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Altermondialisme ou internationalisme (II) - D Collin

samedi 30 août 2008, par Amitié entre les peuples

Altermondialisme ou internationalisme ? (II)

mai 2004, Denis COLLIN

http://www.la-sociale.net/article.php3?id_article=39

Dans la première partie de cette étude, nous avons procédé à l’étude critique des diverses analyses de la « mondialisation » telles qu’ont peut les trouver dans la nébuleuse « altermondialiste ». Dans cette deuxième et dernière partie, nous abordons la question des objectifs que doit se fixer ce que nous appellerons pour l’instant « le mouvement social ».[1]
Quels objectifs ? quelle stratégie ?

L’anti-libéralisme

Le discours le plus largement répandu chez les alter-mondialistes est le discours « anti-libéral ». C’est d’ailleurs quelque chose qu’ils ont en commun avec les souverainistes. Il y a cependant dans cette appellation une confusion terminologique regrettable qui se double d’une confusion politique nettement plus grave. Le terme de « libéralisme » est un terme équivoque qui a plusieurs sens en philosophie politique et d’autres sens quand il sert à caractériser des théories économiques. Les Italiens, plus précis, distinguent les libéraux (politiques) des libéristes (économiques). Rappelons, pour bien mesurer ce dont il s’agit, que le « libéralisme politique » aux USA désigne un courant généralement partisan d’un État fortement redistributeur garantissant une égalité minimale des revenus, un protection sociale étendue et l’existence de biens sociaux primaires également accessibles à tous. On sait également qu’un libéralisme économique rigoureux s’accompagne parfois d’un régime politique qui met en pièce les idéaux libéraux de liberté de conscience, de garanties de la personne et de droit de contrôle sur le gouvernement : on se souvient que les thèses « néo-libérales » ou « ultra-libérales » de Milton Friedman ont trouvé leur premier champ d’application dans le Chili d’après le 11 septembre (1973), le Chili du bourreau Pinochet.

Mais la confusion terminologique est aussi politique. Être anti-libéral, ce serait ipso facto être pour l’intervention de l’État comme régulateur et législateur. Et comme l’État national est réputé impuissant, c’est exiger l’augmentation du pouvoir des instances internationales. Point sur lequel les anti-libéraux finissent souvent par rejoindre les sociaux-libéraux. Pascal Lamy, parangon de la technocratie bruxelloise, et socialiste français, vient ainsi s’adresser aux « alter-mondialistes » en leur disant que leurs objectifs légitimes peuvent être atteints par un renforcement de l’autorité des instances internationales (comme l’OMC) et en développant la bonne « gouvernance ». Ainsi, presque dans les mêmes termes que Pascal Lamy, Negri affirme : « Miser sur les ensembles supra-nationaux est essentiel. L’Europe unie pourrait sans doute constituer un point de référence utile. »[2] Lamy-Negri, même combat ? Sans aucun doute. D’ailleurs Negri annonce la couleur, tout comme Lamy, il affirme que « la tentative de s’opposer de manière frontale et radicale à la mondialisation n’a pas de sens. » Par conséquent, « nous assumons désormais la globalisation comme cadre de référence de notre pensée et de nos pratiques. »[3] Un point sur lequel il retrouve Jean Baechler, un libéral bon teint, manifestant quant à l’avenir du monde un optimisme digne de celui du Dr Pangloss dans le Candide de Voltaire. Vers une société de décroissance ?

À l’exact opposé de ces diverses formes de mondialisation heureuse - l’expression est de M.Minc mais convient parfaitement à la pensée de certains des auteurs des deux numéros de la revue du MAUSS - on trouvera les positions de Serge Latouche, partisan de la « décroissance » et adversaire de toute forme de mondialisation[4]. Partant de la critique du livre de René Passet, Éloge du mondialisme par un « anti » présumé, Latouche s’attaque, en termes souvent fort pertinents, au consensus de la gauche et de l’extrême-gauche sur la mondialisation : ce qu’il faudrait critiquer, ce n’est pas la mondialisation mais la mondialisation libérale. Il dénonce comme, au mieux, utopique le projet d’une mondialisation non-libérale. Car ce qui est commun à tous les partisans de la mondialisation, qu’elle soit libérale ou anti-libérale, heureuse ou malheureuse, c’est le dogme du développement que la gauche a rebaptisé « développement durable. » Ce syntagme est, en effet, ce qui rassemble tous les partisans de l’autre mondialisation, de Passet à Petrella sous oublier les théoriciens d’ATTAC, les Verts, le PS, le PCF et les diverses variétés de l’extrême gauche électoraliste. Qu’est-ce que le « développement durable » ? La formule miracle qui permettra par le développement maîtrisé et « différent » de résoudre les problèmes du développement. Latouche assène : « Sans faire de procès d’intention à ces belles âmes, il est tout de même ennuyeux que la Banque Mondiale et même George W. Bush ne disent pas autre chose. »[5]

