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Femmes contre les intégrismes ou le danger du relativisme culturel A Dhoquois

dimanche 28 décembre 2008, par Amitié entre les peuples

Femmes contre les intégrismes ou le danger du relativisme culturel

par Anne Dhoquois

http://www.place-publique.fr/mag/magspip/imprimersans.php3?id_article=195

L’association Femmes contre les intégrismes se bat depuis 1995 pour le respect du principe d’égalité de droit et de traitement entre les femmes et les hommes en France et au Maghreb. Elle dénonce tout particulièrement l’application, des deux côtés de la Méditerranée, des codes de statut personnel ainsi que les dangers du relativisme culturel.

« Dans les cités, beaucoup de maires ont signé la paix sociale sur le dos des femmes en travaillant avec des associations d’obédience religieuse sans regarder de trop près leurs pratiques concernant le droit des femmes ». Les propos émanent de Françoise Kayser, vice-présidente de Femmes contre les intégrismes (FCI), association réunissant une vingtaine d’adhérentes qui se bat depuis 1995 pour le respect du principe d’égalité de droit et de traitement entre les femmes et les hommes en France et au Maghreb.

Les codes de statut personnel

Si le combat de Femmes contre les intégrismes a commencé par un élan de solidarité envers les Algériennes pour les aider dans leurs luttes, l’association s’est vite préoccupée du sort des femmes immigrées en France. Et de constater que ces dernières connaissent les mêmes discriminations que les femmes restées au pays. La raison à cela : les codes de statut personnel (exemple : code de la famille algérien voté en 1984) qui maintiennent les femmes dans des situations de dépendance et de soumission et sont appliqués aussi de ce côté-ci de la Méditerranée.
L’association dénonce : « si l’on n’y prend pas garde, la volonté de conciliation entre deux ordres juridiques différents, celui des pays musulmans étant inspiré de la Charia, aboutit, par le truchement de conventions bilatérales entre l’Algérie et la France, à l’application de lois discriminatoires à l’encontre de femmes étrangères ou d’origine étrangère vivant sur le sol européen ». Celles-ci seraient donc les victimes d’un pluralisme juridique qui les soustrairaient au droit français au profit du droit musulman. De fait, aujourd’hui encore, les mariages polygamiques imposés par les maris, les femmes répudiées vivant dans le dénuement, sans logement ni ressources, les jeunes filles séquestrées, les mères dont les enfants sont enlevés, etc. ne sont pas des cas isolés.
Dénoncer mais aussi agir, telles sont les deux priorités de « Femmes contre les intégrismes ». Après avoir effectué des recherches pour trouver les moyens de se saisir des outils juridiques à disposition et des possibilités de recours nationaux et internationaux, l’association a en effet publié le guide « Madame, vous avez des droits », réédité en 2002 à 15 000 exemplaires. Puis, pour faire avancer la jurisprudence et, pourquoi pas, la législation des deux côtés de la Méditerranée, « Femmes contre les intégrismes » a aussi collecté des cas concrets de femmes subissant ce type de discriminations et travaillent en collaboration avec des juristes et des avocates de France et du Maghreb.
En partenariat avec le Centre d’informations des femmes et des familles, l’association a, par ailleurs, ouvert un centre de ressources et d’accueil - Femmes Informations juridiques Internationales Rhône-Alpes (FIJIRA) - sur ces questions de droit international privé. Le centre est destiné aux professionnels (assistantes sociales, juristes, éducateurs, etc.) comme aux particuliers. Un volet formation - sensibilisation est également proposé.

Les dangers du relativisme culturel

Loin de vouloir stigmatiser l’islam, l’association affirme se battre contre toutes les formes d’intégrisme, processus potentiellement présent dans toutes les religions. Mais, sur leur tableau de chasse, il est un intégrisme que l’association dénonce tout particulièrement, celui de certains réseaux réputés progressistes. Selon FCI, ces derniers apportent leur soutien à des penseurs intégristes - tel que Tariq Ramadan - au nom du relativisme culturel et du droit à la différence, leur permettant de prendre place au sein de la justice, des médias, des universités...
Or, pour l’association, envisager un relativisme juridique et son corollaire le pluralisme juridique est incompatible avec l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. « Il faut défendre les droits universels. La diversité culturelle, c’est bien, sauf si elle se fait sur le dos des femmes. Or, dans certains milieux de gauche, les débats sur ce sujet ne sentent pas très bon. Par peur d’être accusés de néo-colonialistes, certains intellectuels tiennent des propos ambigus... », assure Françoise Kayser.
Bref, le combat est donc loin d’être gagné et le bilan dressé par la vice-présidente de l’association en demi-teinte. « D’un côté, nous avons acquis de meilleures connaissances des phénomènes intégristes dans certains réseaux associatifs. D’un autre côté, nous faisons face à des situations complexes. Par exemple, aller à la rencontre des femmes dans les cités devient de plus en plus difficile. Dans ces quartiers, nous assistons à une réelle régression : les réflexes machistes, renforcés par des courants traditionalistes, sont légion ».
FCI ne baisse pas les bras pour autant et organise régulièrement des colloques et des rencontres, travaille en partenariat avec d’autres associations en France (1) et dans les pays du Maghreb, vient parfois directement en aide à des femmes en situation d’extrême difficulté et diffuse une à deux fois par an, à 1 500 exemplaires, une lettre d’information... Dans l’éditorial de l’édition de novembre 2002, Françoise Kayser écrit : « la tâche est immense, mais l’énergie intacte ».

Contacts :
 FCI, BP 0640, 69239 Lyon cedex 02 ; tél/fax : 04 78 29 21 89.

 FIJIRA, CIF du Rhône - CIDF, 18, place Tolozan, 69001 Lyon ; tél : 04 78 39 32 25/fax : 04 78 28 09 62.

(1) FCI travaille notamment avec le GAMS (Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles) qui se bat pour informer les familles africaines des dangers de l’excision et avec Voix d’elles Rebelles, association féministe française défendant le droit des femmes de toutes origines et notamment celles issues de l’immigration (soutien psychologique, assistance juridique, solidarité internationale). Sites :
http://perso.wanadoo.fr/..associationgams
et www.oritech.com/voixdelles/fr/index.htm