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Conquêtes et limites du « citoyen ». C Delarue

dimanche 17 novembre 2013, par Amitié entre les peuples

Conquêtes et limites du « citoyen » dans la « démocratie réellement existante »(*)

En défense du/des citoyen(s) du peuple-classe (1) !

Les politiques s’adressent aux « compatriotes » (Sarkozy) ou aux « concitoyens » (Hollande). Du peuple-nation au peuple démocratique-légal le citoyen est objet d’une adresse sans épaisseur sociale. Certains (LO) s’adressent aux travailleurs et travailleuses. Je plaide pour une adresse au peuple-classe. Cela vaut pour les aspects démocratiques, sociaux, écologiques, antiracistes, antisexistes, etc...

La démocratie réellement existante, dite « représentative », réduit le citoyen à son acte de vote après débat, à son attitude profonde mais construite de délégation de son pouvoir d’expression et d’action. Faire que la politique soit la chose du peuple-classe, de ses membres, est un enjeux qui heurte frontalement l’oligarchie mais aussi une certaine habitude (de confort ou d’ignorance autoproclamée) qui débouche sur le fait de s’en remettre aux « experts », aux élites et de façon générale aux cadres de tout niveau.

Les deux types de « citoyen » : notion dominante, notion élargie.

Le citoyen est, à minima, mais très souvent, ici et ailleurs, cet individu de la communauté nationale, parfois au-delà du cadre national (Europe), titulaire de droits citoyens, dont le droit de vote. A cette conception statutaire du citoyen inscrit dans un rapport socio-politique de nomination d’un élu (ou plus exceptionnellement d’un tiré au sort) se greffe une autre conception plus extensive, dite participationniste ou « altercitoyenne », qui pose un citoyen actif, un citoyen, implicitement situé, qui intervient plus directement et plus continument dans les affaires du monde, du moins quand le temps libre et les autres conditions le permettent. Ce citoyen-là est certes minoritaire. Ces deux volets de la citoyenneté donne un contenu réel qui n’est pas anodin.

Limites du « citoyennisme »

Pour autant il faut reconnaitre une certaine hypocrisie à propos d’un certain discours sur le citoyen. Il y a bien actuellement une sorte d’enflure langagière à propos du citoyen au regard du réel ou il n’est que peu de chose, y compris si l’on accepte à gauche de relier le politique au social, et le citoyen qui vote au citoyen qui manifeste ou celui qui s’active et s’implique dans des activités plus ou moins alternatives.

Conserver, critiquer, ajouter.

Qu’il faille ne pas abandonné ce qui nous vient de la Révolution de 1789 est une chose, mais s’en contenter serait une régression. La critique de la notion de citoyen qui nous vient de Marx est plus utile que jamais. Pour démocratiser et socialiser ! Il ne s’agit pas de tout expliquer par le social au sens de par la base comme le craint J Rancière qui abandonnant le marxisme de sa période althussérienne et secondairement « la recherche d’une bonne figure du prolétariat » ne peut effectivement que retrouver la figure du citoyen et de l’égalité. Et s’y enfermer.

Le citoyen renvoie que très abstraitement à l’égalité et à la démocratie. Selon un partage des tâches connu, ce terme renvoie à la sphère politique alors que les classes sociales et les inégalités renvoient à la sphère économique et sociale. Pourtant, ce qui est politique n’est que faussement interclassiste. Pas plus que le social. On ne saurait dans une perspective scientifique-critique en rester à l’apparence des choses. Cet interclassisme, qui prend appui sur l’idée de citoyen « politique » égal, cache une position de classe et ce voilement avantage bien la classe dominante. Car cette égalité fait l’impasse sur les dominations, sur les inégalités sociales. L’oligarque est citoyen comme l’individu du peuple-classe. Il y a donc bien un intérêt ou un devoir pour la gauche de s’adresser au peuple-classe.

Christian DELARUE

*) Il en est de la « démocratie réellement existante » une sorte d’équivalent de feu le « socialisme réellement existant ». Cela ressemblait au socialisme par certains aspects mais il s’agissait d’une version frelatée, autoritaire, etc... La democratie réellement existante est rabougrie et misérable à côté de l’alterdémocratie.

1) Poursuite autrement d’un texte antérieur :
Les « citoyens du peuple-classe » ou le réancrage social du citoyen .

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article729