Les critiques de Latouche portent souvent juste. L’idée du développement est très simple : il suffit de faire grossir le gâteau pour que chacun ait une part suffisante. Du coup, il n’est plus question de diminuer la part de certains ! C’est bien de cette manière pourtant que toutes les variantes de la gauche ont posé la question de la justice sociale depuis plus d’un demi-siècle. La social-démocratie se fait forte de mettre en œuvre une vraie politique de croissance qui profitera à tous, y compris aux plus riches. C’est, sous une autre forme, le noyau dur de l’idéologie capitaliste : chacun poursuivant ses objectifs égoïstes concourt au plus grand bien de tous. Le développement durable (ou soutenable ou autres calembredaines de la même eau) n’est qu’un variante de cette ancienne antienne. Latouche a beau jeu de montrer à quelles contradictions insolubles se heurtent ces pieuses intentions. La croissance est de plus en plus celle du gaspillage. L’accumulation illimitée de biens matériels est dépourvue de sens. Si pour éviter un chômeur supplémentaire, il faut jeter à la ferraille des voitures et des appareils électro-ménagers qui fonctionnent très bien, où est l’avantage social ? Mais surtout, cette croissance illimitée est impossible. Quand chaque Chinois consommera autant de pétrole et dégagera autant de CO2 qu’une états-unien moyen, l’oxygène deviendra une denrée rare et sera aussi difficile à obtenir que l’eau potable en Bretagne... Bref, pour Latouche, disciple de Jacques Ellul et d’Ivan Illitch, il faut en finir avec la domination de l’économique et s’orienter vers une « société de décroissance ». Il propose qu’on aille vers une société accordant plus de place à la convivialité (vieille idée de Illitch) et à une consommation plus réduite en quantité mais plus attentive à la qualité, une société dans laquelle l’épanouissement des individus, leur véritable richesse, résiderait dans les relations sociales, un épanouissement qui peut se réaliser « dans un monde sain », et avec « sérénité dans la frugalité, la sobriété, voire une certaine austérité dans la consommation matérielle », Latouche précisant qu’il ne s’agit pas d’ascétisme puisque, comme il l’explique, « la consommation moderne ne s’intéresse pas suffisamment aux plaisirs de la chair, n’est pas assez concernée par l’expérience sensorielle, est trop obsédée par toute une série de produits qui filtrent les gratifications sensorielles et érotiques et nous en éloignent. »[6] Croissance et parasitisme

Il est tentant, quand on a été éduqué dans la tradition marxiste, de voir dans les thèses de Latouche un combiné du socialisme utopique et du socialisme réactionnaire auxquels Marx avait réglé leur compte dès le Manifeste. Mais ce n’est pas la bonne manière d’aborder la question.

En premier lieu, factuellement, certaines des critiques de Latouche sont imparables. Si la croissance suppose la croissance des transports au motif de mobilité, de délocalisation et des « flux tendus », la multiplication des kilomètres d’autoroutes, l’augmentation de la pollution, cette croissance n’est que la croissance du gaspillage du travail social. En partant d’une véritable compatibilité globale, on pourrait facilement montrer que le bilan général de la croissance est catastrophique. Si l’agriculture des pays avancés ne survit qu’à l’aide de subventions et de subventions d’autant plus massives que le secteur est plus « productif », c’est qu’en réalité l’agriculture industrielle consomme plus qu’elle ne produit - nonobstant les dégâts écologiques. Les subventions directes de l’État permettent d’éviter la faillite de la majorité des exploitations, y compris des subventions pour des méthodes culturales aberrantes, comme l’arrosage systématique sur toute la façade atlantique de la France ! On pourrait assez facilement montrer, à l’inverse qu’une agriculture biologique bien pensée pourrait être nettement plus productive, c’est-à-dire nettement plus économe de travail social par unité produite.

Les indicateurs de la croissance sur lesquels se basent les responsables politiques sont des plus fantaisistes. Personne ne peut dire exactement ce que signifie une croissance de 2% ou 3%. Si l’hiver est doux, la consommation d’électricité baissera et donc les dépenses d’énergie également. Ce qui fera baisser la croissance puisque la valeur ajoutée par les fournisseurs d’énergie baissera. On a calculé que si, d’aventure, les accidents de la route étaient complètement éliminés, cela entraînerait une décroissance d’environ 2% du PIB, en raison du manque à gagner des carrossiers, mécaniciens, marchands d’automobiles, hôpitaux, cliniques et autres entreprises de pompes funèbres. Selon les estimations, environ 7% du PIB est réalisé dans la publicité. Si on supprimait complètement la publicité, tout en maintenant les salaires des employés de ce secteur, nous ne serions ni plus riches, ni moins riches.

En réalité ce que pointe Latouche, sans le développer convenablement du point de vue théorique, c’est quelque chose qu’avaient déjà analysé les marxistes non complètement intoxiqués par les mythes du progrès et de la croissance indéfinie des « forces productives », à savoir que la « croissance des forces productives » à l’époque du capitalisme sénile est d’abord la croissance du parasitisme et de la putréfaction[7]. Se battre pour la croissance - même une « autre croissance -, sans poser la question des rapports de propriété, c’est tout simplement entériner l’ordre existant comme « horizon indépassable de notre temps ». C’est faire sienne l’idéologie spontanée du capitaliste, « agent fanatique de la production pour la production » selon la formule de Marx.

