Accueil > Altermondialisme > Contre la marchandisation ? > Contre la marchandisation de la force de travail. > Eric WOERTH, le classisme et le « politiquement correct ».

Eric WOERTH, le classisme et le « politiquement correct ».

vendredi 5 février 2010, par Amitié entre les peuples

Eric WOERTH, le classisme et le « politiquement correct ».

Eric WOERTH vient coup sur coup défendre publiquement les hauts revenus de Proglio et le démantèlement du statut de la fonction publique (1). Le rapprochement des deux propos est un bon exemple de ce que signifie la rupture sarkozyste . Sortez la photo et les fléchettes !

- Le classisme de la rupture sarkozyste.

Cette rupture contient le mépris de classe, à savoir le classisme comme discours et comme pratique politique à l’encontre d’une fraction du peuple-classe mais aussi la protection de la bourgeoisie, des hauts dirigeants économiques et politiques et donc un classisme au sens de l’approfondissement des rapports sociaux de classe. Le classisme a donc deux acceptions l’une étroite qui le rapproche du racisme (stigmatisation, mépris, exclusion)et l’autre plus générale qui donne un nom à un rapport social destructeur sous le capitalisme dominant. Le terme classisme est apparu dans le langage altermondialisme pour égrener aisément des formes transversales d’oppression au niveau mondial tel le sexisme, le racisme, le fondamentalisme-intégrisme, le communautarisme, le nationalisme, et le classisme.

- La haine des dispositifs de domination des puissants .

On a critiqué jadis la haine des communistes contre la bourgeoisie. Je suis de ceux qui considère la bourgeoisie comme des ennemis et non simplement des adversaires. Cela choque. Cela sonne politiquement incorrect. Mais cette haine s’adresse à une classe sociale dominante en tant que dominante. Cette haine porte donc plus sur des mécanismes de domination que sur des personnes car elle reflète une indignation à l’égard d’un comportement de prédation - « vol » des travailleurs salariés - et de parasitisme - car ils sont les « suce le sang » du peuple-classe. Elle débouche sur une critique du système et non sur une politique d’extermination de classe. La critique du système vise à créer une civilisation ou la liberté n’est pas réservé aux riches et aux grands entrepreneurs.

Retenons ici l’enseignement souvent oublié du management qui incite à distinguer la critique du comportement de la critique de la personne. La dignité est du à la personne mais la critique voir le blasphème est possible contre des comportements. On voir que la haine des dispositifs de domination de la gouvernance porte contre une dictature et des dictateurs. Les nouveaux dictateurs du monde sont les entrepreneurs placé en position dominante sur les marchés mondiaux . Ils profitent de lla libéralisation financière, des libéralisations marchandes et des privatisations. Une bureaucratie en Europe et dans les institutions financières mondiales (BM et FMI) sont chargés des basses besognes. Après avoir affamé les peuples du sud par lla dette et les politiques d’ajustement structurel ils appauvrissent les peuples du nord, exceptée la bourgeoisie qui en profite.

- Eric WOERTH valet du capital !

Les propos de Woerth sont politiquement incorrects. Mais il a le droit de les dire. En tant que fonctionnaire de base (C, B, A de base) je les trouve indécents et cyniques. S’il n’y avait pas de pauvres et même de prolétaires (moins de 3000 euros par mois), la cupidité ne serait qu’un problème moral et pas un problème social et politique. De même si le système social assurait l’emploi via la mobilité à tous et toutes il y a fort à parier que le démantèlement du statut de la fonction publique ne serait pas perçu comme une fragilisation de ceux qui ont encore une protection. La perte de protection économique généralisée qui va de pair avec la généralisation des normes marchande caractérise le néolibéralisme comme logique barbare, comme rationalité inhumaine.

J’en crache donc tout mon venin blasphémateur sur son plastron ! Si le blasphème est (en plus de la laïcité) la seule arme des « sans Dieu » face à l’emprise des religions affichant leur sacré à tout bout de champ alors il est aussi la seule arme de ceux d’en-bas (en plus de la grève) contre l’affichage du classisme des possédants, des grands dirigeants.

- Contribution à la définition du « politiquement (in)correct » !

Puisqu’on critique abondamment le « politiquement correct » sur le web alors voici une critique qui touche pas tant la personne que la fonction. Sa fonction n’est pas sacrée. Elle n’est plus respectable quand elle s’éloigne si radicalement de l’intérêt général du peuple. Monsieur WOERTH double la chef du MEDEF sur sa droite. Qui va défendre les prolétaires, ceux qui gagnent moins de 3000 euros par mois ? Qui va défendre les membres du peuple-classe qui gagnent moins de 7500 euros par mois (2).

La critique du « politiquement correct » s’adresse bien souvent au MRAP - j’en sais quelque chose - qui ne cesse de dire que certains propos ne sont pas des opinions mais des délits. Ce qui ne plaît pas aux défenseurs de la liberté d’expression. La chose est encore inaudible à beaucoup y compris dans la classe politique dirigeante. Elle s’adresse aussi aux écolos – sous la formule « bobo d’ ATTAC » (depuis son tournant écologiste)car ils ignoreraient la situation sociale des prolétaires. Enfin, pour être complet, la formule « bobo » s’adresse aussi à ceux qui parlent des banlieues ou quartiers délaissés de la République sans y vivre.

Christian Delarue

1) « C’est un peu une polémique que je comprends parce que c’est des chiffres importants, il faut toujours tout écouter, mais il faut donner à Henri Proglio toutes les chances de bien remplir sa mission », a expliqué M. Woerth. « Dans d’autres pays, ils paient mieux leurs dirigeants (...) La France n’est pas un pays qui paie si bien que ça ses dirigeants même si les sommes peuvent sembler très importantes », a-t-il fait valoir.

http://www.e24.fr/economie/article174188.ece/Woerth-et-Lagarde-le-double-salaire-d-Henri-Proglio-est-justifie.html

Rien que chez Véolia, où il gardera son poste de président non exécutif, il sera payé « entre 500 000 et 700 000 euros » par an (nov 2009). S’y ajoutent les rémunération EDF.

http://www.e24.fr/entreprises/energie/article154822.ece/Proglio-veut-1-6-million-d-euros-par-an.html

Le ministre du Budget et de la Fonction publique Eric Woerth a jugé mardi « profondément normal » de pouvoir mettre « en disponibilité » les fonctionnaires qui refusent successivement trois propositions de postes, alors qu’un décret d’application doit entériner prochainement cette mesure.

La mise en disponibilité d’office, période durant laquelle le fonctionnaire cesse de toucher son traitement, peut conduire à un licenciement au bout d’une certaine période.

2) Si le SMIC revendiqué est de 1500 euros l’écart souhaitable des revenus allant de 1 à 5 passe sur cette base à 7500 euros . Cette somme constitue la base de départ des 21 catégories de dirigeants. L’écart de 1 à 5 est clairement anticapitaliste. L’écart de 1 à 40 évoqué il y a peu par Marianne ne touche que l’hyperclasse mondialisée et protège la bourgeoisie nationale tant sa composante rentière que capitaliste. Un écart de 1 à 10 parfois proposé frappe l’hyper-classe et une partie de la bourgeoisie mais protège les grands élus et les capitalistes entre 7500 et 15000 euros. Il s’agit là d’une formule social-démocrate d’alliance de classe jugée « réalisable » car susceptible d’être soutenue au plan national.