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SEL : M Rémy invente « la domination de l’argent » et fait diversion pour le reste !

samedi 12 février 2011, par Amitié entre les peuples

SEL : M Rémy invente « la domination de l’argent » et fait diversion pour le reste !

Mylène Rémy in SEL Terre -
Comment lutter efficacement contre la domination de l’argent
http://www.sel-terre.info/breve.php3?id_breve=45

Le titre du texte m’a d’abord interpelé. Car il convient de ne pas prêter à l’argent plus de pouvoir - maléfique ou bénéfique - qu’il n’en a. L’argent ne porte en soi ni domination ni émancipation. L’argent est un outil avec un statut variable. Au lieu d’être bien commun, il peut être privatisé. Les entreprises et les banquiers n’en font pas le même usage que les particuliers. Et au sein des particuliers des différences sont à opérer. Là je renvoie à ce qu’explique en toute compétence Jean-Marie Harribey sur cette question.

La crise économique nous rappelle que la monnaie peut être un bien utile rongé par l’inflation. Début février 2011, nous écoutons un débat « éco » du matin très en image. En résumé : d’une part, François VIDAL défendant Trichet : L’inflation c’est comme le dentifrice une fois sortie de son tube on ne peux la réintroduire ! D’autre part, Bernard MARIS qui lui a comparé l’inflation au cholestérol : il y a le bon et le mauvais. Il a rappelé que l’inflation ne devait pas pénaliser les salariés. Il a plaidé pour l’échelle mobile des salaires (1). Il n’a rien dit sur les hauts salaires. Mais il n’a pas eu le temps.

Au-delà de ces questions, il importe plus sûrement de savoir ce qu’est la financiarisation (2 ) pour la combattre car porteuse comme le dit ATTAC de la dictature de l’actionnaire contre les travailleurs salariés. Il importe aussi de distinguer le secteur privé marchandisé du secteur public non marchand car deux processus pervers sont puissamment agissant :
 d’une part la marchandisation du monde qui apparait plus sûrement source de domination via la question du différentiel de solvabilité entre les riches (3) et les non riches et
 d’autre part la question de la casse des services publics par le néolibéralisme.

Le problème de la solvabilité réintroduit l’argent au cœur d’un rapport social face au marché des biens et services entre ceux qui en manque pour disposer du nécessaire et ceux qui ont tout pour vivre et place le reste sur les marchés financiers. Ce qui nous ramène aux questions fiscales et salariales de répartition des richesses.

Mylène Rémy, il est vrai que la politique étatique s’annonce comme dangereusement néo-libérale mais convenez que ce n’est pas une fatalité, sauf à penser que Sarkozy puisse rester indéfiniment au gouvernement. Il est vrai qu’une gauche modérée ou des écolos « ailleurs » peuvent très bien prendre la place à Sarkozy et ne changer les choses qu’aux marges de l’ensemble en laissant le noyau dur intact. C’est pourquoi la critique des SEL comme seule perspective doit être mené.

Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de critiquer les SEL en soi mais de critiquer une présentation qui fait l’impasse sur les choix à faire entre euro et monnaie nationale. Ce qui est critiqué ici ce ne sont pas les SEL ou les AMAP mais l’entreprise de camouflage et de diversion des enjeux cruciaux. Car les SEL n’ont pas la prétention de remplacer ni l’euro ni la monnaie national.

Il en va de même de la NEF qui peut être un excellent organisme financier couplé au crédit coopératif pour faire banque mais une telle qualité n’enlève rien au fait qu’il existe et existera encore des banques « pourries » du fait de leur accrochage à la finance. Voir le système bancaire actuel implique bien de poser la question des nationalisations des banques, et de les réunir dans un pôle public bancaire qui aura pour mission de déconnecter les banques de la finance et de réorienter les flux monétaires vers l’économie productive fortement distributive de valeur d’usage, qui vise à satisfaire massivement les besoins sociaux de la population.

Christian Delarue

1) L’échelle mobile des salaires : une revendication oubliée - AgoraVox le média citoyen
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-echelle-mobile-des-salaires-une-21211

2) Nicola Bénies signale (de mémoire) que la financiarisation est ancienne mais que ce qui est nouveau c’est l’inversion de la soumission : aujourd’hui elle impose un taux de rentabilité exorbitant à la sphère productive. Ce qui oriente ses investissement là ou se trouve satisfait l’intérêt d’une clientèle riche et là ou les salariés sont le plus exploités. Voilà qui ne saurait être oublié.

3) Je suis pour distinguer les riches face au marché et les riches bourgeois donc comme classe dominante. Je suis d’accord ici, sur cette question de la solvabilité de placer les riches comme Hollande en 2007 qui les voyaient comme ceux qui disposent de plus de 5000 euros brut soit 4000 euros net par mois. Mais Hollande posait cette barre à des fins de fiscalité redistributive alors que cette limite est pour moi juste bonne pour repérer les riches face au marché, ce qui est tout différent. Avec plus de justesse, me semble-t-il, je posais la sortie du prolétariat vers les couches sociales aisées (pas nécessairement riches) à hauteur de 3000 euros net voire moins (2500 euros) pour un individu seul et sans charge familiale.