En second lieu, on ne peut pas ne pas poser la question du sens de la croissance. Les critiques déjà anciennes de la « société de consommation », peuvent avoir quelque chose d’indécent quand l’immense majorité de la population de la planète manque du minimum. Mais le spectacle du gaspillage effréné des sociétés les plus riches, la réduction progressive de la vie à la consommation, la publicité omniprésente, le rôle croissant des « marques » dans l’esprit et les préoccupations des jeunes et même parfois des très jeunes ou des pas jeunes du tout : voilà autant de traits de nos sociétés qui donnent raison à Latouche et aux théoriciens de la décroissance. Une croissance de 3% par an - typiquement le chiffre annoncé par les économistes comme le minimum susceptible d’enrayer la montée du chômage - permet de doubler le PIB tous les 24 ans. Certes, avec un telle croissance, toutes choses égales par ailleurs, le RMIste se retrouvera avec le revenu d’un SMICard actuel. Mais pour obtenir un tel résultat, il faut que les plus aisés soient deux fois plus riches et surtout consomment deux fois plus. Dans de nombreuses familles, je ne parle pas des nababs capitalistes, mais simplement de la « upper middle class », chaque membre de la famille a son téléviseur, son automobile dès qu’il a l’âge de conduire et une partie non négligeable des dépenses du ménage est consacrée aux moyens de maigrir. Faut-il vraiment que l’on ait puisse changer d’automobile chaque jour de la semaine comme on change de cravate ou de chaussettes ?

Enfin, les limites de la croissance sont d’une manière ou d’une autre assez clairement dessinée. Les modèles productivistes sont en crise ... de productivité et ce, non pour des raisons conjoncturelles, mais bien comme une expression de la vieille loi ricardienne des rendements décroissants. Les possibilités de trouver de nouveaux champs d’accumulation du capital se raréfient. La richesse des pays riches fondée sur leur puissance industrielle et commerciale se heurte à des limites « luxemburgistes »[8] : l’existence de nouvelles puissances capitalistes - Brésil, mais aussi Chine - entre directement en conflit avec les bases mêmes de la prospérité des vieilles puissances impériales, ainsi qu’on peut le voir dans les âpres conflits qui agitent l’OMC. Et, last but not least, les ressources limitées de la planète et la capacité limitée d’absorber les déchets de l’industrie rendent intenable la poursuite de « l’immense accumulation de marchandises » sous le forme actuelle. Si, comme le pensent de nombreux experts, on atteint un pic de production et de consommation pétrolière dans les 10 ou 20 prochaines années, et si on se retrouve alors avec un pétrole 5 à 10 fois plus cher qu’aujourd’hui, l’économie mondiale telle que nous la connaissons aujourd’hui sera ébranlée jusqu’en ses fondements. C’est bien pourquoi la question du contrôle des sources d’approvisionnement en énergie est la question des questions de la politique internationale, ce qu’ont fort bien compris les dirigeants des États-Unis, qui sont du reste liés aux magnats du pétrole quand ils ne sont pas eux-mêmes membres de cette puissante confrérie.

Le mode de production capitaliste ne peut se développer qu’en détruisant les deux principales sources de la richesse, la terre et le travail. Cette affirmation de Marx décrit au plus près la réalité présente. Le capital tout à la fois ne cesse de réclamer de la force de travail à consommer immédiatement, et un partout il est à l’offensive contre tous les dispositifs législatifs qui limitaient le temps de travail - la question des retraites est à considérer de ce point de vue. En même temps, il met « en jachère » de la force de travail dans des proportions inconnues jusqu’alors. Pendant que la « croissance » exige la mise au travail des enfants dans les pays les plus pauvres, des dizaines de millions de jeunes dans les pays ne trouvent aucun emploi réel avant un âge déjà avancé. Au moment où on prolonge la durée légale du travail, les travailleurs de plus de cinquante ans sont de moins en moins « employables » et doivent s’apprêter à vivre dans des conditions de plus en plus précaires. Alors que l’on sait les ressources limitées et que tout le monde est mis en garde contre les conséquences à relativement brève échéance de la pollution de l’air et de l’eau, le gaspillage atteint des niveaux inégalés. La division mondiale du travail engendre une croissance rapide des transports et des échanges de marchandises bien supérieures à la croissance industrielle, c’est-à-dire une croissance rapide des faux frais du processus de production. Les modes de la distribution engendrent des gaspillages croissants - il suffit de penser à la grande distribution. La « croissance des forces productives » apparaît bien ainsi que le disait déjà Marx comme une croissance des forces destructives.

C’est pourquoi on doit savoir gré à des gens comme Serge Latouche de mettre les pieds dans le plat en s’attaquant à la mythologie de la croissance, terrain commun des mondialistes néolibéraux ou « alter » et des souverainistes.

Un nouveau socialisme utopique ?

