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Racisme de camp dans Terrorisme à la une de WIEVIORKA-WOLTON 1987 - Note Delarue

samedi 2 novembre 2019, par Amitié entre les peuples

Racisme de camp dans « Terrorisme à la une » de WIEVIORKA-WOLTON 1987

Dans TERRORISME À LA UNE livre écrit par Michel WIEVIORKA et Dominique WOLTON en 1987 (Ed Gallimard collect vif du sujet), on trouve, sinon le terme campisme ou plus exactement néo-campisme, du moins sa signification.

Rappelons que nous sommes dans le processus qui mène à la chute du mur (1989) et la fin de l’URSS (décembre 1991). A cette époque dominait au plan géopolitique un campisme Est (socialisme autoritaire) - Ouest (capitalisme social au nord) que seul quelques groupes minoritaires - des trotskistes ou des anarchistes ou des tiers-mondistes issus de Bandung (1955) - contestaient sur une base de luttes sociales transversales, transnationales . Mais un néo-campisme se profilait avant les thèmes qui deviendront bruyants plus tard : celui de la « fin de l’histoire » (Fukuyama) et du « Choc des civilisations » (Huntington).

Terrorisme identitaire, séparatiste et choc géopolitique des racismes

Nous pouvons lire dans les pages « Terrorisme et racisme » (p 192 et suivantes), probablement de la main de M WIEVORKA, la phrase « le terrorisme international encourage les images simplistes, dichotomiques, l’idée d’une opposition élémentaire entre nous - les Blancs , l’Occident - et eux les Arabes, l’Islam, l’Orient ». Ce binarisme géo-politique est constitutif du néo-campisme qui va se développer, avec une autre logique de camp contre camp, ou communautarisme du nord contre communautarisme du sud (grosso modo)

Quelques lignes plus haut on lit « Les chemins du terrorisme croisent sans peine ceux du racisme. » L’auteur poursuit : « A l’extrême-droite le thème n’a pas besoin d’être développé,tant il est évident. A l’extrême-gauche on constate par exemple que le terrorisme allemand est lourd d’un antisémitisme actif » . (Cf passage de l’antisionisme à l’antisémitisme)

L’idée de séparatisme raciste est bien notée chez WIEVIORKA & WOLTON dès 1987 : « Le terrorisme séparatiste en se réclamant d’une culture, d’une histoire propres, et à la limite d’une ethnie, peut déboucher sur des appels à l’identité incluant des conduites xénophobes et racistes. »

Autre point : une sorte de cercle vicieux est noté puisque le montée de l’extrême-droite FN et de son racisme (en 1986) peut renforcer les tendances à l’islamisme intégriste lequel peut déboucher, au-delà du repli communautaire (avec ses pratiques religieuses spécifiques), sur de réelles violences. D’autres violences viendront alors y répondront. Le campisme débouche sur un cercle vicieux de violences.

Pour moi, il importe de combattre tout à la fois l’extrême-droite et son racisme mais aussi les dérives religieuses de type intégriste. Faire l’un et l’autre n’est pas toujours simple.

Christian DELARUE