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De la citoyenneté généralisée au socialisme. C Delarue

vendredi 7 mars 2014, par Amitié entre les peuples

De la citoyenneté généralisée au socialisme.

L’altermondialisme entend mettre en oeuvre le principe de citoyenneté généralisée. La perspective écosocialiste est en arrière-plan.

I - De la citoyenneté généralisée...

Toute l’histoire des sociétés depuis plus d’un siècle peut se lire comme l’avènement du citoyen, avènement manifeste mais limité et ambigüe. Du fait même de cette limitation et de cette ambiguité, qui est selon nous à relier à la société capitaliste (société civile et Etat), il importe de préciser d’emblée que cet avènement ne s’est pas réalisé sans adversité. Cette adversité a plusieurs formes .

On trouvera la division séculaire du travail avec d’une part la place importante du travail contraint et hiérarchisé et le fait que le temps libre dégagé après reconstitution de la force de travail est objet d’investissement capitaliste (loisir), l’ensemble débouche sur une sorte « pesanteur des choses » qui donne assentiment à la dépossession citoyenne, consentement à l’existence de « chef ». On tombe alors sur une autre forme d’obstacle à l’avènement du citoyen qui l’existence d’une hiérarchie de dirigeants avec au sommet une oligarchie à légitimation démocratique au niveau national et à légitimation méritocratique dans les bureaucraties notamment, mais pas seulement, celle de l’Etat.

On voit donc déjà sans avoir beaucoup développé les idées avancées que l’avènement du citoyen qui pour réel qu’il soit est limité par les points de dépossession suivants :

 la démocratie dite représentative : elle légitime bien la dépossession citoyenne . Dire que le mécanisme de la représentation maintien la volonté du représenté est une argutie idéologique qui ne passe plus. Ce qui apparait crument grace à la critique scientifique c’est au contraire l’ampleur de la dépossession . Victor Leduc parlait d’aliénation. Dans cette démocratie réellement existante nous aliénons nos pouvoirs. Qui est ce nous sinon celui des citoyens du peuple-classe face à l’oligarchie.

 la méritocratie dans les bureaucraties  : l’instauration de la reconnaissance des qualifications via la reconnaissance des diplômes et des concours aboutie à l’établissement d’une hiérarchie des « mérites » et des « compétences officiellement reconnues ». Mais la compétence doit-elle empêcher l’intervention citoyenne ? Ce qui délégitime l’intervention des agents de base dans les bureaucraties étatiques et para-étatiques c’est l’idée qu’il faut nécessairement connaître l’ensemble du fonctionnement de la machine administrative pour prendre position sur une partie d’elle , partie bien connue de la base et beaucoup moins des élites occupées sur d’autres problèmes.

Autre chose, la méritocratie se transforme en idéologie lorsqu’elle prétend remplacer l’administré par le client ! Faire de l’administré un citoyen est un progrès car il gagne en droits sans perdre ses obligations citoyennes ; en faire un client c’est ne voir que sa solvabilité marchande ; c’est le soumettre au marché et à la valeur d’échange des entreprises privées alors que le service public est lié à la valeur d’usage. Il vise à la satisfaction des besoins sociaux, de l’intérêt général et des compromis sociaux que cela suppose.

 la pesanteur des choses : elle ne fonctionne pas à la légitimation, à peine à la justification à postériori : c’est juste le poids du réel qui pèse : travailler, s’occuper des enfants, regarder la télé, se divertir, faire du sport, faire l’amour, se reposer, ces activités plus ou moins nécessaires ne laissent souvent que peu de place à l’activité citoyenne ! C’est donc en réduisant certaines que le citoyen peut grandir avec d’autres. Je n’ai pas dit encore que l’on n’était pas citoyen tout seul , seul avec ses coups de gueules épisodiques. Un citoyen vit sa citoyenneté dans des liens de débats, d’échanges, d’activités.