Évidemment la question posée est celle du modèle alternatif. Le modèle socialiste/communiste ancien de l’économie planifiée est discrédité irrémédiablement, sans que les raisons de ce discrédit soient toujours établies avec la précision souhaitable... Restent en lice, dans la discussion publique, d’une part, la bonne vieille solution social-démocrate, plus ou moins néo-keynésienne et déclinée en toutes sortes de variantes, de la républicaine sauce Chevènement, à la social-libérale sauce Strauss-Kahn, et, d’autre part, diverses formes de socialisme associatif qui ne sont pas sans rappeler Proudhon ou le socialisme utopique du xixe siècle.

Les études récentes consacrées aux socialismes non marxistes, celui de Benoit Malon ou celui de Pierre Leroux par exemple[9], présentent évidemment un grand intérêt, ne serait-ce que parce que le socialisme ne pourra pas se reconstruire sans se réapproprier sa propre histoire. Le problème actuel tient au fait que l’association devient une sorte de mot magique censé nous sortir des affres du néolibéralisme par la voie la plus courte. Tiers-secteur, économie solidaire[10], nouvelle économie sociale, voilà quelques-unes des formes de ce nouveau socialisme associatif qui ferait l’économie de la transformation sociale et politique des rapports sociaux. « On a l’irrésistible impression d’assister, avec l’économie plurielle ou solidaire, à la représentation d’une vieille pièce jouée cent fois. »[11] Comme le note encore Serge Latouche, ce projet présente une double inconsistance : une inconsistance interne, car l’économie est par nature le lieu où se déploie l’homo oeconomicus, l’individu égoïste occupé à la satisfaction de ses besoins, et une inconsistance externe, car les formes d’économies associatives ne peuvent se séparer du contexte dans lequel elles évoluent, qui est celui de la domination sans partage du capitalisme financier et, dans ce contexte, elles sont, d’une manière ou d’une autre voie à être instrumentalisées dans le cadre des diverses politiques gouvernementales.

Les exemples montrant la pertinence de ces remarques ne manquent pas. Prenons les entreprises d’insertion : gérées sur un mode associatif, ces entreprises visent à remettre dans le circuit du travail social les individus qui ont été exclus, soit par chômage prolongé, soit par la prison. La plupart du temps dispensées d’une bonne partie des charges sociales, ces entreprises finissent immanquablement par faire du « dumping social », notamment sur marché des services. Elles deviennent la pointe avancée de l’offensive patronale de démantèlement de « l’État social ». Lors du dernier FSE à Saint-Denis, on a vanté les mérites des « villages alternatifs » et des systèmes d’échange local connus sous le nom de SEL. Passons sur les villages alternatifs : en version minimale, il s’agit de coopératives ou de syndicats d’habitants très classiques et en version maximale de la reprise des phalanstère de Fourier comme celui de la Cecilia dont un film de Jean-Louis Comolli, exposait il y a trente ans les impasses. En ce qui concerne les SEL, le principe est le suivant : il s’agit de proposer des alternatives à l’économie de marché en reprenant la vieille idée proudhonienne de remplacement de l’argent par des bons de travail. En pratique, ce système n’est que la généralisation du travail au noir, soustrait à toute charge sociale et n’ouvrant droit à aucune protection sociale. L’économie alternative se révèle très rapidement n’avoir d’alternatif que le nom ; pratiquement, c’est le néolibéralisme le plus échevelé qui réapparaît bien de déguisé avec les oripeaux d’un anarchisme hors d’âge.

Il reste que, au-delà des ambiguïtés et contradictions, l’aspiration à d’autres formes d’organisation économique doit être comprise comme révélatrice d’un mouvement en profondeur de la société. Il s’agit à la fois de montrer les impasses du « socialisme dans un seul village » - même alternatif - et de proposer une stratégie politique socialiste. Ce qui condamne les tentatives « alternatives » à la récupération ou à leur transformation en institutions corporatistes réactionnaires, c’est non pas l’aspiration, en elle-même progressiste, à sortir des carcans des rapports de production et d’échange du mode de production capitaliste, mais l’illusion qu’on peut le faire sans toucher ni aux rapports de propriété ni à l’organisation du pouvoir politique étatique. Et de ce point de vue, même des esprits aussi vigilants que Latouche restent très silencieux. Révolution morale ou action politique ?

Le discours dont Latouche est le représentant le plus pertinent, mais qui a constitué le « background » du dernier FSE à Saint-Denis, est le discours de la révolution morale.[12] Latouche propose la décroissance, parce que selon lui il faut sortir de l’économie et procéder à une refonte complète de l’échelle de nos valeurs. Autant que les conséquences injustes de « l’économie de marché », ce qui est rejeté c’est l’anthropologie sous-jacente - l’individualisme de la modernité - et les finalités de la vie qu’elle propose. Latouche nous nous propose de revisiter l’éthique épicurienne et son idéal de convivialité et d’autosuffisance. Chez d’autres auteurs, c’est l’inspiration religieuse, principalement chrétienne qui domine. Si « tout à commencé à Porto Alegre », comme l’affirme Bernard Cassen[13], on n’oubliera pas que la théologie de la libération est une des dimensions fondamentales du mouvement social brésilien et de la construction du parti des travailleurs (PT) de l’actuel président « Lula ». Tout cela était particulièrement prégnant au FSE et l’accueil fait à Tariq Ramadan par José Bové, le disciple de Jacques Ellul[14], n’est pas simplement le résultat de manœuvres politiciennes - qui existent ! - mais bien de l’imprégnation religieuse en profondeur de certains courants de la galaxie alter-mondialiste.

