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Le choix de l’affirmation du mépris. C Delarue

lundi 17 septembre 2012, par Amitié entre les peuples

LE CHOIX ET L’AFFIRMATION DU MEPRIS

Le mépris n’est pas de la violence ouverte . Il peut être mondain,
portée durablement mine souriante ou attristée pour les tiers, selon les circonstances. Il use de masques. Il est une force tranquille parce
qu’insidieuse. Il est sélectif.

Observons aussi qu’il se « collectivise » plus aisément que la reconnaissance.

I – RESSENTIMENT : UNE HAINE QUI MONTE EN FORCE !

 Un littéraire et un philosophe en parlent : Alberto MORAVIA la décrite
entre Riccardo et Emilia dans « Le Mépris ». Riccardo doit subir
l’indifférence des silences et la froideur des regards vides de sa femme
Emilia. Pour le philosophe Spinoza le mépris est une forme de haine qui consiste à nier autrui.

 La montée en puissance de la haine : Le mépris peut d’abord se
manifester clairement par un discours du dégoût ou de la dévalorisation prononcée. Il n’est pas nécessairement accompagné d’insultes et d’injures . Il peut tenir d’abord dans un regard noir, franchement haineux puis par la suite dans l’ignorance totale de celui ou celle qui fait l’objet du ressentiment. Cette personne sera alors posée comme invisible, inexistante. C’est la néantisation de l’autre.

II - LE STADE DE LA VIOLENCE DESTRUCTRICE

Plus que de l’évitement issue d’une crainte - la phobie d’autrui -, le
mépris veut la destruction symbolique de l’autre. Pour ce faire, elle ne
jettera même pas un regard noir, elle vous ignorera totalement. La haine la plus puissante consiste à vous croiser sans vous saluer. Cette
ignorance totale créé des dégâts psychologiques graves, surtout si cette personne avait il y a peu une grande importance dans votre vie. Cette violence n’est pas visible par les proches.

Le comble de la destruction est atteint quand la question se pose : si
je suis méprisé, n’est-ce pas parce que je suis méprisable ? Dans un
premier temps le méprisé va travailler à sa réhabilitation car il n’y
croit pas mais il se rend compte que rien n’y fait. C’est que la logique
de la haine est incompatible avec celle de la compréhension, de la
communication, du compromis, et plus encore avec celle du pardon. La
haine prends la place de l’amour qui est parti ailleurs.

III - LE MEPRIS EST CONTAGIEUX

Le mépris se partage, se répand . Au lieu de créer des ponts et des
liens comme l’amour il va créer des fossés et des frontières . Il va
embrigader des amis afin qu’ils soient plus prompts à sortir le glaive
qu’à favoriser les compréhensions.

Pour que le mépris perdure il ne faut pas rompre le délire paranoïaque
il faut au contraire le renforcer et construire ainsi une logique de
camp. On est pour l’un et contre l’autre !

IV – QUE FAIRE CONTRE ?

Lutter contre le mépris passe par la parole qui brise les murs, ouvre
les cœurs. Il s’agit de permettre de voir l’autre autrement, de ne pas
le réduire à son stigmate. C’est le début d’une reconnaissance de son
humanité.

Christian Delarue