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Pour une critique de la croissance et de la décroissance. D Collin

dimanche 29 août 2010, par Amitié entre les peuples

Pour une critique de la croissance et de la décroissance

Par Denis Collin • Jeudi 26/08/2010

Dans un article publié il y un an et consacré au débat croissance/décroissance, j’avais essayé de montrer que l’on devrait déplacer les lignes de cette discussion pour essayer d’y voir clair. J’y reviens en partant de ma conclusion qui proposait de retourner à Marx. Je partirai aujourd’hui d’un bref texte de Massimo Bontempelli et Marino Badiale, Marx e la decrescita (Marx et la décroissance), paru en avril 2010 à Trieste sous la marque « abiblio ». Les deux auteurs explicitent leur propos dans le sous-titre : « Pourquoi la décroissance a besoin de la pensée de Marx ».

Le projet de trouver un terrain d’entente entre les amis de Marx et les partisans de la décroissance n’est pas antipathique puisque les uns et les autres recherchent les voies d’une critique radicale de l’ordre existant. Il n’est pas certain que ce rapprochement ne se fonde pas sur quelques équivoques, surtout quand on sait combien le rejet de Marx est presque de principe chez la plupart des théoriciens de la décroissance. Après tout le mot d’ordre de Serge Latouche, le gourou de la décroissance en France, est tout simplement : « Oublier Marx ».

Voyons donc comment MB et MB s’y prennent. Ils partent de l’idée parfaitement justifiée d’une « distinction entre biens d’usage d’un côté et marchandises de l’autre » d’où ils tirent qu’il n’y a « sur le plan théorique aucun rapport nécessaire entre augmentation quantitative des marchandises, diffusion du bien-être et progrès des connaissances. » Encore faut-il préciser, car nos deux auteurs en opposant l’accumulation des marchandises au bien-être et à la connaissance, opposition classique, aussi vieille que la philosophie : on peut vivre bien sans vivre dans l’opulence et le savoir vaut mieux que la richesse matérielle. Je suis, personnellement tout près à partager ces a-priori moraux (ou éthiques), mais je suis bien incapable d’en faire un principe politique : à partir de quel moment le bien-être devient-il opulence superflue. Chacun risque bien de voir midi à sa porte et un épicurien qui pense qu’on vit très bien d’eau fraîche, de pain d’orge et d’un peu de fromage pourrait bien considérer que l’amateur de cuisine toscane ou de vins de Bourgogne est déjà sur la mauvaise pente. Je suis tout prêt à soutenir qu’il y a plus de vraie joie dans l’étude de Spinoza que dans tous les plaisirs que nous offre notre société, mais je me vois mal convertir tous mes concitoyens à l’étude de l’Éthique…

Je crois qu’il est préférable de rester sur le terrain de Marx.

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