C’est un fait incontestable : aucun grand mouvement social, aucune grande révolution n’a eu lieu qui ne s’inspire d’idéaux moraux et de conceptions concernant les fins ultimes de l’existence humaine. Il reste que le grand mouvement émancipateur de l’époque moderne, depuis les révolutions « bourgeoises » - qu’on peut faire remonter au XIe siècle avec les mouvements d’émancipation des villes - jusqu’au socialisme de la IIe Internationale et au marxisme classique - est un mouvement qui fait de chaque individu le maître de sa propre destinée et le seul apte à choisir les conceptions de la vie bonne qui sont les siennes. La morale ne vise plus à définir quelle vie les individus doivent vivre, mais quelles sont les conditions de la liberté de l’individu compatibles avec la même liberté pour tous[15]. Il ne s’agit plus de s’inscrire dans le schéma d’une révolution des valeurs ou d’une conversion morale, puisque précisément on prend acte de l’irréversible pluralisme des valeurs. Il s’agit de définir les conditions politiques et juridiques qui permettent à chacun d’être heureux comme il l’entend. Inversement, la première grande involution du marxisme, sa transformation en système de valeurs morales et éthiques, est liée à la volonté de « fabriquer » un homme nouveau, soumis aux idéaux collectifs « communistes »,un idéal dont le maoïsme, le pol-potisme khmer ou « l’homme nouveau » de Che Guevara nous donnent quelques unes des versions les plus terrifiantes.

Changer l’homme et non les rapports de propriétés : voilà la grande tentation de certains des courants « altermondialistes » les plus actifs. Une telle orientation est non seulement irréaliste - les individus ne se mettent en mouvement qu’à partir de leurs propres aspirations telles qu’elles émergent des relations sociales déterminées à un moment donné - mais encore propices à toutes les récupérations et à toutes les conversions les plus réactionnaires. Lors des grands mouvements contre la réforme Raffarin des retraites on a même vu certains partisans de la décroissance (Nicolino, collaborateur à l’époque de Politis) s’en prendre avec violence à ces grévistes et manifestants « égoïstes » et « corporatistes », une chanson que le gouvernement chantait au même moment, quoique sur une autre partition.

La politique moralisatrice est une impasse et c’est au socialisme réactionnaire dénoncé dans le Manifeste communiste qu’elle conduit presque immanquablement. L’alternative réelle au mode de production capitaliste ne réside dans ces rêveries impuissantes ; il faut reprendre appui sur la tradition d’un socialisme émancipateur, celui qu’a porté le mouvement ouvrier depuis le milieu du xixe siècle. Comme le dit Tony Andréani, il faut « remettre le socialisme sur l’agenda historique »[16]. Si le mouvement alter-mondialiste a une perspective et une alternative à proposer, c’est seulement de ce côté-là qu’elle se trouve. Retour sur la question de la nation La galaxie altermondialiste

La plupart des interventions soit ignorent soit rejettent avec véhémence toute référence à la souveraineté nationale comme moyen de s’opposer à la « mondialisation ». Negri rejette toute perspective révolutionnaire (« la prise du Palais d’Hiver ») non seulement parce que cet objectif est « peu réaliste » - ce qu’on admettra bien volontiers - mais aussi et surtout parce qu’on « risquerait en outre de se trouver en mauvaise compagnie, c’est-à-dire avec des partisans du capitalisme national résistants ou réticents devant la mondialisation. »[17] Contre ces mauvaises compagnies, Negri propose la « citoyenneté universelle », ce qui n’est pas une découverte bien nouvelle. C’est un peu plus récent que saint François d’Assise, mais ça remonte tout de même aux Lumières - bien que l’idée que l’homme soit citoyen du monde s’enracine déjà dans la pensée stoïcienne antique ! Mais ce qui est plus intéressant, c’est la définition de la citoyenneté universelle proposée par Negri : « dans un monde où les marchandises et les valeurs financières communiquent sans frontière et de manière instantanée, on ne comprend pas pourquoi les hommes ne devraient pas pouvoir aussi le faire » (n°20, p.104) La comparaison dit tout. Negri est pour la libre circulation de la marchandise « force de travail ». Les dirigeants des chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire qui embauchent des Indiens sous payés, en France même, sont des négriers « negristes », tout à fait favorables à ce que les travailleurs circulent comme les marchandises. Les entreprises allemandes qui ont délocalisés en Hongrie ou en Tchéquie, pour employer de la force de travail à des salaires entre 1/10 et ½ des salaires allemands auraient sans doute préféré s’épargner les ennuis d’un déménagement et faire venir, dans les mêmes conditions, ces travailleurs comme « invités » en Allemagne. Car, si les hommes doivent circuler comme les marchandises, il est évident que les salaires contractuels relativement élevés que connaissent les pays les plus riches de l’Europe occidentale sont en fait de véritables barrières douanières qui interdisent aux travailleurs polonais ou roumains de venir vendre à Paris ou à Francfort leur force de travail qui est à un tarif très compétitif sur le marché ! Une fois de plus, nous pouvons voir sans la moindre ambiguïté que Negri ne représente pas je ne sais quelle alternative de gauche ou quelle gauche « radicale » dans le mouvement anti-mondialisation. Il est le représentant typique de son aile droite, celle qui fonctionne la main dans la main avec les grandes puissances financières. L’ex-« cattivo maestro »[18] s’emploie désormais à défendre « l’ordre » existant au moyen d’une phraséologie « radicale ».

