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La Hongrie va-t-elle devenir le Robin de bois contre l’austérité et la finance ?

dimanche 20 février 2011, par Amitié entre les peuples

TAXE :
La Hongrie va-t-elle devenir le Robin de bois contre l’austérité et la finance ?
 
La Hongrie assure pour 6 mois depuis le 1er janvier 2011 la présidence de l’UE (Union Européenne) alors qu’elle a entrepris depuis juillet 2010 un processus de déconnexion de l’Union européenne et du FMI. Ce que n’ont fait ni la Grèce, ni l’Italie, ni l’Espagne, ni le Portugal pourtant très menacés par les injonctions croisées de Bruxelles et du FMI. Ces derniers Etats ont accepté d’enclencher de sévères politiques d’austérité contre leurs peuples-classe respectifs.

Le problème est que la Hongrie est gouvernée par une équipe politiquement très conservatrice et autoritaire ce qui a pour effet de mélanger politique de facture anticapitaliste et anti-impérialiste avec idéologie nationaliste. Il est pourtant assez aisé de distinguer d’une part une politique de déconnexion relative qui met en place des nationalisations et des services publics au service de la satisfaction des besoins sociaux sans se couper d’une perspective de relance d’une gauche sociale et écologique au plan européen et d’autre part une politique droitière qui critique la fiscalité, les services publics, le trop-plein d’immigrés, les fainéants qui veulent une RTT et j’en passe...

Il faut bien (re)dire que ce sont les sociaux-démocrates qui ont ouvert un boulevard à l’extrême-droite (Jobbik) qui est entrée au Parlement pour la première fois avec un score de 16,6 %. Ils n’ont pas eu le courage de défendre le système social institué assez protecteur du peuple-classe hongrois face au FMI.

Voici ce qu’écrit le CADTM dont l’expertise sur la dette et le rôle du FMI est très largement reconnu : « En octobre 2008, un plan de 20 milliards d’euros est décidé pour la Hongrie : 12,3 milliards d’euros sont prêtés par le FMI ; 6,5 par l’Union européenne et 1 par la Banque mondiale. Le stock de la dette s’accroit mécaniquement. Outre la perte sèche en paiement des intérêts qui alourdit le déficit, les conditions sont sévères pour la population : hausse de 5 points de la TVA, aujourd’hui à 25 % ; âge légal de départ à la retraite porté à 65 ans ; gel des salaires des fonctionnaires pour deux ans ; suppression du treizième mois des retraités ; baisses des aides publiques à l’agriculture et aux transports publics… »

Surprise ! On voit un gouvernement conservateur qui joue les Robin des bois - formule d’ATTAC - et qui étudie la possibilité d’une taxe sur la finance prise sur l’actif des banques, des assurances et des autres institutions liées à la finance (bourse, agents financiers, gérants de fonds d’investissement…). Représailles immédiates du FMI qui a toujours préféré que l’on taxe les travailleurs y compris les pauvres plutôt que les banques et les riches. On trouve alors en riposte la reprise d’une revendication de plafonnement des rémunérations dans la fonction publique, salaire du gouverneur de la banque centrale compris. Excellent.

On se gardera de soutenir bec et ongles ce gouvernement aussi conservateur dans la mesure ou tout n’est pas su de sa politique. De plus notre propos porte sur un aspect précis de sa politique et pas sur d’autres points qui méritent critique. Au vu des grandes lignes de ce qui est enclenché depuis l’été 2010, il mérite incontestablement approbation. Les peuples des États du sud de l’Europe auraient bien faits de faire la même chose.

Christian Delarue

La Hongrie défie le FMI
29 juillet 2010 par Jérome Duval

http://www.cadtm.org/La-Hongrie-defie-le-FMI