Accueil > Antisexisme - Féminisme > Mondialisation, genre, patriarcat, > La double peine des étrangères. M Barbier

La double peine des étrangères. M Barbier

lundi 22 février 2010, par Amitié entre les peuples

La double peine des étrangères

Par Marie Barbier le mercredi 10 février 2010, 08:00

st_s_violences_conjugales_275

Image Dazibaoueb

Mars 2008, Maubeuge (Nord). Salima (1), marocaine de 28 ans se rend au commissariat porter plainte pour violences conjugales. Seulement voilà, Salima n’a pas de papiers. Et plutôt que de la protéger de son mari violent, les policiers la mettent en garde à vue pour séjour irrégulier. Elle sera expulsée vers le Maroc quelques jours plus tard.

Des histoires comme celle-ci, Violaine Husson en a entendu des dizaines. Coordinatrice régionale de l’action femmes de la Cimade, elle s’occupe depuis 2004 d’une permanence d’accueil et de soins exclusivement consacrée aux femmes étrangères. La liste des violences sexistes et familiales qu’elles subissent est longue : conjugales, mariages forcés, mutilations sexuelles, réseaux de prostitution, traite, esclavage moderne, etc. A ces premières violences subies dans le pays d’origine ou en France, il faut en ajouter une seconde, institutionnelle et administrative. « Quand on est étrangère et victime de violences conjugales, c’est le parcours du combattant » résume Violaine Husson qui rappelle que des dispositions légales existent, mais sont peu ou mal appliquées.

Ainsi, les femmes mariées avec un français ou une personne en situation régulière sur le territoire sont dans « une dépendance administrative très forte, explique Violaine Husson. Il est difficile de quitter le domicile quand la délivrance ou le renouvellement du titre de séjour est conditionné à la communauté de vie... »

Pour interpeller l’opinion publique et améliorer la loi, la Cimade a lancé hier une campagne de sensibilisation au nom bien trouvé « Ni une, ni deux ». Objectif : faire signer une charte d’engagement aux élus et se saisir de la loi sur les violences, qui doit être discutée le 25 février à l’Assemblée nationale, pour améliorer les textes.

Article paru dans l’Humanité du 10 février

(1) Le prénom a été modifié