Plus incohérente est la position de Serge Latouche. « Il n’y a toujours pas d’autre cadre, affirme-t-il, que le cadre national pour mettre en œuvre une politique de régulation sociale qui implique un minimum de protectionnisme écologique, économique, social et culturel pour protéger la société de l’invasion du marché. »[19] Hostile à toute mondialisation, dénonçant cet universel abstrait qui ne serait que l’universalisation du capitalisme euro-américain, il est pourtant très critique à l’égard de toutes les manifestations de souverainisme. La première partie de son texte est consacrée à la critique du projet chevènementiste, un projet qu’il juge « séduisant » mais qu’il écarte en raison des risques de dérive vers les « formes populistes et xénophobes » qui se développent un peu partout en Europe. C’est tout de même une critique un peu courte ! Il y aurait beaucoup à dire sur le projet soutenu par Chevènement et les raisons de son échec électoral et politique. Mais on ne peut certainement pas lui reprocher les risques de dérive vers le « populisme xénophobe »[20]. D’une part, si la xénophobie est tout à fait condamnable, la critique convenue du populisme fait partie des mots de passe de la gauche bien pensante, en oubliant que le populisme (par exemple aux États-Unis) peut être aussi un courant populaire et qu’il manifeste le retour des exclus de la politique sur la scène où se décident leurs affaires.[21]

En second lieu, si on refuse la conception policière de l’histoire, la montée du lepénisme ne peut pas être due à un complot de Mitterrand pour embêter la droite et comme, manifestement, sauf à employer les mots dans un sens jusque là inconnu, il ne s’agit pas d’un mouvement fasciste - en dépit de quelques ressemblances très superficielles - il faut bien essayer d’en comprendre les raisons, et en particulier les raisons de sa percée prolongée dans la classe ouvrière[22]. Le projet chevènementiste se voulait explicitement une réponse et une alternative au populisme xénophobe, ce qu’à l’évidence ne pouvaient pas fournir les « sociaux libéraux » ni la droite chiraquienne et démocrate chrétienne. L’échec de Chevènement tient précisément en ce qu’il n’a pas été assez « populiste ». La campagne et le projet de Chevènement furent de bout en bout aux mains d’énarques et de technocrates de tous poils qui cherchaient à polir le programme, à le rendre acceptable par l’élite politico-médiatique au pouvoir et par la droite dite « souverainiste ». Finalement, les revendications sociales et les aspirations du peuple furent complètement oubliées. Le Pen, au contraire, a joué sur une « stratégie de rupture » et sur l’appel au peuple. Il a tenté d’incarner ce que Zeev Sternhell appelait « la droite révolutionnaire ».

Plus claire est l’analyse développée par Dominique Plihon. Cet auteur qu’on pourrait qualifier de « keynésien de gauche » soutient que « le premier principe est de redonner aux États la maîtrise de leurs politiques économiques, mises à mal par la mobilité internationale des capitaux. »[23] Ainsi l’État nation ne serait pas un vestige du passé mais le seul moyen vraiment adapté pour lutter contre la mondialisation. Et donc « pour retrouver de marges de manœuvre, les pays doivent être en mesure de se protéger », mais pour se protéger il faut un État souverain !

Dans une problématique semblable sur ce point - mais pas sur beaucoup d’autres - Alain Caillé et Ahmet Insel, opposent l’internationalisation dont les effets sont « globalement positifs »[24] à la mondialisation. Mais l’internationalisme suppose la reconnaissance des nations comme piliers d’un ordre mondial pacifique. Donc l’internationalisme sans défense des nations n’est pas autre chose qu’un habillage gauche de l’impérialisme.[25] Nation et souverainisme

À la décharge des altermondialistes, on doit convenir que le discours de la nation n’est pas toujours très clair. Entre le souverainisme à la Philippe de Villiers et la nation à la Jean Jaurès, il y a toute une gamme de positions qu’on confond trop volontiers. Pour les « souverainistes de gauche » - maintenons provisoirement cette appellation non contrôlée - la situation est claire : les classes dominantes sont désormais ralliées à la « gouvernance mondiale » et considèrent que l’État-nation est un fardeau dont il conviendrait de se débarrasser au plus vite. Par conséquent, la défense des nations recoupe en quelque sorte spontanément la défense des intérêts des classes dominées. Du même coup la position de Chevènement pouvait apparaître comme l’expression politique de cette nouvelle configuration, et l’alliance avec les souverainistes de droite représentait la réponse appropriée à la coalition social-libérale des mondialistes.

