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La démocratie du contrôle d’en-bas sur en-haut. Christian DELARUE

dimanche 28 juillet 2019, par Amitié entre les peuples

La démocratie du contrôle d’en-bas sur en-haut

Rapprochons Marx et Foucault qui sont deux penseurs de la modernité et du pouvoir. Retenons que : « là où Marx nous permet de penser le pouvoir d’exploitation, Foucault nous permet de penser le pouvoir de contrôle » (Contretemps).

Souvent c’est le peuple qui est sous surveillance par les élites oligarchiques - indirectement bien sûr - via un encadrement spécialisé dans la norme et la discipline . Une démocratie d’en-bas et par en-bas devrait aussi, à l’inverse, surveiller ceux et celles d’en-haut !

I - SORTIR DU SARKOZISME SANS SARKOZY !

Il n’y qu’à relire l’ouvrage « Une République sous haute surveillance » de Serge PORTELLI pour saisir dans quel sens et avec quelle conséquence Nicolas Sarkozy comprenait la surveillance et le contrôle ! Il y eu ensuite du sarkozisme sans Sarkozy. Le terrorisme a bien permis de déploiement d’un libéralisme autoritaire (ie libéralisme économique pro-MEDEF, plus autoritarisme policier)

LE KARCHER de Nicolas SARKOZY ou de Emmanuel MACRON N’EST PAS BON CONTRE LE PEUPLE ! « Il nettoie bien, vite et fort mais ne répare pas. Il ne soigne pas » écrivait Serge Portelli. Sans Etat social les maux reviennent ! Et une société qui ne fonctionne qu’à la répression est une société mauvaise faite de surveillance de tous contre tous. C’est une société policière. Budget pour la police rien pour les autres services publics de l’Etat social !

LA FORCE (policière) SANS LA JUSTICE EST TYRANNIQUE. Ce n’est pas nouveau que la police, fut-elle républicaine, est au service de ceux d’en-haut, du 1%. C’est une constante historique ! Une fraction d’elle est de plus fascisante, toujours prête à humilier en plus de réprimer. Exemple : jeunes à genoux, mains liées dans le dos ! Ils jouissent de cela les fascistes de la police comme ceux hors police !

II - CONTROLER ET FAIRE CESSER LA DESTRUCTION SOCIALE

Pendant ce temps-là ce sont les élites politiques et économiques qui ne sont pas surveillées, pas contrôlées. La démocratie exige au moins autant sinon plus le CONTRÔLE DES ELITES POLITIQUES et ECONOMIQUES que le contrôle des classes populaires.

La démocratie ne se contente pas d’affirmer que le peuple citoyen est source de la souveraineté pour dire ensuite, façon Debré jadis, « que le peuple s’amuse le dimanche et travaille la semaine » ! Non la démocratie c’est aussi le peuple comme se dotant d’organes de contrôle des élites.

Et c’est là qu’il faut parler d’une crise de ce qu’on appelle parfois les « corps intermédiaires » de la société. Ce sont bien les corps intermédiaires, syndicats et associations, qui peinent à assurer ce contrôle. C’est qu’il y a plusieurs problèmes .

Ils représentent la société civile, laquelle est clivée entre élites économiques prédatrices et peuple-classe subissant la prédation ! Il y a aussi d’autres clivages et d’autres dominations et oppressions (sexisme racisme, homophobie, etc) ! Il y a aussi le fait que les lois ne sont pas faites pour eux, ceux et celles d’en-bas, fussent-ils (ou elles) en position reconnue officiellement de « contrôleur » et de contestataire.

III - THANATOS NEOLIBERAL : UNE LOGIQUE DE DESTRUCTION SOCIALE

Sont-ils devenus eux - le 1% (de toute fraction, politique, économique, et administration) - aveugle à leur logique féroce de destructivité sociale et civilisationelle ? Que penser de cette casse reconduite des appuis sociaux, si utiles à l’épanouissement des individus, depuis plus de 35 ans ? Le néolibéralisme c’est aussi, pour reprendre Erich Fromm, une féroce « passion de détruire » (1973) mise en pratique contre les règles codifiées jadis de protections des faibles et de tous les dominé.e.s.

