Amour et révolution socialiste - Erich Fromm

dimanche 18 septembre 2022
par  Amitié entre les peuples
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Amour et révolution socialiste - Erich Fromm

par Christian Delarue

Amour signifie ici « faire attention à » et c’est alors, en ce sens large, une dynamique anti-domination globale car un amour de type « faire attention à », au-delà de la famille et ses proches, s’oppose politiquement, y compris au-delà des frontières, à ce que le puissant écrase le faible. Mais pour Erich Fromm après Ernst Bloch il s’agit d’espoir et d’amour du vivant lequel s’oppose aux tendances fétichistes de l’amour du froid et du mécanique (exemple : les belles voitures) ou de la technologie (dernier téléphone moderne). Pour E Fromm, "la vie doit primer sur les choses et l’homme sur les machines » (Espoir et révolution page 161) .

Critique
Le principe frommien est certes à retenir mais on ne peut que regretter que jamais Erich Fromm s’occupe de la vie animale, qu’il ignore ce qu’on nomme les fermes-usine ou poules et cochons ne sont plus à vivre librement dans les champs mais restent enfermés et entassés en souffrance animale pour de la très mauvaise consommation de viande. Son humanisme sensible est ici nettement défaillant . Sa philosophie plaide pourtant pour un élargissement du spectre sensible. Or Erich Fromm s’oppose souvent à ce qu’il nomme justement le « durcissement du coeur » mais il n’y a pas que le durcissement des personnes blessées qui deviennent à leur tour dures et blessantes dans un cycle de violences reproduites sans fin. Le carnisme opère un réel « durcissement du coeur » qui empêche de s’opposer aux violences contre les animaux, notamment dans les fermes-usine.

Espoir et révolution
Dans Espoir et révolution (écrit en 1968, publié en 1970 chez Stock) Erich Fromm met l’accent sur l’amour passionné de la vie comme solution pour sortir de la destructivité contemporaine. Ce point de vue peut apparaître naïf, « l’amour de la vie » pouvant se lover dans la dynamique du capitalisme de la « consommation transgressive » telle que décrite par Michel Clouscard et que l’on dira habile à satisfaire des besoins les plus artificiels . Mais Erich Fromm plaide d’une part pour un humanisme radical porté par une grande partie de la population (on dirait aujourd’hui le peuple-classe) mais aussi, d’autre part pour la révolution socialiste .

Explicitons ces deux points  :
- D’une part Erich Fromm pense que la thèse de l’humanisme radical peut se développer fortement lorsque le capitalisme va porter atteinte à la vie d’une grande partie de la population (dernière page 180), exception faite évidemment de la riche classe dominante . Aujourd’hui on pourrait dire que l’humanisme radical peut être l’affaire du peuple-classe (avec toutes ses composantes) lorsqu’il ne peut plus se soigner (fin de l’hôpital public et de la sécurité sociale), qu’il ne peut plus se reposer (travailler plus longtemps avec du travail intense), etc.
- D’autre part, Erich Fromm pose in fine (page 177) la question qu’il dit décisive ; « Tous les changements envisagés ici (dans son présent ouvrage) , spécialement en matière de production, de consommation, de participation, peuvent-ils intervenir sans que l’on mette fin, par l’introduction du socialisme, à la propriété privée des moyens de production ? »

Il faut - selon lui toujours - tenir compte de trois idées  :
1) La socialisation des moyens de production n’aboutit pas nécessairement à l’humanisation de la société technologique. Elle est la condition nécessaire mais pas suffisante.
2) La propriété des entreprises est détenue par les actionnaires avides de profits mais qui ne sont pas les dirigeants. Ce sont les « funds » qui pèsent sur la direction des entreprises.
3) La socialisation des moyens de production ne peut être réalisée qu’à partir de la révolution socialiste, c’est à dire par l’expropriation des actionnaires sans dédommagement pour les gros actionnaires.

Une nette perspective alternativiste
Erich Fromm, se place à la suite d’Ernst Bloch et Rosa Luxembourg, dans une nette perspective alternativiste (page 35) , il s’agit de la grande alternative entre le Socialisme et la Barbarie. Le choix est là : il y a celles et ceux qui veulent sortir de la barbarie et un nouveau socialisme qui ne répète pas le dogmatisme et les violences staliniennes et assimilées.

Christian Delarue

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