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ALTERMARXISME / Un problèmatique nationalisme de gauche

mercredi 5 mars 2014, par Amitié entre les peuples

ALTERMARXISME / Un problèmatique nationalisme de gauche

Un sociologue altermondialiste, Philippe Corcuff, s’est attaché sur Médiapart à critiquer « L’impensé nationaliste à gauche ». La position qui suit est aussi critique mais différente. Elle laisse place à une activité dans un cadre national mais exige une ouverture transnationale et une opposition aux oligarchies financières tant nationales qu’internationales.

I - QUELQUES REPERES POLITIQUES.

Il va s’agir de « décanter » les problèmes par un exposé altermarxiste à prétention pédagogique.

Les dominations courantes sont le classisme, le sexisme, le racisme, l’impérialisme et d’autres encore, contre la nature par exemple. Ici par souci de clarification, il ne sera pas fait référence à une émancipation de toutes les dominations. C’est pourtant l’objectif d’un altermarxisme altermondialiste.

A - On distingue parfois un nationalisme de gauche d’un nationalisme de droite.

On ne saurait les confondre, car pour l’un la Nation n’est qu’un cadre. Mais une tentance à fétichiser ce cadre existe.

 Le premier nationalisme serait citoyen et démocratique.

Son cadre est national mais :

Il procèderait d’une dynamique sociale, par en-bas.

Il valoriserait une République sociale, soucieuse des couches sociales modestes.

Il ferait appel à la démocratie pour tous et toutes, y compris les résidents extra-communautaires.

En pratique,

Il ne débouche pas nécessairement sur un régime politique « à gauche ».

On trouve plutôt une gauche d’alternance qu’une gauche d’alternative (à gauche du PS).

Lire « Peuple ethnique, Etat, peuple-nation chez E. Gellner : »Nations et nationalisme"

http://blogs.attac.org/groupe-societe-cultures/articles-cultures-anthropologie/article/peuple-ethnique-etat-peuple-nation

 Le second nationalisme serait ethnique et xénophobe

Il procèderait d’une dynamique d’exclusion : roms, musulmans, homosexuels, prostituées, ...

Il valoriserait une République libérale et marchande.

Sarkozy a pu valoriser ainsi un peuple-nation autour de la dynamique des entrepreneurs capitalistes.

B - Dans la plupart des situations le nationalisme est porteur de défauts qui doivent être corrigés.

 Trois vices

1 - Il forge une fausse unité interne par alliance entre dominants (finance) et dominés (peuple-classe)

2 - Il procède souvent, même à gauche, par exclusion des résidents non nationaux.

3 - Il ignore, en externe, les solidarités transnationales entre peuples-classe dominés.

 Corrections :

Cependant on peut toujours en pratique, dans un cadre national, plus s’adresser à un peuple-classe national qu’à un peuple-nation (incluant bourgeoisie mais pas de résidents étrangers). La différence est d’importance. Mais c’est loin d’être une pratique courante à gauche.

D’autant que même avec un contenu social - souci des services publics, de la sécurité sociale, d’une législation favorable aux travailleurs, etc - le nationalisme de gauche (sans référence à un peuple-classe) intègre quand même les intérêts de la classe dominantes. Le nationalisme de gauche défend souvent plus un peuple-nation qu’un peuple-classe. C’est tout le problème.

C - Il y aurait un bon nationalisme, celui des nations dominées.

Il est vrai qu’il est juste de distinguer les nations impériales de celles soumises à l’impérialisme.

Mais il est faux de voir les nations dominées sans clivages de classes sociales.

Nous avançons l’hypothèse écrit Samir Amin dans La déconnexion (1986) qu’aujourd’hui, très largement, les bourgeoisies du tiers-monde en sont là (à accepter la « subalternisation » comme moindre mal) . Elles ont renoncé à leur projet national (d’Etat bourgeois), à « l’esprit de Bandung », pour accepter la compradorisation. P37. Cette hypothèse est devenue plus forte 25 ans plus tard.

II - POSITION

Le nationalisme est une plaie partout, y compris en Afrique.

Le nationalisme porte de la xénophobie et empêche les liens de fraternité entre les nations.

Il empêche aussi et surtout le combat du peuple-classe contre son oligarchie dominante.

Mais il faut aller plus loin que le classisme de base s’agissant de l’Afrique et notamment du Mali.

A la différence d’autres pays, d’autres continents, c’est l’impérialisme qui pousse au nationalisme.

Sans l’intrusion des puissances étrangères au continent Africain, le nationalisme ou le « souverainisme de collaboration de classe » ne serait pas plébiscité en Afrique.

Au Mali, la tendance est au mariage du loup et de la brebis face à la France impériale.

C’est normal. C’est ainsi à chaque fois. Il y a là une vérité socio-historique.

Quand les forces militaires françaises vont partir le nationalisme va devenir moins oecuménique.

Les conflits internes vont réapparaitre fatalement.

On verra alors qu’une classe dominante malienne s’approprie le fruit du travail du pays pour son propre confort.

Cette classe dominante est déjà là, réduite mais puissante

Elle est connectée au marché mondial et séparée des soucis de son propre peuple-classe

Notre tâche.

C’est le peuple-classe qu’il faut soutenir et favoriser l’intervention.

C’est toujours à lui qu’il faut s’adresser. Toujours et en toute circonstance.

Il faut ignorer les oligarchies, même quand un compromis national semble nécessaire.

Le citoyennisme et le souverainisme incite au compromis sans rapport de force préalable.

C’est une faiblesse à corriger.

Christian Delarue

24 mai2013