Accueil > Antisexisme - Féminisme > Droits ans la société civile > Hors travail > Vie privée : Libre sexualité > Le pro-sexe d’émancipation : pour soi, avec autrui (II). C Delarue

Le pro-sexe d’émancipation : pour soi, avec autrui (II). C Delarue

lundi 8 février 2016, par Amitié entre les peuples

Le pro-sexe d’émancipation : pour soi, avec autrui. (II)

Propos d’inspiration mixte de E Fromm et de H Marcuse qui fait suite à « Le destin de la pulsion ».

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/260213/le-destin-de-la-pulsion

Mais ce texte sur la pulsion était plus général, bien qu’une partie faisait nécessairement état du sexe, de la pulsion libidinale proprement dite.

XX

Il s’agit de promouvoir ce qu’on appelle (avec E Fassin, V Daoust et d’autres) une « sexualité démocratique ». Dans la démocratie dite « représentative » ou plus exactement délégataire on dit que voter c’est choisir (son gouvernant). Dans la sexualité dite démocratique chacun choisit librement son « autre » - dans l’hétérosexualité ou l’homosexualité - pour partager une intimité occasionnelle ou durable. La sexualité démocratique est égalitaire et vaut donc aussi bien pour la femme que pour l’homme. Elle est non violente, pacifique. Point d’insultes ou d’injures. Chacun dit son ressenti avec assertivité.

Le pro-sexe d’émancipation s’oppose aux mariages forcés et derrière eux, au nombre très très important de viols intra-familiaux ou conjugaux. Ces viols internes aux couples forment le gros des viols et des violences faites aux femmes, y compris d’ailleurs quand il y a eu « mariage d’amour ». C’est évidemment pire encore quand il y a mariage forcé par les parents (qui imposent un mari à la jeune-fille).

Le pro-sexe d’émancipation est par définition anti-oppression, donc non seulement contre le viol mais aussi contre la prostitution et contre toutes les autres violences faites aux femmes.

La vision pro-sexe d’émancipation procède d’une valorisation de la pleine rencontre de l’autre. Elle n’est pas contre la relation amicale mais elle n’est pas non plus à priori pour ce seul type de rencontre. Ce qui est commun entre un amour d’amitié (type Agapé) et un amour d’érotisme (Eros) est le « prendre soin de » ou le « faire attention à ». La base est similaire. (Et je suis de ceux qui disent que l’on peut d’ailleurs passer de l’un à l’autre dans certaines conditions).

Il ne s’agit pas, à suivre Erich Fromm, de posséder (avoir) une relation ou un individu mais d’être en relation avec un(e) autre, différent(e) mais égal(e). Lorsque l’intimité amoureuse surgit, il y a intensification des ressentis et des échanges communicationnels. Mais c’est de l’attention (réciproque) à autrui qui est alors activée.

La séduction entre les esprits, les cœurs et les corps permet la rencontre intime. Cette rencontre est toujours plus ou moins une surprise. Elle peut générer un ressenti désagréable, neutre ou positif. Il faut admettre qu’il peut y avoir refus et donc échec et repoussement d’une sollicitation. Ce refus doit être présenté dignement sans fuite intempestive et réponse « kleenex ». En ce cas, il y a toujours à faire valoir une conception de dignité des humains et donc de sensibilité face à l’éventuelle souffrance de l’autre. En tout état de cause un minimum de courtoisie est requis.

S’agissant de la rencontre amoureuse, faible ou forte, c’est toujours une aventure qui a affaire non seulement avec la situation présente mais aussi avec les histoires des individus, de leurs manques, de leurs fantasmes, de leurs frustrations, de leurs désirs, de leurs espoirs aussi. C’est donc avec un minimum de délicatesse dans la séduction et dans l’érotisme que la jouissance va pouvoir s’épanouir, et ce au détriment de la violence et des souffrances.

L’érotisme façon H Marcuse, W Reich et E Fromm n’a rien à voir, malgré ce qui a pu les séparer et même les opposer (E Fromm était plus austère que Marcuse) avec l’érotisme sadien qui jouit de la souffrance d’autrui.

Christian Delarue