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MARXISME NPA : TROIS CRITIQUES DU POPULISME DE GAUCHE

jeudi 8 novembre 2018, par Amitié entre les peuples

MARXISME NPA : TROIS CRITIQUES DU POPULISME DE GAUCHE

Avant de discuter d’un texte d’un militant du NPA, commençons d’abord par une mise en perspective sur le terme populisme dans son usage commun et militant sur la période des 30 à 40 ans. Cela parait indispensable.

 Le terme populiste a été longtemps - sur les 40 dernières années - employé quasiment sans précision gauche-droite (à échelle de masse du moins car on trouvera peut-être ce terme dans un ou deux livres qui n’ont pas eu un échos de masse). A défaut donc de populisme de gauche, le populisme sans adjectif était assimilé à du populisme de droite, car en soutien aux patrons avec, en plus, bien souvent, une dimension d’extrême-droite, avec nationalisme, racisme, poujadisme . C’était un populisme de droite à dominante « classiste » (au sens domination de classe) et « travailliste » (travailler plus et en précarité) autour des patrons, à l’image des « bonnets rouges » en Bretagne ! Ce n’est que depuis quelques années seulement que l’on évoque un « populisme de gauche » et plus rarement un « populisme du centre » (les insultes des élites contre le peuple ou contre des gens modestes, au chômage, ou contre des syndicalistes).

Le « populisme de gauche » s’adresse à un peuple plus près du peuple-classe 99% que du peuple-nation, plus proche d’un « bloc salarial » (par fédération des différentes couches de travailleurs allant du bas vers les cadres, du privé et du public, actif ou retraité, stables ou précaires). Ce populisme-là est moins en défense des puissants et du 1% d’en-haut, mais il lui manque - pour le NPA - quelques critiques pour être « 100% à gauche ».

Il y a cependant matière à défendre une « dimension populiste-classiste » (peuple opposé aux classes dominantes) à gauche et ce entre une position strictement « populiste de gauche » et une position de refus complet ou il ne reste que des individus et des citoyens, appelés à la pluri-émancipation. Une positon intermédiaire en quelque sorte.

 Confrontation au texte d’Alexandre RAGUET du NPA.

Lire de lui : Populisme et lutte des classes | NPA

https://npa2009.org/idees/politique/populisme-et-lutte-des-classes

Quoique posant - pour ma part - un peuple-classe opposé au 1% d’en-haut, avec une dimension populiste-classiste, je partage certaines critiques d’Alexandre RAGUET (et possiblement du NPA), pas toutes cependant .

Ce militant a pointé - à raison - dans son texte (1) "trois axes contradictoires avec une logique révolutionnaire (position exigeante donc) :
 1. avoir un discours patriotique, puisque le peuple existe d’abord à travers une histoire politique, géographique, linguistique, culturelle commune.
 2. avoir un chef qui fédère le peuple puisque le débat politique et la démocratie ne sont pas compatibles avec un mouvement populiste – pas de votes, interdiction de s’organiser en interne, interdiction des expérimentations/alliances locales – la question du leader est centrale. C’est le chef, ou le leader, qui dicte une ligne et a pour but d’incarner le changement, via l’ère du peuple.
 3. se placer dans une perspective légale car les courants populistes – qui viennent bien souvent du communisme, ou du moins de l’eurocommunisme – ont rompu avec l’idée d’une rupture révolutionnaire. En gros, le populisme est un réformisme qui remet en cause les excès du capitalisme et pas le capitalisme lui-même".

 Rassembler, fédérer, former un bloc large.

Sur sa critique du peuple-classe je suis plus dubitatif bien que là encore je l’approuve sur les défauts d’un populisme strict qui pour fédérer les classes populaires du peuple-classe ferait silence sur racisme, sexisme, classisme.

Il note une autre difficulté : "Rassembler les 99 % impliquerait par exemple de rassembler des ouvriers et des patrons, des racisés et des racistes, des jeunes victimes de violences policières avec des flics. C’est une vision grossière du populisme que je fais volontairement (dit-il), bien que Jean-Luc Mélenchon ne remet en cause ni l’entreprenariat, ni la police, ni l’armée ».

Rassembler les ouvriers, les employés, les cadres, les travailleurs indépendants comme ensemble d’individus soumis et subordonné à la logique exploiteuse du capital ne choque pas à priori même si il faut s’opposer au racisme et au sexisme. C’est une logique de rassemblement large pour gagner. Les petits patrons et les artisans peuvent eux voter à droite et renforcer un bloc social d’en-haut construit autour des classes dominantes, privées et publiques (1%). Il s’agira alors d’un groupe social numériquement faible.

Quand à l’autre aspect, qu’il s’agisse d’une classe sociale ou du peuple-classe ou du peuple nation on trouvera toujours des individus racistes et sexistes. Sur ce plan il y aura toujours des combats à mener.

Dans la politique réelle, on peut vouloir fédérer les couches et classes sociales du peuple-classe hors d’un cadre nationaliste en s’opposant au MEDEF et aux classes dominantes, tant la fraction privée (industrielle et financière) que la caste de HFP. Le fait de critiquer le patronat exploiteur des hommes (travailleurs et travailleuses) et de la nature participe d’un travail de fédération des couches et classes à portée anticapitaliste guère compatible avec un patronat droitier, qu’il soit français ou régional (ex patronat breton bonnets rouges)

 Au plan géopolitique  :

Il écrit : "Dans le cas de la Syrie, Mélenchon a, par exemple, été incapable de reconnaître qu’une majorité du peuple syrien a, tout simplement, fait une révolution. Or, quand un peuple fait une révolution démocratique, face à un tyran, le premier devoir d’un internationaliste est de le soutenir, pas de défendre la « souveraineté » du dictateur, face à un peuple qui serait, forcément, influencé et armé par les ennemis de la souveraineté : les Etats-Unis, autrement dit, la caste mondialisée. On voit bien là qu’il ne s’agit pas d’une approche anti-impérialiste, mais bien d’une vision dite « campiste » de la politique internationale. Dans le domaine de l’internationalisme, c’est plus qu’une rupture qui s’est faite entre la FI populiste et l’histoire de la lutte des classes mondiales – même si l’héritage stalinien et maoïste, sur ce terrain, n’a rien de glorieux. »

Christian Delarue