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Inégalités et exigences de justice sociale en France - Note Christian Delarue

jeudi 30 juin 2022, par Amitié entre les peuples

INEGALITES ET EXIGENCES DE JUSTICE SOCIALE EN FRANCE

Note de lecture de Christian Delarue d’octobre 2012

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/101012/note-sur-inegalites-et-exigences-de-justice-sociale-en-france

Face aux inégalités économiques et sociales montantes de la période néolibérale, quels sont les représentations ou les sentiments de justice sociale exprimées par les français ?

Pour y répondre nous avons lu : « Les français face aux inégalités et à la justice sociale » sous la direction de MICHEL FORSE et OLIVIER GALLAND
Armand Colin fev 2011 (280 pages)

Déjà Durkheim (1893) considérait que la justice sociale était au cœur de la cohésion d’une société et de son « vivre ensemble ». Qu’en est-il aujourd’hui à l’heure des grandes inégalités dans plusieurs domaines ? Comment ces inégalités sociales sont-elles perçues ? Quel est est dès lors le sentiment de justice sociale ? Ce livre collectif est moins de théorie que d’enquêtes. Il se divise en trois grandes parties : 1 . Les représentations des inégalités. 2. Les sentiments de justice 3 . Vers une société équitable.

La justice sociale est un principe flou.

Il se décline ordinairement sous trois grandes exigences en matière de répartition des richesses qui se trouvent combinées de façon variable selon les individus : 1 La garantie des besoins de base, 2 Une réduction des grandes inégalités de revenu, 3 Un maintien de la reconnaissance du mérite.

La garantie des besoins de base est montante sur le logement, la nourriture, l’habillement, la santé et l’éducation. Le principe dit du « maximin » est selon John Rawls (1971) un des principes fondamentaux de justice sociale. Mais la justice sociale ne se limite pas à cela. Or il y a des différenciations sur la combinaison des deux autres exigences.

Peu défendent un égalitarisme absolu et une égalité sans reconnaissance du moindre mérite individuel . C’est donc la place du mérite qui sert de critère différentiel. Quand le poids accordé à la méritocratie est fort et le souci de réduction des inégalités est faible le sentiment de justice sociale, nommé équité, se reporte sur la seule garantie des besoins de base, avec de plus une conception stricte de ces besoins. Là aussi peu de gens défendent une méritocratie absolue. De l’autre côté, le sentiment de justice sociale inclinera à une reconnaissance réduite du mérite et à un souci plus important de construire l’égalité dans plusieurs domaines sociaux. Quand aux besoins de base ils seront entendu plus largement.

Domaines de « sensibilité ».

Les questions de santé sont celles ou les français sont le plus égalitaristes. Il est étonnant de voir que la question du logement pour les défavorisés ne donnent pas lieu aux mêmes sentiments d’injustice sociale. Il y a quand même 75% des enquêtés qui sont favorables à un logement (social) pour les sans-abri et les ménages modestes. Mais les habitants des villes sont plus sensibles aux questions de mixité sociale que de priorité aux ménages modestes. A l’inverse, les ruraux sont plus « prioritaristes » (pour les sans abri et les modestes).

Redistribution : plus en-bas et moins en-haut !

Les français veulent resserrer les écarts de revenus mensuels sans remettre en cause les rangs des salaires. (p33) Ils veulent moins d’inégalités salariales mais pas l’égalité absolue. Une méritocratie relative - on l’a vu - est admise.

Le salaire « souhaité » (6500 euros) du médecin généraliste sert de pivot à la réduction souhaité des français de la hiérarchie des salaires.
Autrement dit : ceux qui ont moins que 6500 euros doivent avoir plus
et ceux qui ont plus de 6500 euros doivent avoir moins mais en conservant la hiérarchie des salaires qui n’est nullement bousculée.

Le choix entre trois types simplifiés de sociétés.

Pour mobiliser les différentes couches sociales du peuple-classe il est judicieux de proposer des types simplifiés de société. En présenter trois permet de choisir la plus juste.
(nb : C’est la typologie comparée qui importe pas les montants choisis)

Société A
Les plus démunis gagnent en moyenne 1000 euros par mois.
Les gens au milieu gagnent en moyenne 1500 euros par mois
Les plus aisés gagnent en moyenne 3000 euros par mois

Société B
Le bas gagne 1200 euros
Le milieu : 2000 euros
Le haut : 6000 euros

Société C
Le bas a 800 euros
Le milieu a 2500 euros
Le haut a 15000 euros.

Le type C correspond à une société très inégalitaire, socialement injuste. Elle pourrait ressembler à la notre à ceci près que les riches sont encore bien plus riches et les pauvres bien plus pauvres. Il n’y a que 8% de personnes a soutenir ce type de société. Quoique minoritaires, ils arrivent à ce qu’elle ne soit pas remise en cause. La raison est qu’il s’agit des plus riches qui disposent de plus de pouvoirs dans la société.

Les types A et B sont plus équilibrés. La cohésion sociale est mieux assurée, le sentiment de justice sociale est mieux perçu. Mais la société B apparait comme la plus juste socialement car elle permet de mieux satisfaire les besoins sociaux eu égard au cout actuel de la vie. Elle est la société modèle car 76% de personnes la défendent. La société A apparait comme trop restrictive pour une trop large fraction de la population c’est pourquoi seulement 16% y sont favorables.