L’autre séparatisme prohibé, celui des cantines scolaires. C Delarue
par
popularité : 4%
L’autre séparatisme prohibé, celui au sein des cantines scolaires.
A priori, non seulement il n’a pas depuis longtemps de sexoséparatisme dans les cantines scolaires (tout comme dans les écoles), qui sont donc mixtes, les jeunes filles mangeant avec les jeunes garçons.
Mais, de plus, il ne devrait pas y avoir de séparatisme d’après l’origine ou la religion, et plus concrètement en fonction de ce qui est ou non mangé (porc à part). Il ne devrait donc pas y avoir de places ou tables séparées (à fortiori de pièces) entre ceux et celles qui ne mangent pas de porc et tous les autres, ou plus généralement entre ceux et celles qui ne mangent pas de viande et les autres qui eux en mangent. Pas de séparatisme selon le contenu de l’assiette au sein des cantines scolaires !
Outre que les cantines ne sont pas obligatoires (service public facultatif), il faut dire qu’il n’y a pas, en principe, de menus imposés. On trouve cependant très souvent du poisson le vendredi (et que le vendredi) et plus rarement des produits halal dans certaines cantines alors que les cantines publiques ne doivent pas servir de menus confessionnels, donc pas de halal ni de casher, et le poisson pas nécessairement le vendredi.
Quid d’une discrimination possible ? Une famille musulmane avait porté plainte il y a quelques années pour discrimination, arguant que l’on mangeait du poisson le vendredi, selon la tradition catholique, mais refusait de proposer du halal dans une cantine de Marseille. Le tribunal administratif a jugé que « servir du poisson le vendredi sans pour autant prendre en compte les prescriptions alimentaires des autres cultes ne constituait pas une atteinte aux droits fondamentaux » ( Laïcité : de nouvelles règles pour le service public
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/07/06/01016-20110706ARTFIG00611-laicite-de-nouvelles-regles-pour-le-service-public.php et la circulaire « laïcité cantine » http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/circulaire-laicite-cantine-1107.pdf ). C’est discutable comme solution. Pourquoi le poisson uniquement le vendredi si ce n’est pour satisfaire les usagers de religion catholique. Le fait discriminatoire subsiste.
La solution réside plutôt dans une diversité de l’offre alimentaire, mais une offre « laïque » qui ne présuppose pas la reconnaissance implicite d’une religion (hallal, casher, ou poisson le vendredi ) ni d’ailleurs un lien nécessaire entre tel membre d’une religion et tel contenu alimentaire (refuser de donner du porc à un musulman supposé). On sert de plus en plus un menu de substitution sans viande et parfois sans viande ni poisson le vendredi .
A lire cet extrait qui concerne une ville proche de Rennes - Chantepie -, que je connais bien, ce n’est pas si simple à organiser. Mais çà marche semble-t-il.
Dans les cantines de la ville, pas de table dédiée aux repas sans porc ou sans viande. Rayan, 7 ans, pull rayé, pantalon de jogging, élève en classe de CE1 à l’école Chantepie, regarde avec envie les chipolatas de sa voisine. Il n’a pas touché à la « tarte printanière » aux légumes de son menu sans viande. Il enfourne un morceau de pain après avoir englouti un yaourt et un gâteau en maugréant :
Moi aussi j’aimerais bien manger des saucisses, mais il ne faut pas le dire à mon père, il serait furieux. Je n’ai pas le droit de manger la viande de la cantine, je suis musulman. Mais comme je n’aime pas trop ce qu’ils proposent à la place, les crêpes au fromage, les œufs, tout ça…, je suis souvent affamé à la sortie de l’école, ma mère vient toujours me chercher avec des gâteaux".
Comme tous les autres enfants, Rayan a rempli un formulaire en septembre lors de son inscription à la cantine où il a indiqué ce qu’il souhaitait (menu standard, sans viande, ou sans porc). Dans les cantines des maternelles de la ville, les listes des élèves qui ne mangent pas de tout, avec parfois leurs photos, sont affichées au mur, pour que le personnel sache quoi servir à qui. Elizabeth, auxiliaire de restauration depuis sept ans, confirme que les repas végétariens sont souvent « boudés » et que les assiettes reviennent remplies.
in
Christian Delarue