Cette représentation des forces politiques en présence est commode pour les médias et pour les slogans de campagne électorale mais ne correspond pas vraiment à la réalité. Les classes dominantes sont mondialistes quand elles ont intérêt à être mondialistes et souverainistes dès que nécessaire ! Il ne suffit donc pas de lire Empire de Negri à l’envers pour avoir une vision juste de la réalité. La vieille thèse du super-impérialisme défendue jadis par Kautsky n’est pas plus juste aujourd’hui qu’hier. Il n’y a pas une classe dominante mondiale contre laquelle il suffirait de soulever les peuples dans leurs particularités. Il y a des classes dominantes qui continuent de prendre appui sur des États nationaux et manœuvrent à partir de cela. Il est clair, par exemple, que la classe dominante états-unienne n’est pas mondialiste pour un sou. Les mots de « nation », de « patrie », la « destinée manifeste des États-Unis », voilà des termes qui ont largement cours outre-Atlantique, sans que l’on s’en émeuve, sans qu’y voie un regrettable archaïsme. Il ne s’agit d’ailleurs seulement d’une phraséologie dont useraient les conservateurs, mais d’un sentiment populaire largement partagé, et c’est toujours au nom des valeurs fondatrices des États-Unis que s’organise la lutte populaire contre les dominants.

Inversement, le mondialisme, l’appel à une « gouvernance mondiale » est d’autant plus populaire dans les classes dominantes d’Europe qu’elles y voient un moyen de contrôler et d’endiguer les prétentions de l’impérialisme dominant. On ne le voit clairement dans les batailles autour de l’OMC. Les dirigeants états-uniens ont cherché à utiliser l’OMC comme une arme de combat pour étendre leur domination dans certains secteurs - notamment les services et les investissements financiers, mais l’OMC peut devenir un obstacle à leurs prétentions quand les industries vieillissantes et peu productives des États-Unis sont confrontés à la concurrence non seulement des pays émergents mais aussi de la « vieille Europe » dont les ouvriers sont généralement nettement plus productifs que les ouvriers états-uniens.

On pourrait donc admettre que certaines formes de la « gouvernance mondiale » sont motivées d’abord par les intérêts capitalistes nationaux en conflit. La théorie en vogue chez certains altermondialistes aussi bien que chez certains souverainistes, selon laquelle la phase actuelle serait celle d’un capitalisme « a-national » est fondée sur le mirage de la mondialisation et non sur une analyse sérieuse de la réalité.

On remarquera enfin que l’ultra-libéralisme sur le plan économique et l’alignement inconditionnel sur la Maison-Blanche peuvent coexister avec des prurits « nationalistes » ou « souverainistes ». Les gouvernements polonais et espagnols ont ruiné sans hésiter l’extravagante construction giscardienne du traité pour une constitution européenne, en se fondant sur leurs intérêts nationaux. Aznar souverainiste ? Voilà qui peut sembler étonnant quand on l’a vu dérouler le tapis rouge devant Bush et se faire le zélé serviteur de son maître. Et pourtant, c’est la souveraineté espagnole qu’il a défendue. On aurait tort de tomber dans l’économisme en réduisant les conflits politiques à des affaires d’intérêts économiques capitalistes. Les vestiges du franquisme, combinés au catholicisme réactionnel version « opus dei » expliquent aussi la position espagnole. Le rôle du catholicisme et la conversion du vieil appareil stalinien du POUP en serviteur de Jean-Paul II (et de Bush) sont les facteurs décisifs qui permettent de comprendre la position polonaise. Plus généralement, on a trop souvent considéré - par exemple dans les milieux libres-penseurs - que la construction européenne supra-nationale avec son principe de subsidiarité était le dernier mot de la doctrine thomiste propagée par le Vatican et ses alliés. Or il y a aussi un thomisme souverainiste[26] et nationaliste qu’on voit à l’œuvre sous des formes exacerbées en Pologne et en Espagne mais qui anime aussi pour partie les dirigeants de la droite française[27] ... et même certains milieux chevènementistes du Pôle Républicain (par exemple Pinton et plusieurs des pasquaïens du PR).

Les simplifications absurdes des altermondialistes, des sociaux-libéraux et des diverses variantes du gauchisme ne peuvent pas être combattues par des simplifications inverses tout aussi absurdes. Notre défense de la souveraineté nationale ne peut en aucun cas être confondue avec le nationalisme ou le souverainisme de droite. Nous défendons la nation en tant qu’elle est le cadre le plus adéquat permettant l’entrée des peuples sur la scène politique. Et il serait intéressant de reprendre les discussions anciennes sur ce sujet - non seulement dans le schéma internationalisme/ souveraineté nationale mais aussi en retravaillant la question des « petites nations », au sujet desquelles le vieux livre d’Otto Bauer sur la question nationale doit être encore riche d’enseignements.
En conclusion

Nous n’avons qu’esquissé les grandes lignes d’une discussion qui devrait se mener de manière approfondie. Force est de constater que la discussion ne semble pas être le véritable objectif des organisateurs des « forums » internationaux altermondialistes, surchargés d’ateliers en tous genres et sur les thèmes les plus baroques, de sorte que les enjeux politiques et stratégiques soient tous dissous dans une brouhaha propice aux coups médiatiques. Ainsi le dernier forum européen de Saint-Denis a-t-il réussi le tour de force de ne parler de la construction européenne !

