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Oligarchie chinoise et situation du peuple-classe. Christian DELARUE

dimanche 15 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

Oligarchie chinoise et situation du peuple-classe.

Il est aisé pour les théoriciens de l’autogestion de critiquer un socialisme de commandement par le haut, qui laisse donc toujours place à l’Etat et à une oligarchie agissante au sein d’un système hybride entre socialisme abouti et capitalisme. Nous parlons ici de la Chine, un territoire immense qui a vu la situation générale de son peuple-classe, soit les 99% de sa population s’améliorer si on en croit Marc VANDEPITTE (1).

Voici la critique (2) que nous allons reprendre : « Le projet socialiste dans sa forme traditionnelle a définitivement du plomb dans l’aile. Ses trois principales prémisses – le primat de la sphère de production, la planification économique comme alternative à la propriété privée, et la conquête du pouvoir d’État comme clé de voûte de la stratégie révolutionnaire – ne mordent plus sur le présent ».

Critique de la critique :

1 - Productivisme : La Chine a beaucoup produit et sans doute mal produit mais elle l’a fait dans le cadre d’une système mondial productiviste qui n’est que très très peu remis en cause et uniquement là ou le développement des forces productives a permis d’atteindre un haut niveau de développement, ce qui ne signifie pas bon développement. Le capitalisme, en tant que système global, connait ce que Trotsky nommait développement inégal et combiné. Le développement territorial et social est foncièrement inégal.

Il n’y a pas que la sphère de production certes, mais qui pourrait dire que cette sphère ne compte pas eu égard à la situation appauvrie des villes et des campagnes notamment en terme d’accès aux biens nécessaires et à la technologie ainsi qu’ aux moyens de communication (trains) .

Le système chinois est en train d’insérer le qualitatif dans son productivisme de masse. La prise en compte de l’environnement devrait se faire peu à peu. C’est une urgence. Il importe aussi d’introduire un Etat de droit qui réduise l’arbitraire et la dureté des différents rapports sociaux. Ce point est important.

Travaillisme  : Le travaillisme - système d’exploitation de la force de travail refusant la RTT de la visée communiste et civilisatrice - accompagne le productivisme existant. Il existe en Chine des propriétaires capitalistes (avec usines privées et contrat privé) dont on a dit que le système était hybride. Cette minorité de capitalistes tend à se constituer en classe dominante pour imposer un travaillisme au sein du productivisme à dominante bureaucratique.

L’oligarchie socialiste-productiviste laisse donc le travaillisme en place mais le sur-travail devrait baisser dans les prochaines années. En régime authentiquement socialiste, la force de travail ne devrait pas être considéré comme une marchandise se vendant librement sur un marché. Des règles devraient donc limiter les abus dans ce domaine afin d’éviter un « socialisme de barbarie » imitant un « capitalisme de barbarie ». Nous voudrions en tout cas que l’oligarchie chinoise sorte du système travailliste et prenne la décision d’un moindre temps de travail en Chine en allant vers les 40 heures hebdomadaires. Cela ne semble pas encore à l’ordre du jour.

2 - La planification comme mode d’allocation des ressources et de certains biens n’a pas dit son dernier mot si elle permet l’intervention citoyenne des membres du peuple-classe. Autrement dit, si elle devient plus démocratique que bureaucratique. Car choisir démocratiquement certains grands modes de développement biens reste possible !

3 - La conquête du pouvoir d’Etat - sans doute « clé de voute » - nécessitait néanmoins une forte participation du peuple-classe révolutionnaire pour qu’il y ait changement. De nos jours, le refus de la conquête du pouvoir d’Etat a débouché, à gauche, sur du mouvementisme ou la contestation populaire à la base, surtout locale, reste circonscrite à la société civile. Ce mouvementisme s’exerce dans le cadre des divers rapports sociaux qui clivent la société civile sans s’occuper de changer les équipes dirigeantes au sein du pouvoir d’Etat. Elle se bat surtout localement contre des pouvoirs locaux soit contre les patrons d’entreprises soit contre les banques, soit contre les élus locaux. Parfois la dynamique de lutte est plus vaste, plus longue et plus complexe comme la lutte pour un autre territoire à Notre Dame des Landes (NDDL) .

Au plan étatique, on reste donc dans l’alternance sans passer à l’alternative systémique (contra-systémique et extra-systémique ou alter-systémique . Dans le cadre d’alternances droite-gauche modérée (comme en France PS avec PCF sur strapontins) les politiques des uns différent des politiques des autres que sur le mode d’accompagnement plus ou moins dur des réformes intra-systèmiques. sans volonté de changer sur un mode progressiste les règles démocratiques et les conceptions de la République.

Christian DELARUE

1) Quatre choses à savoir sur la Chine dans le cadre du XIXe congrès du Parti communiste — Marc VANDEPITTE
https://www.legrandsoir.info/quatre-choses-a-savoir-sur-la-chine-dans-le-cadre-du-xixeme-congres-du-parti-communiste.html

2) Repenser l’autogestion : la transition basée sur les commun(e)s – Revue POSSIBLES
http://redtac.org/possibles/2017/02/10/repenser-lautogestion-la-transition-basee-sur-les-communes/