Les cadres de l’intervention citoyenne, hors le smic du suffrage et de la votation ou plus rarement du tirage au sort et épisodiquement la manifestation de rue (avec ou sans grève) sont, selon les buts, les associations, les syndicats, les partis politiques. Mais attention, ces cadres tendent, lorsqu’ils sont importants, à reproduire la division dépossédante du travail entre les « élites » et la base ! Il faut donc veiller à ce tout un chacun puisse participer, dans le respect des positions prises en fonction des situations et des savoirs. Il faut éviter que les dirigeants restent en poste durablement. La limitation verticale (2 X 5ans ou 3 X 3ans maxi) des mandats et la limitation horizontale (ici puis là et encore ailleurs) des mandats doit s’appliquer !

Ensuite, le débat débouche sur une position qui n’est pas forcément exactement celle du nouveau citoyen venu au débat. Là il ne s’agira pas de crier à la dépossession. L’agir politique doit respecter la démocratie et donc l’intervention de chacun mais pas l’individualisme ou le corporatisme maintenu. Dans une décision collective, on ne retrouve pas toutes ses propres idées !

II - Le deuil du dépérissement de l’Etat pas celui du socialisme !

A) La fin d’un texte de Denis Collin.

Le « dépérissement de l’État » est le point aveugle de la pensée de Marx et du marxisme, c’est peut-être tout simplement parce qu’il est impensable ou parce que l’État totalitaire stalinien est une des seules formes historiques possibles. Bref, il faudrait rompre définitivement avec la dimension utopique que porte la pensée de Marx, une dimension utopique que certains peuvent regretter en ces temps désenchantés, mais qui a pourtant joué son rôle dans la transformation du rêve en cauchemar.

Philosophie et politique - Marx, l’État et la politique

http://denis-collin.viabloga.com/news/marx-l-etat-et-la-politique

B) Reste à penser le socialisme.

Rien à voir avec le P« S » (et la seconde internationale).

Abandonner comme utopique l’autogestion généralisée avec disparition de l’Etat ne signifie pas qu’il faille renoncer à une certaine socialisation des entreprises et des moyens de production, c’est à dire à l’appropriation sociale par les travailleurs et leurs représentants.

Il faut poursuivre cette perspective tant que faire se peut, mais sans repousser les nationalisations ou des appropriations publiques sectorielles à l’échelle européenne via des pôles publics.

Dans tous les cas, il s’agit de valoriser la démocratisation-participation.

La perspective socialiste est à chercher aussi du côté du renforcement de l’Etat social mais avec l’intégration de la dimension écologique. Il faut déployer la valeur d’usage via les services publics contre la valeur d’échange orientée vers le profit.

L’Economie sociale et solidaire de nature a-capitaliste (ni pour ni contre) doit venir en complément et partage des tâches avec le secteur non marchand public.

Certains proposent « écosocialisme », terme passible de plusieurs définitions selon que l’on met l’accent sur la rupture avec le productivisme ou la rupture avec la domination de la logique du captial et du tout marchand. Nombre d’altermondialistes marxistes, dont moi, prennent appui sur les thèses de Jean-Marie HARRIBEY, Michel HUSSON, Stéphanie TREILLET, et d’autres encore, pour trouver des pistes fondatrices.

La question de l’Etat de droit est aussi objet de lutte. Quel droit au-dessus des délibérations démocratiques. Quels contre-pouvoirs ?

Note sur « L’Etat de droit » (PUF 1987) -
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1371

Christian Delarue

1973 : Les quatorze thèses pour l’autogestion | Association Autogestion

http://www.autogestion.asso.fr/?p=1716

Le fondement républicain de la qualification. - Solidarite des peuples-classe sur LePost.fr (15:00)

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/01/28/1911604_le-fondement-republicain-de-la-qualification.html

Monde commun, écart de revenus , méritocratie, égalité des chances.

http://www.legrandsoir.info/Monde-commun-ecart-de-revenus-meritocratie-egalite-des-chances.html