Il reste que nous devons refuser l’attitude sectaire qui jette le bébé avec l’eau sale du bain et confond les dizaines de milliers de citoyens mobilisés sur des objectifs de démocratie sociale avec les courants idéologiques qui tiennent le haut du pavé. La confusion de la Babel altermondialiste est sans doute le prix à payer de la décomposition du mouvement ouvrier traditionnel. La perspective, par exemple, de la reconstruction d’un parti ou d’une fédération défendant le République et les conquêtes sociales et s’orientant vers des réformes de structure anti-capitalistes peut contribuer à faire bouger les lignes. Un tel parti engloberait les socialistes du PS demeurés socialistes (en gros la gauche du congrès de Dijon), des militants et courants d’un parti communiste à la dérive et surtout les dizaines et les centaines de milliers de citoyens qui affluent dans les rassemblements anti-mondialisation mais ne sont pas prêts à servir de cobayes aux bricoleurs d’utopies obsolètes.

Le 2 janvier 04

Denis Collin

[1] Comme pour la première partie, nous partons des numéros 20 et 21 de la revue du MAUSS (éditions La Découverte)

[2] Revue du MAUSS, n°20, p.102

[3] op. cit. p.99

[4] Serge Latouche développe à nouveau ses idées dans le Monde Diplomatique de novembre 2003, sous le titre « Pour une société de décroissance ».

[5] Revue du MAUSS, n°20, page 81. Bush déclarait le 14 février 2002 : « parce qu’elle est la clef du progrès environnemental, parce qu’elle fournit les ressources permettant d’investir dans les technologies propres, la croissance est la solution, non le problème. » (Le Monde, 16 février 2002)

[6] Revue du MAUSS, n°20, p.88

[7] Il suffit de songer à la place de l’argent des maffias dans le développement de l’économie mondiale.

[8] Rosa Luxemburg considérait que la théorie de la catastrophe « finale » du mode de production capitaliste reposait sur l’incapacité d’une développement continu de l’accumulation capitaliste en raison du fait que cette accumulation n’est possible qu’il existe des secteurs non capitalistes qui puissent permettre de réaliser la plus-value produite dans le secteur capitaliste. La théorie de Rosa Luxemburg, bien que très discutable théoriquement, tient assez bien le choc de la vérification empirique.

[9] Voir Revue du MAUSS n°16, 2000, second semestre, L’autre socialisme, largement consacré à Malon, et le livre récent de Vincent Peillon, Pierre Leroux et le socialisme républicain, éditions « Le bord de l’eau », 2003.

[10] Serge Latouche fait remarquer ce syntagme est un véritable oxymore : voir L’oxymore de l’économie solidaire, revue du MAUSS n°21.

[11] Op. cit. p.145

[12] Pour une critique du livre de Latouche, Décoloniser l’imaginaire (Parangon, 2003), voir l’article de JF Collin in Cosmopolitiques n°5 : l’économie peut-elle être solidaire ?, éditions de l’Aube, 2003

[13] C’est sous ce titre que Bernard Cassen, ancien président d’ATTAC, retrace l’aventure du mouvement « altermondialiste ».

[14] Philosophe et théologien protestant, Jacques Ellul fut un théoricien de la non-violence et un des critiques les plus radicaux de la technologie et de la technoscience modernes.

[15] Voir Kant et la relecture qu’en fait Rawls. Voir aussi mon « Morale et Justice Sociale » (Seuil, 2001)

[16] http://utopie_critique.site.voila.fr/andreani_nm.pdf

[17] Revue du MAUSS, n°20, p.99

[18] Le « mauvais maître » : c’est le terme qu’employait la presse italienne pendant les années de plomb pour qualifier le professeur Negri inspirateur philosophique de l’opéraïsme. Une fois de plus, on pourrait méditer sur la facilité avec laquelle le gauchisme se reconvertit au service des dominants.

[19] Revue du MAUSS, n°20, p.79

[20] ibid.

[21] Sur la réhabilitation du populisme, voir Christopher Lasch, Le seul et vrai paradis, éditions « Climats » et le compte rendu détaillé de cet ouvrage sur http://perso.wanadoo.fr/denis.collin/Lasch.pdf .

[22] même si les élections de 2002 enregistrent un certain tassement de ce côté-là.

[23] Revue du MAUSS n°20, p.109

[24] Revue du MAUSS n°20, p.150

[25] il suffit d’avoir entendu Guy Mollet s’opposer à l’indépendance de l’Algérie au nom de l’internationalisme prolétarien pour être vacciné contre un certain verbiage « internationaliste ».

[26] Voir le livre de Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Albin Michel, 2001, Bibliothèque « L’évolution de l’humanité ».

[27] Voir l’allégeance répétée de Raffarin au Vatican ou le rôle de Mme Chirac