Accueil > Antisexisme - Féminisme > Virilisme, machisme et autres > Contre la domination masculine > 14 theses contre le patriarcat

14 theses contre le patriarcat

dimanche 24 juin 2018, par Amitié entre les peuples

14 THESES CONTRE LE PATRIARCAT

Sur chrismondial le 16 Juin 2007 à 01:04

Changer la société : c’est aussi une question de vocabulaire

sur
http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-vocabulaire-fr.htm

Jetons à la poubelle de l’histoire les concepts et le vocabulaire du patriarcat et de la répression sexuelle

Notes : certains mots peuvent avoir plusieurs sens, nous ne considérons ici que le sens pertinent par rapport à notre problématique. La liste qui suit est loin d’être exhaustive. N’hésitez pas à nous fournir d’autres définitions.

1 *MARIAGE*, divorce, époux(-se), conjoint(-e), fiancé(e), entremetteur(-teuse), devoir conjugal

Le mariage est l’institution clé du système patriarcal, capitaliste et réactionnaire. C’est l’union de deux personnes de sexe opposé, mais aussi l’union de deux familles ou clans.
Les caractéristiques originales du mariage patriarcal sont les suivantes : Les partenaires sont choisis par les familles (on parle de mariage arrangé, généralement par le biais d’un ou une entremetteuse). Le mariage fait l’objet d’une transaction financière (dot ou achat)
impliquant les familles.
Il est un contrat financier (permettant la mise en commun de biens et leur transmission, donnant droit à des avantages fiscaux), un contrat moral (les époux s’engagent à une exclusivité sexuelle, un partenaire ne se peut refuser sexuellement à l’autre, il doit accomplir le « devoir conjugal ») et un sacrement religieux qui renforce l’engagement moral (l’engagement est contracté pour la vie). Les futurs époux (les fiancés), au moins la femme, doivent être vierges* avant leur mariage. Les enfants portent le nom du père.

Les règles du mariage se sont parfois assouplies en fonction de l’évolution des sociétés (choix des futurs époux, possibilité de divorce, de remariage, abandon de la virginité, caractère facultatif du sacrement, répression du viol au sein du mariage, transmission du nom de la mère, extension à des personnes de même sexe...). Toutefois ces aménagements ne peuvent changer la nature fondamentalement réactionnaire de cette institution.

2 MONOGAMIE(-andrie), polygamie(-andrie)

Ces termes n’ont de sens, pour l’être humain, que dans le cadre du mariage*, il définissent les possibilités pour l’un des partenaire de contracter plusieurs mariages simultanément. Dans ce cas l’exclusivité sexuelle est à sens unique.
Les défenseurs du mariage hétérosexuel monogamique prétendent que l’exclusivité sexuelle à vie est naturelle et s’appuient sur l’exemple d’espèces animales ayant ce comportement. Or tous les types de comportements sexuels se rencontrent chez les animaux y compris l’homosexualité.
Quand à la polygamie rencontrée dans les sociétés patriarcales, elle est l’application d’une domination sexuelle des hommes sur les femmes.

"La vie sexuelle monogamique exige un dur labeur de préparation.
Tout le plaisir érotique extra et prégénital est canalisé dans les voies de la procréation, c’est à dire de la reproduction de la force de travail , nécessaire au capital.« Jean-Marie Brohm, in l’introduction à »La lutte sexuelle des jeunes" de Wilhelm Reich

3 FAMILLE

La famille patriarcale autoritaire est la structure de base du système social. Toutes les forces politiques réactionnaires ont pour priorité de défendre la « Famille » et la natalité.
Cette famille se compose d’un couple hétérosexuel marié et de ses enfants. Le père est dépositaire de l’autorité, il a parfois droit de vie et de mort sur son épouse et ses enfants. Les époux se doivent d’avoir des enfants qu’ils devront élever dans le « droit chemin », c’est à dire de leur transmettre les règles et les valeurs de la société. La famille est le lieu privilégié de la reproduction de la structure sociale autoritaire ainsi que de la névrose.

