MOEURS et EQUILIBRATION : Entre sublimation répressive (surmoi trop sevère ) et désublimation répressive (çà trop débridé) - Christian Delarue
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MOEURS et EQUILIBRATION : Entre sublimation répressive (surmoi trop sevère ) et désublimation répressive (çà trop débridé).
Entre Marcuse et Fromm (donc sur un fond d’anthropologie freudienne appliqué à la culture et à la société), nous essayons de penser les "excès humains" . Il s’agit de donner une perspective générale d’équilibration entre les contraires , pour "se tenir" - position existentielle - entre « çà » débridé et « surmoi » rigide et sévère.
Cette position existentielle peut se réclamer d’une volonté émancipatrice qui nous semble toujours fragile au plan individuel car soumise à la congruence difficile entre le dire et le faire . Il semble, qu’il faille dire - importance de la parole - pour tendre à faire, mais à pour soi et éventuellement pour soi avec autrui (si on est en charge de responsabilité collective) et non pas un "faites ce que je dis et pas ce que je fais".
En arrière plan de cet essai on trouvera, sur un plan plus socio-culturel, une double critique récurrente, d’un côté celle des sociétés libérales fondées sur capitalo-patriarcat, de l’autre côté celle des sociétés autoritaires et répressives fondées sur la sexyphobie voire le sexoséparatisme des intégrismes religieux.
La sublimation non répressive participe de l’émancipation humaine.
La sublimation comme catégorie anthropologique globale repousse ce qui se rattache au sexe, au corps, à la sexualité, au charnel, à la séduction par un mécanisme de très forte distanciation, par un effort de spiritualisation, un souci de transcendance. Cela peut déboucher, par exemple, sur un modèle d’ « amour sans sexe » car la sexualité y est frappée d’interdit, la seduction et le sexy aussi. La sublimation est ici allée trop loin et est devenue répressive. La sublimation a en quelque sorte sa face positive et négative.
L’art, les oeuvres, la science, l’activité de construction de la civilisation relève du travail positif de sublimation. Il permet des relations pacifiées ou la domination est très réduite et le patriarcat très restreint . Mais il y a aussi à penser et voir la face négative de la sublimation, qui apparait lorsque la sublimation devient répressive pour soi et pour autrui .
Au niveau sociétal, la sublimation répressive se rattache au surmoi rigide qui débouche sur l’autoritarisme de moeurs et notamment sur les attitudes et comportements des intégrismes religieux. La répression contre la liberté des femmes et des hommes y est fréquente en matière de moeurs. Nous avons là potentiellement des sociétés autoritaires et sévères qui tendent vers un hyperpatriarcat fondé sur le sexoséparatisme et-ou la sexyphobie.
La désublimation contenue et limitée avec un surmoi moins rigide aussi.
Un surmoi moins rigide au sein de sociétés plus tolérantes autorise une désublimation relative pour des activités de plaisirs qui participent de l’épanouissement de soi (et d’autrui le cas échéant). Pour se faire ces activités doivent conserver la dignité d’autrui et son consentement pour ne pas basculer dans une "désublimation répressive" ou un çà trop débridé peut mener au sadisme et à la barbarie. L’étude du sadisme renvoi à Erich Fromm.
Avec la désublimation, la sexualité est libérée de tout tabou, de tout frein. La pulsion est donc libre et elle permet non seulement du « sexe sans amour » - ce qui n’est pas une catatrophe si consentement réciproque (qui montre la présence et la médiation d’une norme)- mais aussi et surtout du « sexe sans l’autre », sans son plaisir (réciproque), et même du « sexe sadique », du sexe qui fait jouir de la souffrance d’autrui.
La pulsion débridée permet le viol, la prostitution, le porno hard alors que la pulsion limitée, contenue, autorise l’erotisme, la masturbation avec une objectification limitée de complicité, consentie, souhaitée. L’inconvenient social de la pulsion débridée ce n’est donc pas que toute l’énergie libidinale se concentre dans ou sur l’acte sexuel et sur les zones érogènes du corps, c’est qu’autrui risque tout bonnement de disparaître avec violence. Cette néantification d’autrui, cet oubli d’autrui signe la chute dans la barbarie, alors que la tension vers le « civilisé » tient compte d’autrui qui ne subit ni violence active ou passive.
Christian Delarue
avril 2016
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