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Contribution du MRAP et d’ATTAC au débat initié par le Mouvement de la paix.

mercredi 15 septembre 2021, par Amitié entre les peuples

Contribution d’Augustin Grosdoy du MRAP et de Christian Delarue d’ATTAC au débat initié par le Mouvement de la paix avec Roland Nivet.

Rencontre MRAP - ATTAC à l’UEMS Nantes (aout 2021).

Augustin Grosdoy et Christian Delarue (photo AG © CD)

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L’UEMS Nantes 2021 aura permis aussi de faire des rencontres en présentiel. Ce qui n’est pas rien.

Augustin Grosdoy (ici sur photo) et Christian Delarue ont un parcours commun : Tout deux furent contributeurs au livre « Urgence antiraciste : Pour une démocratie inclusive » (Edition du Croquant 2017) et surtout ils furent jadis, l’un et l’autre, représentant du MRAP au Conseil des (co) Fondateurs d’ATTAC et membre du CA d’ATTAC (en plus de leur responsabilités respectives au MRAP).

Ils purent présenter chacun une contribution au débat initié par le Mouvement de la Paix : plusieurs interventions avant débat.

 Augustin Grosdoy présenta l’activité du MRAP en rapport avec la paix sur deux volets avec d’une part les migrations et d’autre part la défense des « peuples premiers », des « peuples autochtones », des « peuples colonisés » (subissant le racisme) et cita les Kurdes, les Palestiniens, les Sahraouis, les Ouighours, etc. (renvoi à son texte)

 Christian Delarue continua lui, au nom d’ATTAC, sur un autre aspect de l’amitié entre les peuples qui vise à changer le monde pour un monde pacifié et moins hiérarchisé au plan économico-social et donc sur la nécessaire et possible solidarité entre peuple-classe du Nord et peuple-classe du Sud en rappelant une formule désormais connu « Il y a du Sud au Nord et du Nord au Sud » (voir structure de l’impérialisme : le schéma) mais avec un sens politique qui n’évoque pas simplement les personnes vivant dans la misère profonde aussi bien au Sud qu’au Nord. La formule a en effet deux formats à distinguer, ce qu’on ne fait pas assez souvent .

Ni ATTAC ni le MRAP ne défendent, par principe, des accords entre Etats surtout ceux sans intervention citoyenne des peuples, laquelle reste soit rare soit biaisée par le poids des classes dominantes dans la médiatisation de leur position.

SOLIDARITE entre peuple-classe du Nord et peuple-classe du Sud

Un peuple-classe se définit, au Nord comme au Sud, par sa non appartenance aux classes dominantes généralement placées dans le 1% du haut de chaque Nation. Ce qui ne signifie pas homogénéité du dit peuple-classe mais ce n’est pas ici le problème.

La Nation n’est elle absolument pas homogène - encore moins que le peuple-classe, beaucoup moins - car elle est clivée profondément et durement entre la fraction dominante qui mène - durement et constamment - des politiques de domination tout à la fois de type capitaliste (favoriser les privatisations, la financiarisation, la marchandisation, la logique du profit d’abord et les politiques d’austérité et d’exploitation en interne donc dans le cadre national contre les classes du peuple-classe en interne) et de type impérialiste contre les peuples du Sud (ou de l’Est) à l’exception de la fraction supérieure. On distinguait jadis ici bourgeoisie compradores et bourgeoisie nationale pour signifier d’une part l’existence d’une classe possédante riche au Sud bien insérée dans la globalisation économique et une bourgeoisie nationale certes exploiteuse de son peuple-classe mais tournée vers son propre pays.

On posera comme vérité quasi universelle l’existence de classes dominantes (économiques et politiques) dans chaque pays ou nation avec des possibilités certes variables d’alliance au sommet par delà les frontières - internationalisme des classes dominantes - et ce malgré les différences culturelles et surtout de poids politique, économique et militaire.

L’IMPERIALISME militaire et-ou économique profite aux classes dominantes de la Triade et de la Chine

On ne saurait réduire l’impérialisme à sa forme militaire car la guerre économique fait indéniablement partie de l’impérialisme comme entreprise de domination des pays du Nord , Chine comprise en plus de la Triade (Etats-Unis, Europe de l’ouest, Japon). Précisons sans attendre que le terme « pays » est une facilité de langage inadéquate tout comme nation ou Etat. Au-delà de l’apparence des choses il faut bien comprendre que ces guerres économiques et militaires redoublées d’offensives idéologiques diverses sont le fait des classes dominantes, celles que l’on place ordinairement dans le 1%, le peuple-classe de chaque nation étant lui globalement inactif dans ce « sale boulot » .
On dira que c’est plus compliqué : Bien sur, on trouvera toujours dans chaque nation, au sein du peuple-classe, une fraction nationaliste, raciste et autoritaire en soutien des menées impérialistes. Mais, dans de nombreux pays ex-colonisateurs, comme la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne on trouve encore une composante tout à la fois anti-impérialiste et anti-capitaliste. Une fraction d’elle issue du stalinisme est toujours campiste et défendra la Chine contre les Etats-Unis et l’OTAN alors qu’une autre ne l’est pas et rappelle, sans ignorer pour autant l’affrontement Etats-Unis-Chine que la domination impériale vient du Nord, et surtout des classes dominantes du Nord avec souvent (pas toujours) l’appui des classes dominantes des Suds. Il s’agit alors de vérifier concrètement une vérité qui ne l’est pas toujours mais très souvent : « Il y a du Nord au Sud et du Sud au Nord ».

Contre THANATOS toujours et encore

De façon plus personnelle, je rappellerais qu’Erich Fromm a évoqué jadis l’existence pour tout animal humain d’une pulsion de destructivité bien renforcée en étudiant le nazisme. Il faut - c’est ma position - étendre l’usage de la notion pour la rattacher à d’autres mécanismes et forces collectives destructrices.

Le capitalisme porte comme le colonialisme - et comme le patriarcat (je le note ici mais il revient à une autre camarade de le développer) - une logique de destructivité et d’élimination par la mort. Et cela commence par une volonté d’asservissement plus camouflée, moins franche et brutale.

Thanatos symbolise, via l’histoire et la culture historique transmise, le penchant vers la mort, le morbide, la mortification, la pétrification, le refus de la vie, du vivant (animaux humains ou non humains), le refus du développement de l’autre sans violence aucune, avec attention d’abord et autonomie ensuite, le refus de son maintien dans la misère et la souffrance.

Les classes dominantes du Nord mènent toujours et encore une politique mortifère au Sud, dans les Suds. L’impérialisme perdure . Une fraction des classes dominantes des Suds est complice de cela : les bourgeoisies compradores existent aux Suds . Les classes dominantes du Nord partagent ce Thanatos avec le mortifère déployé par les forces obscurantistes, intégristes religieuses et ultra-réactionnaires que l’on trouve au Sud . Mais, historiquement, sur le temps long, qui est force dominante destructrice ? La réponse est le capitalisme et l’impérialisme. Les deux sont agissants tant au Nord qu’au Sud. Ce qui ne valide nullement l’émergence des réponses ultra-réactionnaires, haineuses de la vie et des femmes. C’est la réponse à faire qui est alors différente : refuser toute politique mortifère ! Promouvoir un autre monde, nettement plus égalitaire, nettement moins capitaliste, impérialiste, colonialiste, patriarcal et beaucoup plus éco-socialiste !

Christian Delarue