Cette destructivité sociale et écologique est aussi démocratique. Le régime organise certes toujours des élections mais il réduit les libertés démocratiques. Il pratique le libéralisme autoritaire soit un mixte de libéralisme économique pour les puissants et un autoritarisme policier violent contre celles et ceux qui contestent.

IV - QUELLE RIPOSTE DU PEUPLE-CLASSE, des 99% ?

Jacques Bidet défenseur de la « classe populaire », équivalent du peuple-classe, écrit page 83 de « Eux et nous - Une alternative au populisme de gauche (Ed Kime 2018) » : « Les capitalistes sont parvenus à désarmer une partie du peuple, à neutraliser les emprises acquises, conquises de haute lutte, qui se matérialisaient en droits sociaux, et en premier lieu en une certaine stabilité de l’emploi. Le phénomène, en effet, n’est pas cyclique, mais tendanciel, relevant d’une tendance structurelle de long terme, caractéristique du néolibéralisme. »

On peut effectivement dire que depuis plus de 35 ans, quasiment chaque nouvelle « réforme » gouvernementale, contient des concessions mineures aux syndicats de travailleurs et beaucoup plus de privilèges accordés au patronat ou aux multinationales. Désormais il n’y aurait plus de « grains à moudre ». Le gros des réformes néolibérales se font au profit des grands actionnaires, de la finance, des riches et du 1% d’en-haut.

Les réforme néolibérales fragilisent les classes sociales du peuple-classe en les soumettant toujours plus à la marchandisation. Le droit social, sous divers codes, ne sert plus à protéger par des règles contre la précarité, contre le déclassement social, contre l’insolvabilité et la pauvreté. Il sert au contraire à libéraliser, assouplir, précariser, fragiliser. L’insécurité sociale contemporaine est le produit de 35 ans de néolibéralisme destructeur. C’est là le travail de Thanatos, le travail du mal.

V - LE TRAVAILLISME UN CONTRE-MOUVEMENT REACTIONNAIRE

La RTT à 35 heures hebdomadaires sans perte de salaire constituait une exception à cette tendance lourde du néolibéralisme destructeur. Cette RTT s’appuyait sur une oeuvre progressiste et civilisatrice de très longue durée. Il y a bien eu un mouvement progressiste de RTT sur tout le XX ème siècle . Cela était insupportable pour la droite patronale,

Le temps du travaillisme - faire travailler plus ceux et celles qui travaillent déjà - est donc revenu sous pression du patronat et de la droite. L’actuel gouvernement est ici à l’offensive . Au lieu de poursuivre le mouvement de RTT vers les 32 ou les 30 heures hebdomadaires sans perte de salaire ou traitement pour les 99% il s’agit de revenir en arrière. Le travaillisme constitue un contre-mouvement réactionnaire.

Ce travaillisme peut s’exprimer en élevant, par des techniques diverses, le seuil de la retraite à plein droit . Autrement dit, pour partir avec une retraite décente il faudra travailler plus longtemps, bien après 60 ans : 62 ans, puis plus encore. Telle est la dynamique travailliste ! Vous pourrez certes partir avant mais alors avec une petite retraite. Il y a beaucoup de retraités à petits revenus !

Le travail pénible ne sera plus reconnu. On fera aussi semblant d’ignorer que dans nombre de secteurs, il est difficile de trouver du travail après 55 ans, voir après 50 ans. Quand aux fonctionnaires, des « souplesses » au statut seront introduites pour des mises à la retraites anticipées car les fonctionnaires de fin de carrière (plus de 60 ans) coutent chers (système de la carrière) alors qu’ils sont plus fatigués.

XX

Repenser le « tous ensemble » contre le néolibéralisme !

Le néolibéralisme est fécondé par une idéologie sélective à la Spencer de préférence aux plus fort.e.s ou les faibles ne sont plus conservés mais éjectés. Le néolibéralisme valorise la mise en concurrence de chacun contre tous, de tous contre tous, il ne saurait promouvoir l’inclusivité, l’adelphité, l’égalité, la civilisation. Il porte intrinsèquement les inégalités et la guerre sociale.

Christian DELARUE