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Du populisme « tout court » au populisme de gauche. F Escalona

vendredi 21 avril 2017, par Amitié entre les peuples

Du populisme « tout court » au populisme de gauche

L’usage intempestif du mot « populisme » crée trop souvent, il est vrai, une confusion regrettable. De trop nombreux individus, partis et mouvements sont amalgamés sous cette étiquette, plus souvent disqualifiante que réellement descriptive. Les mettre dans le même panier aboutit à euphémiser la démagogie et la xénophobie de la droite radicale, qui ne sont plus dénoncées comme telles (lire l’entretien du chercheur Frédéric Zalewski sur Mediapart).

Cela dit, un usage plus précautionneux de la catégorie populiste est possible, en suivant les préconisations du politiste néerlandais Stijn Van Kessel. De la même façon que le « chat-chien » n’existe pas dans la réalité, alors que le chat et le chien ont tous deux quatre pattes et une queue, on évitera de décrire comme « populistes » deux acteurs qui n’ont en commun que le fait de parler du peuple, ou de critiquer les élites. En revanche, rien n’interdit d’utiliser le terme lorsque toutes les composantes du populisme sont repérables dans un discours, à savoir la mise en scène d’un conflit entre le peuple et les élites dirigeantes, les secondes étant accusées de menacer la souveraineté et les intérêts du premier, dont « le populiste » se veut le porte-voix.

Pour être encore plus précis, il reste à distinguer entre la rhétorique populiste qui peut être employée sporadiquement par des acteurs très différents, et les partis populistes qui font de cette rhétorique une composante durable de leur identité, néanmoins irréductible à cette seule dimension. En effet, le populisme ne saurait offrir une vision du monde complète et cohérente, et encore moins un programme de gouvernement clés en main. Au mieux, il s’agit d’une idéologie « fine » ou « partielle », qui nécessite d’être articulée à d’autres lorsqu’il s’agit de traiter des grands enjeux matériels et symboliques d’une société.

Comme le nationalisme – cette idéologie de rassemblement national dont il existe des versions guerrières ou pacifiques, impériales ou libératrices, mercantilistes ou socialisantes –, le populisme est surtout une façon de découper l’espace politique et d’y nouer une relation entre un (ou des) porte-parole et un « peuple », dont les contours dépendent précisément du type de populisme auquel on a affaire. De fait, il existe bien des versions de droite et de gauche du populisme, dont les différences en termes de substance politique l’emportent sur la stratégie de mobilisation qu’elles ont en commun.

Extrait dont la source est :
Le populisme de gauche, au-delà des malentendus - Fabien ESCALONA | sur Mediapart

https://www.mediapart.fr/journal/france/200417/le-populisme-de-gauche-au-dela-des-malentendus