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La démocratie à la Tocqueville contre tout trajet vers l’égalisation des conditions Christian DELARUE

lundi 6 août 2018, par Amitié entre les peuples

La démocratie « à la Tocqueville », contre tout trajet vers l’égalisation des conditions.

Tocqueville voyait de façon méfiante la tendance à l’égalité derrière la Démocratie, en fait derrière la démocratisation comme processus lent qu’il voyait se développer.

La démocratie « à la Tocqueville » semble inspirer certaines élites peu soucieuses d’intérêt général, de « partage du gâteau », d’égalisation des conditions . L’idée d’Entreprise-France et de Start-up nation du macronisme correspond bien à ce privilège donné aux « premiers de cordée », la finance, la bourgeoisie bancaire et tout le 1% d’en-haut.

Derrière son suffrage universel maintenu, cette démocratie tocquevillienne ressemble fort à une démocratie censitaire. L’ universalisme y est de façade . Derrière on trouve rapidement la défense de l’économie financière mondialisée qui favorise partout une petite minorité très riche des populations.

Ayant peur du peuple - une fraction du peuple-classe n’est il est vrai guère progressiste mais est-ce une raison pour la promotion de l’injustice sociale - ces élites entendent réduire la démocratie au vote du Président (présidentialisme) et à la simple alternance entre droite et gauche modérée, afin d’éviter tout trajet vers « l’égalisation des conditions ».

Evoquant l’« égalisation des conditions » c’est bien une autre démocratie qui se profile, une alter-démocratie qui va plus loin qu’une simple référence à « l’Etat de droit » en plus des élections périodiques. C’est que le droit qui pose des sujets de droits dignes et égaux, même pratiqué sous le principe de l’universalisme juridique, ne va pas forcément vers une dynamique de justice sociale, de justice fiscale, de République sociale. Or c’est ce qui importe aux classes populaires.

Il y a un lien entre alter-démocratie et République sociale car tout projet démocratique mis en oeuvre dans cette perspective dit services publics défendus avec du personnel qualifié, formé, en nombre suffisant, des services publics sur tout le territoire travaillant à combattre le mal-développement territorial (inégalités) et les inégalités sociales. L’idée d’Etat social facille sous les coups du néolibéralisme mais son contenu - revu si besoin - en termes de progrès pour les classes sociales modestes reste encore présent !

Or on prend le chemin inverse depuis longtemps. Et là on enfonce le clou pour la « casse sociale ».

 Séparatisme démocratique

Ceci dit même le Figaro porte une critique de la « trahison de la démocratie » et évoque un « séparatisme démocratique » des élites ! Une dérive oligarchique élargie au 1% d’en-haut.

Par Coralie Delaume Publié le 20/04/2018 à 15:20

Citation :

La Révolte des élites et la trahison de la démocratie est le titre d’un livre du sociologue américain Christopher Lasch, publié à titre posthume en 1995. Bien sûr, l’ouvrage analysait l’Amérique de son temps. Pourtant, il s’applique parfaitement à la France et à l’Europe d’aujourd’hui, dont il semble avoir anticipé l’évolution des classes favorisées avec une acuité visionnaire.

Le livre pose une hypothèse :

Ce n’est plus la « révolte des masses » qui menace désormais la vie démocratique, mais la coupure de plus en plus prononcée entre le peuple et les « élites ». Une coupure tant économique et matérielle qu’éducative et intellectuelle, dont résulte le repli sur eux-mêmes des privilégiés. Ces derniers ne parlent plus qu’à leurs pareils, c’est-à-dire non seulement à ceux qui bénéficient d’un même niveau de richesses, mais également à ceux qui partagent le même niveau d’instruction. Ils adorent mettre en scène leur pouvoir et le font de mille façons : exhibition des signes extérieurs de richesse, bien sûr, mais également - et de plus en plus - de leur patrimoine culturel. Le discours, ahurissant de cuistrerie, du président Macron sur l’intelligence artificielle (29 mars 2018) en est un exemple qui confine au grotesque. En revanche, ils n’assument plus que de mauvaise grâce les charges et responsabilités qui devraient leur incomber, et préfèrent le service de leur intérêt bien compris à celui d’un « intérêt général », dont ils ne conçoivent même plus qu’il pût exister.

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/04/20/31003-20180420ARTFIG00185-la-secession-des-elites-ou-comment-la-democratie-est-en-train-d-etre-abolie-par-coralie-delaume.php

Christian DELARUE

Quelle démocratie pour l’égalité ? | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/220614/quelle-democratie-pour-l-egalite

"il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté. »

— Alexis de Tocqueville - De la démocratie en Amérique, T. I, première partie, chap. III (Vrin).