« Ainsi par la famille se maintient et se perpétue à travers les générations la répression sexuelle qui sert de fondement à la soumission des masses, à l’anéantissement du sens critique, à l’angoisse de transgresser l’ordre établi, à la culpabilité du bonheur, toutes choses qui garantissent la solidité de l’état capitaliste et de son appareil répressif. » Jean-Marie Brohm, in l’introduction à « La lutte sexuelle des jeunes » de Wilhelm Reich

4 FIDELITE, adultère, cocu, tromper, volage

La fidélité consiste à appliquer l’exclusivité sexuelle au sein d’un couple (marié ou non). L’infidélité est en général un élément de conflit essentiel au sein des couples. L’infidélité est un fait suffisant pour obtenir le divorce dans le cas d’un couple marié, il est aussi une circonstance atténuante (permettant parfois l’acquittement) dans le cas ou celui qui est trompé (le cocu) assassine son conjoint (on parle dans ce cas de « crime d’honneur* »).
Volage est un synonyme d’infidèle en moins péjoratif.

L’adultère (infidélité dans le cadre du mariage*) n’est pas seulement une rupture du contrat moral du mariage, c’est aussi un péché* capital et parfois un crime puni de mort pour les femmes.

L’infidélité de l’homme est généralement une moindre offense que celle de la femme et elle peut être même parfaitement admise si elle s’exerce avec une prostituée (d’où l’age d’or des bordels européens au XIX^ème siècle.) On admet dans ce cas un « besoin » sexuel de l’homme qu’il ne peut toujours satisfaire avec son épouse. Ce besoin par contre est dénié aux femmes.

« Le mariage bourgeois et le bordel sont indissociables, ces deux institutions sont aussi exécrables l’une que l’autre. » Michel Leiris, Journal.

« Le bonheur d’un homme marié dépend des femmes qu’il n’a pas épousées. » in Une femme sans importance, de Oscar Wilde
« Les hommes se marient parce qu’ils sont las ; les femmes parce qu’elles sont curieuses ; les deux sont déçus. » in Le Portrait de Doryan Gray, de Oscar Wilde

5 *AMANT*, maîtresse, concubine

Désigne un ou une partenaire sexuelle d’une personne vivant en couple, en dehors du couple. Cette notion n’a de sens que par rapport une notion de couple supposant l’exclusivité sexuelle.

6 *JALOUSIE*

Sentiment éprouvé par celui ou celle qui ne supporte pas l’idée que son partenaire sexuel habituel puisse avoir des relations sexuelles ou sentimentales avec une autre personne. Ce sentiment se fonde sur le désir d’une exclusivité sexuelle c’est à dire d’une relation de possession et de contrôle de l’autre. La jalousie est souvent la motivation des meurtres au sein des couples (dits alors « crimes passionnels  » - à propos du meurtre de Marie Trintignant, sur le site du MP1PM).
Lire aussi une petite chanson sur ce thème : « petit propriétaire »
."

7 *HONNEUR*, déshonorer, compromettre la réputation

La notion patriarcale et puritaine de l’honneur est notamment attachée au comportement sexuel de la femme. Une femme qui a une relation sexuelle hors mariage* (consentie ou non) se déshonore et déshonore également sa famille (parents) et son mari (si elle est mariée). Elle s’expose alors a une punition allant de l’exclusion à la mort. Il est à noter que dans les sociétés les plus patriarcales, une femme violée est non seulement déshonorée mais aussi considérée comme responsable (par immodestie*) et donc exécutée comme adultère*.

Être vue en compagnie d’un homme autre que parent proche ou mari peut compromettre la réputation d’une femme, c’est à dire jeter un soupçon d’immoralité* sur son comportement. Ceci peut suffire dans certaines sociétés à lui faire subir le châtiment réservé aux femmes « déshonorées ».

8 **PECHE**, mauvaise vie, impure, immoral

Une femme de mauvaise vie (qui « vit dans le péché ») est une femme qui a des relations sexuelles en dehors du mariage (qu’elle soit mariée ou non). La notion de péché introduit la morale religieuse (le bien , le mal) dans les relations sexuelles.

9 *FILLE FACILE*, salope, pute

Insultes et qualificatifs dévalorisant visant toute femme qui s’adonne avec plaisir à la sexualité, notamment en variant les partenaires sexuels. Une femme ainsi dévalorisée et méprisée (sans honneur*) sera alors l’objet privilégiée de sollicitations sexuelles violentes de la part des machistes et peut être parfois violée impunément.
Dans les schémas patriarcaux, la femme ne peut être que « mère » (« chaste et pure ») ou « putain ». (« Toutes des salopes sauf maman » entends-on répéter dans les cours de récréations.)
A l’inverse un homme qui multiplie les « conquêtes » féminines sera parfois valorisé comme « séducteur ».

