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Vacuité journalistique : critiquer internet pas Hortefeux !

samedi 19 septembre 2009, par Amitié entre les peuples

Vacuité journalistique : critiquer internet, pas Hortefeux !

Pandémie de sida mental sur le net

« Maman ! Maman ! J’ai peur ! Le monsieur à la télé il dit que sur internet y a tout plein de gens qu’ils font que dire des méchancetés !

 Oui, mon fils, telle est la triste vérité,

Il s’y diffuse tout ce qu’il y a d’affreux.

En témoigne notre ministre Hortefeux,

Qui tantôt lâchement servit de cible

À une propagande inadmissible. »

Qu’à présent il me soit permis de battre ma coulpe... Je me complus moi aussi dans cette fange putride... Ces sites peuplés d’immondes gauchistes... Cette célérité à étaler les défécations de citoyens bassement lambdas sur le mur blanc de la maison France...

Est-ce là l’autocritique que vous souhaiteriez nous voir faire à vos pieds, ô chers journalistes des médias respectables ?

Je crois que oui. La lecture du papier d’Alain Duhamel publié jeudi 17 septembre dans Libération m’en convainc. Monsieur Duhamel est un monsieur bien comme il faut, bien propret, bien poli, toujours souriant, le genre idéal à en croire ma tante Hortense qui est présidente du Rotary club de Jamaissansmonyorkshire-les-bains.

Voici quelques extraits de l’article de Duhamel :

« Dans l’affaire Brice Hortefeux, il n’y a qu’une victoire, celle des vidéos, et qu’un triomphe, celui d’internet ... On se plaint des caméras de surveillance, mais elles ne sont que la partie visible et infinitésimale d’une toile qui menace la liberté de tous ... le pouvoir le plus menaçant est impuissant à stopper cette marée de témoignages bruts. On peut s’en réjouir dans le cas des régimes tyranniques, on doit en redouter les effets au sein des sociétés pluralistes. ... Les conséquences sont évidentes : pour le personnel politique, pour les dirigeants et responsables, c’est une incitation violente à la langue de bois. Pour les citoyens ordinaires, c’est le risque perpétuel de l’intrusion sans frein. La vidéo des amateurs démontre qu’une prouesse technologique peut tourner au désastre éthique et mental. »

Ces propos résonnent singulièrement à mes oreilles : ils me rappellent le fameux « SIDA mental », expression que Louis Pauwells, éditorialiste au Figaro aujourd’hui consommateur de pissenlits par la racine, a inventée pour nommer le mal dont nous autres étudiants en lutte contre ses amis Monory et Devaquet étions selon lui atteints. C’était fin 1986.

Aujourd’hui, en 2009, nous autres blogueurs ou rédacteurs occasionnels sur des sites libres, sommes-nous atteints de SIDA mental ? Que devons-nous faire pour ne pas sombrer dans la maladie ? Regarder TF1 ? Lire le Figaro ? Ecouter Europe 1 ? Croire béatement ce qu’on nous dit de croire ?

On cherche en vain dans le papier de Duhamel une appréciation des faits. Rien sur ce qu’a dit Hortefeux, rien sur la gravité de tels propos. Ce qui est à combattre à ses yeux, c’est cet espace de liberté où les faits, simplement les faits, peuvent être portés à la connaissance de tous sans qu’un rédacteur en chef les falsifie, les déforme, les travestisse ou les taise. Ce qui est blâmable, pour monsieur Duhamel et bien d’autres, c’est que le scandaleux puisse provoquer un scandale.

Ce n’est qu’une affaire de pré-carré : je hais cette toile qui me fait perdre la maîtrise de ce que doit savoir « le citoyen ordinaire ». Je hais ces gens qui me font perdre un peu du petit pouvoir sur lequel reposait ma lipidique suffisance. Je hais ces lumières qui me font de l’ombre.

Alain, ô mon ami, cher Toi, tu attaques le net, c’est là ta tactique... Ta tactique est toc, ton éthique étique. Et toc !

Soyons élégants et concluons ce verbiage par quelques vers. Adressons à monsieur Duhamel et à chacun de ses clones cet extrait d’un poème d’Apollinaire :

« Poisson pourri de Salonique

Long collier des sommeils affreux

D’yeux arrachés à coup de pique

Ta mère fit un pet foireux

Et tu naquis de sa colique »

(Réponse des cosaques Zaporogues au sultan de Constantinople, in Oeuvres poétiques, Bibliothèque de la Pléiade, page 52 - édition de 1984)

http://www.betapolitique.fr/Pandemie-de-Sida-mental-sur-le-net-37748.html