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Derrière l’affaire Benalla, la banalisation de la violence policière - Herve Kempf - Reporterre

samedi 28 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

Derrière l’affaire Benalla, la banalisation de la violence policière

L’affaire Benalla révèle que M. Macron n’est plus invincible. Elle dévoile aussi la tentative de créer une police privée, dans une logique néolibérale extrémiste. Mais l’angle mort du scandale reste la banalisation de la violence policière : le tabassage aurait été admis... s’il avait été le fait d’un policier.

L’incendie a pris à la plaine avec une telle vigueur et une si surprenante rapidité qu’il est encore trop tôt, dans la fournaise, pour deviner où il s’arrêtera. Mais dans le brasier se lit déjà ce qu’il a détruit et ce qu’il révèle.

Ce qu’il a détruit, c’est l’apparente invincibilité de M. Macron et de sa cour. Sur un terrain qu’avaient durement préparé les quinquennats de Sarkozy et Hollande, M. Macron a mis en œuvre à marche forcée un néolibéralisme total, imposant une fiscalité encore plus favorable aux riches, l’adaptation du droit du travail au profit des employeurs, la banalisation de l’état d’urgence, le démantèlement du chemin de fer, une politique anti-environnementale, avant de se préparer à des privatisations multiples, à la déstructuration de la fonction publique, et à la dissolution de la retraite par répartition. Appuyé sur une majorité parlementaire massive, soutenu par des médias détenus par ses amis du capital, face à une opposition divisée et faible, M. Macron pouvait croire irrésistible son projet de « transformation disruptive ». Mais une étincelle a mis le feu à une société politique que l’on croyait apathique. Soudain, le président est bloqué, ses ministres ne savent plus quoi dire, ses députés plient sous l’orage, et M. Macron en est réduit à une provocation de voyou : « Qu’ils viennent me chercher. »

La cuirasse a cédé, et de la jointure s’écoulent la légitimité, l’aura, la vista du personnage. La séquence victorieuse s’achève, la bête est blessée. On sait maintenant que M. Macron peut être battu. Et déjà, il doit abandonner son projet de réforme constitutionnelle, qui visait à donner encore plus de pouvoir au président de la République.

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