10 *VIERGE*, virginité, immaculé, pureté, souillure

Vierge se dit d’une personne n’ayant jamais eu de relation sexuelle.
L’usage du terme immaculé indique bien que la sexualité est ici
considérée comme une tâche, une souillure.

Voici un fait divers qui s’est déroulé en France dans les années 80 : un garçon avait réussit à inviter chez lui une jeune fille très timide pour prendre le thé. Lorsqu’il essaya de l’embrasser, elle paniqua et se mit à crier. Voulant la faire taire le garçon eu un geste violent et maladroit de la main qui brisa la trachée de la jeune fille. A son enterrement les
parents de la jeune fille ont disposé une couronne mortuaire sur laquelle on lisait /« morte plutôt que d’avoir été souillée »/.

La virginité est « le bien le plus précieux » d’une jeune fille, son honneur* y est attaché (celle qui a conservé sa virginité est dite « pure »). Lorsque la virginité est requise pour le mariage, la femme qui a eu des relations sexuelles ne peut se marier, elle est rejetée par la société et le plus souvent obligée de se prostituer pour survivre. Le caractère physiquement vérifiable de la virginité chez les femmes (hymen) les place bien évidemment en situation de désavantage par rapport aux hommes. A noter que dans ces sociétés il existe un métier bien particulier : celui de recouseuse de virginité !

On peut penser que l’importance accordée à la virginité avant mariage, prolongée par l’exclusivité sexuelle dans le mariage, est liée à l’incertitude dans laquelle se trouve l’homme par rapport à la paternité : cette exclusivité sexuelle lui garanti en effet que les enfants nés de sa femme sont bien les siens, ce qui est très important pour la transmission du patrimoine.
De plus cette exclusivité sexuelle assure au mari que sa femme n’aura pas de point de comparaison et ne sera pas ainsi tentée de chercher un meilleur « amant ».

La survivance de l’importance de la virginité dans certains milieux de notre société (exemple : la « bonne société » Versaillaise) conduit certaines jeunes filles à avoir des rapports sexuels basés sur la sodomie pour préserver leur hymen : l’hypocrisie grotesque de ce concept éclate en plein jour !

11 *PUDEUR*, modestie, honte

La pudeur consiste à dissimuler ce qui est honteux ou intime : son corps et ses sentiments (de nature amoureuse). L’enseignement de la pudeur (ou « modestie » pour les jeunes filles) est une des principales façon de réprimer durablement les pulsions sexuelles (qui sont considérées comme honteuses) des jeunes.
Les formes les plus extrêmes de pudeur (courantes au XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe siècle dans certains milieux sociaux) vont jusqu’à interdire aux femmes la vision de leur propre corps : elles se lavent alors vêtues d’une chemise.
Les puritains désignent généralement les organes génitaux par la
périphrase « parties honteuses ».
En art, la figure de la « Vénus pudique » est une représentation d’une femme nue dissimulant à l’aide de ses mains sa poitrine et son entrejambes. *chasteté*, abstinence

L’abstinence sexuelle est valorisée (au moins lorsqu’elle concerne les femmes) dans les milieux patriarcaux et religieux. La chasteté est souvent imposée aux représentants de la religion. Les perturbations psychiques et corporelles qu’elle entraîne sont favorables aux « délires mystiques » mais conduisent aussi aux perversions et crimes sexuels.
Chaste est parfois utilisé comme synonyme de pudique. Est chaste une personne ou une relation qui ne donne pas prise aux fantasmes sexuels.

12 *PLATONIQUE*

Se dit d’une relation amoureuse d’où les contacts sexuels sont volontairement absents. Les partenaires s’astreignent à la chasteté par timidité (répression intégrée de leur propre sexualité), pour ne pas commettre de péché* (adultère ou relations sexuelles avant le mariage) ou pour conserver leur virginité*.

13 *LUXURE*, permissivité

La luxure est un péché* capital qui consiste à s’adonner aux fantasmes ou activités sexuelles sans retenue. Les puritains stigmatisent ce qu’ils appellent la « permissivité » (la liberté sexuelle) en lui attribuant tous les maux sociaux (crimes et perversions sexuels, violence, régression de la « morale »...)

14 *CONTRE NATURE*

Est dite « contre-nature » toute forme de sexualité non strictement hétérosexuelle. Ce qui est évidemment absurde au regard des situations variées rencontrées dans le règne animal.

Pour en savoir plus sur la déconstruction des catégories de genre, lire le livre de Monique Wittig « La pensée straight », 1992. Fiche de lecture sur le site de Mix-cité.