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L’essentialisme et le campisme d’Houria Bouteldja. C Delarue

samedi 12 août 2017, par Amitié entre les peuples

L’essentialisme et le campisme d’Houria Bouteldja

Commentaires sous | Fusillez Bouteldja !
https://blogs.mediapart.fr/louisa-yousfi/blog/040717/fusillez-bouteldja/commentaires#comment-8370867

Il importe d’être modeste pour s’enrichir de la complexité des analyses du réel et des dominations. C’est de cette nécessité d’accepter des positions différentes dans une perspective de luttes contre le racisme, le colonialisme, l’intégrisme religieux réactionnaire qu’est né Urgence antiraciste, ouvrage collectif coordonné par Martine Boudet qui y a mis beaucoup de pugnacité et d’intelligence pour parvenir à un relatif équilibre des positions.

Mais dans cet ouvrage, qui met en présence l’antiracisme politique et l’antiracisme universaliste du MRAP on ne trouve aucune acceptation de l’essentialisme. Il ne fait pas plus l’apologie d’un positionnement campiste de type Sud contre Nord en bloc (comme si il n’y avait pas de rapports de domination dans les Sud) et encore moins Musulmans en bloc contre non musulmans. Ce n’est pas le cas pour Houria Bouteldja qui s’accommode tout à la fois de l’essentialisme et du campisme.

L’idée de la pluri-émancipation n’est pas considérée par elle comme étant d’actualité pour le monde musulman pris lui aussi comme un seul bloc devant être bien soudé. Le communautarisme, à ce point, ressemble à une forme de racisme. La même logique y est présente. Toute façon de clôturer fortement une quelconque communauté, petite ou grande, en empêchant toute critique interne est très contestable. C’est un mode de pensée qui bride le développement individuel de chacun dans le groupe ou la communauté.

On retrouve là l’idée maîtresse d’un Tariq Ramadan. Mais ce dernier n’est pas un militant. Il s’agit d’une élite médiatique, tout comme d’ailleurs son adversaire historique, Caroline Fourest. Tariq Ramadan est certes venu au FSE de Paris St Denis à l’automne 2003 mais il n’est pas altermondialiste. Ce n’est pas une tare évidemment . Il n’est pas plus militant progressiste engagé dans les révolutions arabes de 2011 aux côtés des peuples-classe du Sud en lutte pour plusieurs libérations : - recul du capitalisme exploitant les humains des peuples-classe et du capitalisme exploitant la nature (extractivisme en Afrique), - recul de l’impérialisme et du néo-colonialisme mais en lien avec la promotion du droit des femmes dans un cadre de laïcité (pas forcément celui de France). Là Tariq Ramadan est plus silencieux, plus conservateur en moeurs, moins disposé à défendre la liberté des femmes, l’égalité hommes - femmes. Mais peu importe ses positions puisqu’il n’est nullement militant. Il ne représente que lui. Ce n’est pas le cas d’Houria Bouteldja.

Hourra Bouteldja est elle co-fondatrice et porte-parole du PIR et elle milite pour un projet politique. C’est autrement plus important même si le PIR est une toute petite organisation qui n’a pas d’influence de masse.

Le projet du PIR n’est pas celui du NPA, ni celui du CADTM, ni celui d’ATTAC ou de la Fondation Copernic (pour ne parler que des organisations que je connais). Son objet c’est la promotion de la condition sociale des « non blancs » contre les Blancs. L’enjeu n’est aucunement social et pas plus culturel au sens de l’enrichissement individuel mais ethnique et identitaire. Et elle n’en sort pas ! On a avec elle un choc des races et des religions nettement assumé. Je ne vois donc pas là motif de soutien à projet pour l’altermondialisme, ou pour la gauche (Hamon ou JLM) ou pour l’extrême-gauche (NPA ou autres). Ce qui n’a rien à voir à se préoccuper de son sort si elle était mise en prison abusivement. Ce n’est pas le cas.

A NDDL, le week-end dernier (début juillet 2017), j’ai trouvé une brochure « Mélusine 2016 » (sans autres signatures) mais dont le contenu est sur Mediapart sous le titre : Bouteldja « une sœur » qui vous veut du bien. L’approche est différente de la mienne mais elle mérite lecture.

Les FSE de Malmö (2008) et d’Istanbul (2010) qui avaient vu des tentatives d’organisation de solidarités relèvent du passé et partout on trouve des fractures sociales et des replis nationaux et identitaires. On vit une période largement régressive Il importe donc de réactualiser et faire vivre ce qui fut le meilleur des organisations de solidarité trans-frontières avec les peuples-classes du monde, notamment ceux les plus dominés et opprimés, c’est à dire ceux qui subissent tout à la fois d’une part l’impérialisme des puissances économiques du Nord (les FMN ou les STN, la finance, etc) avec l’appui des gouvernements et d’autre part le capitalisme « maison » car nul pays n’échappe à la pénétration des rapports sociaux capitalistes. Cette solidarité doit se réaliser sans distinction racialiste - c’est un euphémisme. Pas de çà !

Christian DELARUE
Altermondialiste et antiraciste

Déclaration de l’Assemblée anti-impérialiste du FSE d’Istanbul - Espaces Marx
http://www.espaces-marx.net/spip.php?article598