile. La grisaille au travail et les paillettes dehors cachent l’aliénation du fossé inscrit au cœur de la société consumériste.

 En guise de critique (modérée)

On peut remarquer que si R Vaneigem porte une critique radicale de la société marchande il ne dit rien de la riposte contemporaine au çà débridé par le marché ; riposte faite en terme de discours contraire avec un surmoi blindé et rigoriste qui pousse à une politique psychorigide, répressive, morbide et sexiste contre la dite marchandisation notamment via la montée de l’intégrisme religieux des trois grands monothéismes. Ces intégrismes défendent l’inégalité des sexes, le sexoséparatisme et la répression sexuelle. La marchandisation néolibérale apparait comme une douceur face à cette barbarie montante.

Cependant, il faut le dire, on trouve des éléments de « style de vie » chez l’auteur qui font réponse globale. Contre les prisons réelles mais aussi les prisons de l’enfermement sexoséparatiste il faut s’ouvrir à la vie mais en combattant le sexisme, les insultes et les violences. Il faut préférer les écoles mixtes aux diverses prisons et en finir avec la cruauté.

Christian DELARUE

Autres livres bien différents sur le sujet :

Le crime contre l’humanité chez Erès développe les thèmes de l’incrimination, du procès, des aspects de psychologie clinique, de débats entre juristes et psychologues, etc...

Le droit d’ingérence Mutation de l’ordre international de Mario BETTATI Ed Odile Jacob (Fév 1996). Le même Mario BETTATI avait auparavant - en 1987 - écrit avec Bernard KOUCHNER Le devoir d’ingérence aux Ed Denoël.

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