Accueil > Antisexisme - Féminisme > Famille - société patriarcale > Culte de la force, du chef, du père, de l’inégalité, etc... > Deux types de patriarcat en action : lire Katia Genel. Christian Delarue

Deux types de patriarcat en action : lire Katia Genel. Christian Delarue

lundi 2 janvier 2017, par Amitié entre les peuples

Sur les deux types dominants de patriarcat.

Autorité et domination - Théorie critique - Katia Genel

Deux types de patriarcat sont très inégalement imbriqués car partiellement contradictoires.

Une auteure (1) analysant le système patriarcal dans toute ses composantes observe des changements historiques variables selon les continents. « Ces changements se veulent autant d’ordre quantitatif (ce que Walby nomme le degré du patriarcat, ou l’intensité de l’oppression des femmes) que qualitatif (les formes du patriarcat, c’est-à-dire les types de patriarcat tels que définis par les relations entre les structures) ».

Lutter contre le patriarcat implique de lutter contre ses deux formes en présence. Pas que contre le patriarcat dominant au nord. Il y a, me semble-il, deux luttes à mener frontalement.

1) Une distinction en termes de « type dominant »

On peut, c’est une hypothèse théorique, distinguer un patriarcat qui fonctionne surtout à l’autoritarisme d’un patriarcat qui fonctionne surtout à la liberté marchande et à la domination insidieuse, notamment via la publicité. Ce qui ne signifie pas absence de violences autoritaires. Les exemples ne manquent pas ! Mais la justice est là pour (très difficilement parfois) faire appliquer la loi. Ce qui n’est pas sans importance !

Dans le patriarcat à dominante autoritaire forte la contrainte n’est pas principalement diffuse et repoussable car il s’agit d’un impératif ferme (qui ne souffre que fort peu de désobéissances) du père et/ou du fils puis des hommes en général. Et la loi est faite pour Dieu et les hommes. Et la justice est celle des hommes. Fort peu d’ambiguités donc dans ce type de patriarcat. Il y a bien cependant des variétés internes, des sous-catégories, si l’on quitte l’idéal-type pour le réel. Des pays sont plus sexoséparatistes que d’autres.

Au premier abord on placerait donc le patriarcat autoritaire dans les pays non laiques ou la religion musulmane est plus ou moins imposée et le patriarcat de domination diffuse ailleurs, au nord disons. Ce ne serait qu’une partie de la vérité. Car la vérité doit tenir compte de la mondialisation de l’islam, y compris en France, notamment sur Paris, Lyon, Marseille, et y compris de sa composante autoritaire car il y a des islams.

cf Islam mondialisé et moeurs : Les éléments d’une interprétation intégriste et réactionnaire de la religion musulmane.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/090813/islam-mondialise-et-moeurs

Le sexoséparatisme imposé peut venir d’autres sphères idéologiques, comme le catholicisme en Pologne, le protestantisme aux USA, et même de personnes athées, très pudibonde et très réactionnaires et autoritaires.

2) Autorité n’est pas autoritarisme.

Il existe des autorités «  »douces«  » ou plutôt qui ne sont pas violentes et déshumanisantes car respectueuses d’autrui dans le cadre contraint ou elles agissent. Elles aident éventuellement. En tout cas, quand elles posent des limites, elles le font en respectant les individus ainsi que des règles et surtout une éthique ; ce qui n’a rien à voir avec l’application rigide de dogmes archaiques et rétrogrades, trop souvent conçus contre les femmes et les homosexuels.

3) Pour des dispositifs durs et déshumanisants, il faut des autorités dures !

Autorité et domination dans la Théorie critique : Ici, au lieu de partir des question de la domination ou de la réification (au sein des processus de fétichisation) pour aller vers l’émancipation il va s’agir de partir de l’autorité (et de l’autoritarisme) pour aller encore et toujours vers la reconnaissance d’autrui et vers l’émancipation et la liberté. L’autorité n’est pas, comme on pourrait le croire, une « catégorie pauvre parce que trop englobante ». C’est Katia Genel (ci-dessous) qui le remarque à la lecture des théoriciens de l’Ecole de Francfort, qui « loin d’en faire un usage imprécis, cherchent à la définir à l’écart de la domination et de la contrainte ».

C’est sur ce fil de pensée que j’ai évoqué, fort modestement, le sexoséparatisme musulman autoritaire (qui n’est pas le seul) en différence de la domination ou de la contrainte diffuse qu’il peut d’ailleurs promouvoir aussi à l’instar d’autres modes de dominations repérables ailleurs à propos des normes de la publicité, de la télévision etc...

L’autorité est à la croisée des chemins dit K Genel car elle mobilise aussi bien des connaissances issues du marxisme, que de la psychanalyse ou de la philosophie politique. Dans une théorie matérialiste elle renvoie à un mode de répartition du commandement et de l’obéissance. Le freudo-marxisme y inclura avec Freud l’intériorisation de la loi ou des normes sociales pour comprendre l’attachement psychique à la domination . Il s’agit là d’ouvrir des pistes pour sortir ce que l’on a appelé jadis la « servitude volontaire ».

En analysant les phénomènes de servitude volontaire, de soumission à un chef, d’autorité dans la famille et dans la culture de masse, tels qu’ils se manifestent sous les yeux, les théoriciens critiques s’intéressent en fait aux différentes formes que peut prendre l’intériorisation de la domination sociale. Leur critique de l’autorité fait apparaitre les facteurs psychiques, sociaux, et politiques qui assurent la reproduction d’un ordre social irrationnel et barre la voie à l’émancipation. (couverture)

Christian Delarue

Septembre 2013

1) sur :
http://sisyphe.org/imprimer.php3?id_article=1080

Le plan du livre : « Autorité et émancipation » Ed Payot 2013 de Katia Genel

1 - L’autorité, un objet central du programme de la Théorie critique

2 - Le sujet psychique de l’autorité. Anthropologie, socio-psychologie et psychanalyse dans la Théorie critique ;

3 - Les enjeux politiques de la critique de l’autorité. La place de la politique et du droit dans la Théorie critique

4 - L’autorité, entre critique de la culture, théorie esthétique et théorie de la connaissance

5- L’actualité de la critique de l’autorité, L’école de Francfort et ses successeurs

Un excursus aborde les rapports entre l’école de Francfort et Arendt (qui a une définition différente de l’autorité)

Ecoutez aussi

Autorité et émancipation , de Katia Genel - France Culture

http://www.franceculture.fr/oeuvre-autorite-et-emancipation-de-katia-genel

Lire aussi :

L’approche sociopsychologique de Horkheimer, entre Fromm et Adorno

http://asterion.revues.org/1611

Horkheimer, théoricien de l’autorité sociale | Humanite

http://www.humanite.fr/tribunes/horkheimer-theoricien-de-l-autorite-sociale-518417

Editions Allia - Livre - Études sur la personnalité autoritaire cf Adorno

http://www.editions-allia.com/fr/livre/296/etudes-sur-la-personnalite-autoritaire